Bayân et figures de style



Latifa Ibn Ziaten, le combat d'une mère

Le documentaire est sorti mercredi en France


Mehdi Ouassat
Vendredi 6 Octobre 2017

“Latifa, le cœur au combat”,
un film-documentaire consacré
à la noble action que mène la mère
de la première victime
de Mohamed Merah.


C’est au cinéma que l'on retrouve Latifa Ibn Ziaten, cette maman qui a perdu son fils sous les balles de Mohamed Merah. Depuis, elle fait le tour des banlieues et des médias pour expliquer avec calme et détermination que le terrorisme est un fléau mais pas une fatalité.  «Latifa, le cœur au combat», un documentaire réalisé par les cinéastes Olivier Peyon et Cyril Brody, raconte la vie de cette dame courage et le combat qu’elle mène, à travers l’association Imad pour la jeunesse et la paix qu’elle a créée, qui passe par l'écoute, l'échange, les conseils mais aussi par les actions dans les lycées, les prisons et auprès des familles.
Il s’agit d’un portrait lumineux d'une femme courageuse qu'aucun obstacle n'arrête, qui fait de sa douleur un élan vital de générosité pour aider les autres, ont indiqué les auteurs de ce documentaire dans un entretien accordé au magazine «Le Point Afrique».  Ces derniers ont suivi Latifa Ibn Ziaten pendant un an dans ses interventions et déplacements aux quatre coins de la France, au Maroc et dans d’autres pays.  A travers le destin tragique de cette femme, ce documentaire raconte aussi la France d'aujourd'hui, avec toutes ces grandes questions : l'intégration, le terrorisme, le statut de la femme, le rapport entre les religions, la tolérance, le vivre-ensemble, a indiqué Cyril Brody.
L’assassinat d’Imad a eu l’effet d’un électrochoc dans la vie de Latifa Ibn Ziaten. Née au Maroc, elle ne parlait pas français quand elle s’est installée à Rouen où son mari était cheminot. Pendant vingt-cinq ans, elle a travaillé comme cuisinière dans les écoles de la ville. Avant de rejoindre l’accueil du Musée des Beaux-Arts. Dans son pavillon de la banlieue de Rouen, le couple a éduqué ses cinq enfants dans un profond respect des valeurs de la République : Hatim est devenu professeur ; Naoufal policier, Yliasse et Ikram travaillent dans des bureaux. Imad avait choisi l’armée.  « Une partie de moi s’est réveillée le jour de son décès. Mon fils est mort debout, il a refusé de se mettre à genoux. C’est un message qu’il m’a laissé. »
Latifa Ibn Ziaten est devenue "célèbre" bien malgré elle. En 2012, son fils Imad est assassiné par Mohamed Merah. Un drame pour cette mère aimante qui a toujours transmis à ses enfants les valeurs d'un islam modéré. Dans la famille, c'est l'écoute de l'autre et le respect des différences qui prévalent. Son fils Imad s'écroule sous une balle fatale tirée par Mohamed Merah le 11 mars 2012.
La suite on la connaît, le terroriste poursuit sa tuerie à Toulouse et finit son "devoir" dans l'école juive Ozar Hatorah. Mais la colère froide de Latifa fait vite place à une quête de paix et de tolérance.
Elle est aujourd'hui présidente de l'Association Imad avec laquelle elle monte des projets à travers le monde. En 2016, elle se rend en Chine avec des élèves français issus de quartiers défavorisés. Cette expérience a permis aux jeunes d'échanger avec d'autres jeunes de culture différente.  Avec son association, Latifa cherche aussi une solution pour les jeunes qui ont déjà sombré dans le terrorisme. Il ne s'agit pas de les traiter de la même manière que les autres délinquants. Il faut trouver une solution adaptée à leurs actes, leur tendre la main pour les aider à s'en sortir.
Rappelons enfin que la sortie de ce documentaire dans les salles de cinéma intervient deux jours après l’ouverture devant la Cour d’assises spéciale de Paris du procès pour «complicité» du frère de Mohamed Merah, l’auteur des tueries qui avaient fait sept morts en mars 2012, parmi lesquels trois militaires dont Imad, fils de Latifa Ibn Ziaten. 


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