La tenue d’Assises générales pour les Marocains du monde s’impose


Par Boubker Taoufik Bendine *
Samedi 22 Novembre 2014

La tenue d’Assises générales pour  les Marocains du monde s’impose
Depuis 2003, les Marocains du monde ont leur Journée nationale tous les 10 août. Une journée, considérée par les uns, comme trop expédiée, loin des nombreuses attentes des participants, et jugée par d'autres comme étant sans profondeur révélant ainsi une défiance à l'égard de la politique publique en direction des MRE et une méfiance grandissante, justifiée ou non, à l’égard du ministère lui-même, du CCME et de la Fondation Hassan II. 
Au fil des éditions, l'ambiance était devenue lugubre par moments, traduisant des déceptions multiples, des confrontations politiques, des conflits d'intérêts ou des querelles personnelles qui ont occasionné ces dernières années des antagonismes néfastes et des altercations désolantes qui pourraient discréditer et les institutions de tutelle et les acteurs de la société civile MRE.
N'ayant pas assisté à celle du 10 août 2014, et par souci d'objectivité, je m'en tiendrai à un rôle d'observateur en insistant sur le malaise que dévoile l'incident tant commenté de cette journée du migrant. Généralement, et, comme dans tout conflit, le clash survient quand il y a multiplication des insatisfactions, accumulations de frustrations et incompréhensions mutuelles, en l'absence de dialogue ou de médiateur consensuel.  
Mais qu'observe-t-on depuis quelques années à travers les communiqués et les publications sur la Toile? Une fièvre contagieuse, une situation dégradée, des provocations ici et là et le débat sur les MRE qui devient ainsi très miné, voire impossible ou dilué dans des discordes, des fois improductives.  
On peut observer également que les cinq millions de MRE éparpillés à travers le monde ont presque les mêmes attentes légitimes depuis de longues années: écoute active et réactivité des autorités compétentes, amélioration des services consulaires, aide juridique et administrative, communication efficace, accompagnement des investisseurs, enseignement des langues et de la culture marocaines, participation politique, soutien à la société civile...
En fait, c'est l'absence de débat vraiment ouvert et structuré qui alimente les frustrations et les malentendus notamment autour du rôle des associations, des prérogatives du CCME et de la participation politique. Le déficit de dialogue, l'absence totale d'espace d'expression et d'échange sur les questions diverses touchant directement ou indirectement les Marocains d'ailleurs ne peuvent empêcher l'explosion des tensions insolubles un 10 août, journée d'espoir pour ces expatriés venus du monde entier avec des aspirations, des interrogations et des revendications.  
Parmi les dissonances, il y a aussi la question de la participation politique des MRE. Il serait vain et maladroit de continuer à débattre d'un acquis de la Constitution de 2011 qui considère enfin les expatriés comme des citoyens à part entière. Ce fait ouvre naturellement la compétition entre tous les partis marocains afin de rencontrer les Marocains du monde au Maroc et dans les pays d’accueil ou de résidence et de promouvoir leurs programmes. Cette compétition est légitime tant que les démarches des forces politiques parlementaires seront respectueuses des règles élémentaires de la diversité politique et des questions de double citoyenneté des nouvelles générations.
En survolant le web, on ne peut qu'être frappé par les amertumes et les désillusions et le sentiment que les attentes, sans vraies réponses, ne suscitent que ces nombreux communiqués sur des signatures de partenariats souvent sans effets directs, des réunions d’information sans retour immédiat, des conventions, des fois, sans suite ou sans suivi.
Dans les réseaux sociaux, certains déplorent un choix qui semble délibéré pour les effets d'annonce. D'autres pointent les failles d’un mauvais diagnostic, les insuffisances d’un programme d’action ou encore l’absence d'un dispositif efficace dédié totalement à la mise en œuvre, au suivi et à l'accompagnement de la société civile MRE.  
L'heure est à l'urgence si toutefois le maintien du lien et la contribution des Marocains du monde au développement du Royaume sont toujours des priorités. Cependant, la démarche unilatérale ne peut plus apaiser les esprits. Les conséquences des tâtonnements des années 80 et 90 sont énormes. Une nouvelle stratégie, plus consensuelle, est nécessaire car l'immigration marocaine est en mutation permanente, ses attentes dans les pays d’accueil ou au Maroc changent aussi.  
L'élaboration d'une nouvelle vision suppose des assises sous l'égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, recours ultime dans un dossier marqué par trop d'approximations depuis des décennies. Elle exige également l'ouverture d'un débat contradictoire impliquant toutes les composantes de la société civile, sans exclusion aucune, le gouvernement, l'opposition, des experts et tous les acteurs identifiés. 
Les Marocains du monde appellent de leurs vœux une approche transparente et paritaire lors d'une plateforme où le gouvernement et la société civile représentant les Marocains du monde pourront proposer, débattre avant d'émettre les recommandations qui fonderont une nouvelle politique publique plus adaptée, plus consensuelle et plus efficace.  

* Consultant et reporter (France) 


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