Lacrim revient avec un troisième album studio en février

Le rappeur, double disque d’or, bénéficie d’une “grosse street credibility”


Mehdi Ouassat
Mercredi 26 Décembre 2018

 Pas question d’être juste un nouveau “bad boy” de service dans le rap français. Lacrim, avec ses textes crus et ses sons lourds, perpétue certes une imagerie violente à base d’armes, d’argent et de prison, mais l’ex-détenu laisse aussi percer ses “regrets” dans un nouvel album, dont la sortie est prévue pour février prochain. Pour l’instant, le rappeur n’a dévoilé qu’une pochette, ornée d’une image de tigre. Une vidéo composée de rugissements de la bête a été publiée sur son compte Twitter et puis un nouveau clip “Jon Snow”, dans lequel il se donne à 100%. Dans un décor glacial, l’interprète de “Colonel Carrillo” se met en scène avec une peau de bête et rend hommage à un personnage de la série Game Of Thrones. Avec plus de trois millions de vues en moins de trois jours, le clip annonce déjà la couleur de l’album. Il faut dire que le rappeur franco-algérien avait déjà mis la barre haute en 2018 en «teasant» des collaborations explosives avec, entre autres, Snoop Dogg, French Montana et 6ix9ine.
Avec son passé, Lacrim bénéficie d’une “grosse street credibility”, cette fameuse “crédibilité” tirée de la rue, propre au monde du rap, explique le spécialiste Olivier Cachin, dans un entretien accordé à l’AFP. Pour autant, “nous ne sommes plus à l’époque où un CV prison suffit pour faire un album, aujourd’hui il faut autre chose”, ajoute le journaliste, histoire de dire que Lacrim a aussi une plume.
Mais disons que l’histoire récente de Lacrim s’est principalement écrite derrière les barreaux. Condamné en mars 2015 à trois ans ferme pour détention d’armes, après avoir exhibé une Kalachnikov dans un de ses clips, au motif que cela faisait “plus vrai”, il était parti en cavale. Après huit mois passés entre l’Espagne et le Maroc, il s’était finalement rendu en novembre 2015 au commissariat de L’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne. Pendant ses mois de liberté, il a sorti un l’album, R.I.P.R.O. volume 2., qui a reçu un disque d’or. Depuis sa sortie de prison en 2016, Lacrim a sorti un album, une websérie et un nouveau label, Plata o Plomo, une référence au narcotrafiquant colombien Pablo Escobar.
Karim Zenoud de son vrai nom, Lacrim est né en 1985 à Paris. Il commence à se faire connaître par des apparitions sur mixtape et sur le projet de Mister You, «ArrêteYou Si Tu Peux». Il connaît comme son ami des démêlés importants avec la justice. D’où le titre de sa première mixtape «Liberté provisoire», composée de quinze morceaux parmi lesquels «La Rue a ses dibants ». Muni de cette seule arme, le rappeur débarque dans les magasins spécialisés hip-hop pour se faire un nom. Le bouche à oreille fonctionne, notamment grâce à Internet. «Faites entrer Lacrim» se positionne en mai 2012 parmi les vingt meilleures ventes françaises. Lacrim n’attend que quelques mois pour livrer la mixtape «Toujours le même» où l’on croise Léa Castel, Seth Gueko ou Mister You. Lacrim sort en juin 2013 les dix titres de «Né pour mourir», projet auquel il donne le qualificatif d’EP. D’août 2013 à février 2014, Lacrim est incarcéré à Aix-en-Provence, suite à une condamnation datant de 2012, pour une ancienne affaire liée au grand banditisme.   Durant cette période, il participe tout de même à des titres de Mister You, Jul ou Hayce Lemsi. En septembre 2014, Lacrim entretient sa légende de parrain du flow avec l’album Corleone. 
Devenu pour la première fois numéro un des ventes françaises avec «Corleone», Lacrim peut croire son horizon dégagé. Malheureusement, la fameuse affaire de la Kalachnikov braque de nouveau les projecteurs  de la justice sur Lacrim.  Cette nouvelle péripétie n’empêche pas Lacrim de sortir le 1er juin la mixtape R.I.P.R.O volume 1 à laquelle participent Sadek, Gradur ou Nessbeal. Le deuxième volet de cette mixtape, R.I.P.R.O 2, paraît six mois plus tard, au moment où le rappeur a décidé de mettre fin à sa cavale et de purger sa peine. Mais son équipe se charge d’assurer la promotion en son absence diffusant les singles à succès «J’ai mal», «Poutine» ou «Marabout».
Libéré en novembre après 13 mois de détention, au cours desquels il a pensé et écrit les textes de “Force et honneur”, Lacrim a orchestré son retour en pleine lumière avec une websérie du même nom, de quatre épisodes. Dans ce gros succès sur Internet (plus de 10 millions de vues), il joue son propre rôle, entre fiction et réalité, dans un contexte mêlant prison, trafic et règlements de comptes. Installé dans le fauteuil d’un palace parisien, bracelet électronique à la cheville, Lacrim dit avoir “dû survivre” durant son incarcération.
S’il y a “une revanche” à prendre, c’est “sur la vie, pas contre le système”, dit-il. “Personne n’est responsable à part moi”, enchaîne le rappeur parisien, dont l’attitude courtoise et affable contraste avec la force, voire la violence, de son album aux sonorités “hardcore”. Dans son prochain album, on pense que toutefois, aucun titre ne mettra en avant cette facette.


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