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Le HCR tance durement l’Espagne

L’agence onusienne appelle à l’arrêt immédiat des refoulements automatiques des migrants par Madrid


Hassan Bentaleb
Samedi 28 Novembre 2015

Le jeu du chat et de la souris se poursuit de plus belle entre les forces de l’ordre marocaines et espagnoles et  les migrants irréguliers au Nord du pays. En fait, les opérations de ratissage, d’arrestation et de refoulement sont devenues   presque banales.  Pas plus tard que mercredi dernier, 30 migrants subsahariens dont des femmes et des enfants ont été appréhendés  sur les côtes de Temsamane et des dizaines d’autres ont été chassés de leurs  campements de fortune à Boulingo et à Khmis Akdim. 
Ces opérations se sont soldées par deux blessés graves et l’arrestation d’un aliéné mental.  Du côté des autorités espagnoles, c’est le même scénario qui perdure: des  dizaines de migrants arrêtés et refoulés à chaud au Maroc après des tentatives d’entrée en Espagne via la mer ou en escaladant les hautes grilles des présides occupés de Sebta et Mellilia  ou encore en se cachant dans des camions, des conteneurs ou même sous les capots des voitures qui franchissent les postes douaniers. Selon certaines sources, 5.800 entrées ont été recensées sur les huit premiers mois de l’année courante  via les clôtures grillagées mais aussi en bateau, à l’aide de faux documents ou cachés dans des véhicules. Un chiffre identique à celui de 2014 qui a enregistré 5.300, a rapporté le journal Le Monde.
 « Ces opérations sont devenues monnaie courante. Chaque semaine,  on assiste à la même scène : des migrants arrêtés puis relâchés ou refoulés vers d’autres villes comme  Fès, Rabat ou El Jadida », nous a précisé une source de l’AMDH-section Nador. Et de poursuivre : « Cette scène se poursuit depuis des mois à un rythme identique mais souvent à l’improviste ».
Des actions qui ne semblent pas du goût du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui a exprimé dernièrement son rejet de pareilles  pratiques au niveau des frontières. Dans un communiqué publié après les évènements de samedi 21 novembre où un groupe de  migrants subsahariens est resté perché sur la clôture de Mellilia durant plus de 10 heures, l’agence onusienne a appelé à l’arrêt  immédiat des refoulements automatiques de ces migrants.  Elle estime qu’il y a une mauvaise interprétation de la loi sur les étrangers, adoptée le 12 mars 2015, qui fait explicitement référence aux obligations internationales relatives aux droits humains et à la protection internationale que Madrid doit respecter.
A ce propos, le HCR a demandé la mise en place d’un «mécanisme pour identifier les personnes ayant besoin de protection internationale » et de leur offrir  les « garanties fondamentales telles que l’assistance  juridique et l’aide médicale. Mieux, il a estimé nécessaire d’établir « un cadre procédural clair »  à l'action des forces de sécurité de l'Etat, y compris les mécanismes susmentionnés.
Pour cette entité onusienne  comme pour d'autres ONG, les «retours» sans identification préalable des migrants essayant de franchir la clôture séparant les présides occupés du reste du Maroc représentent une violation du droit international en matière d'asile. 
Pourtant, ces propositions du HCR sur la nécessité de mettre un terme aux «retours à chaud» et la mise en place d’un mécanisme assurant le «contrôle légitime des frontières et donnant accès aux procédures d'asile notamment aux personnes qui ont fui leurs pays à cause de la guerre, ne sont  pas nouvelles. Cet organe des Nations unies a déjà fait une proposition dans ce sens au gouvernement espagnol.  Francesca Friz-Prguda,  la plus haute représentante du HCR dans ce pays, a déjà averti les autorités ibériques, lors de sa dernière visite à Mellilia en octobre dernier, que tous les migrants n’ont pas la possibilité d’accéder aux bureaux d'asile à Beni Ensar, et elle a même parlé à cet égard d’une éventuelle discrimination par la nationalité.
Une situation qui est appelée à durer vu la nette régression du nombre d’entrées illégales en Espagne selon la Guardia Civil. D’après des statistiques rapportées par le journal Le Monde, sur les 3.700 migrants qui ont essayé de franchir les grillages de Mellilia, seule une centaine a pu y accéder depuis le début de l’année. Des chiffres  signifiants qui rappellent ceux de l’année dernière où 2.100 migrants avaient atteint leur but sur les 19.000 qui ont tenté leur chance. Des résultats qui ont donné des ailes aux agents de la Guardia Civil espagnole qui n’ont pas hésité à aller offrir  leur expertise à la Hongrie lors de la récente construction d’un mur de barbelés aux frontières de celle-ci avec la Serbie.


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