La signification du militantisme dans le livre “Une vie d’ engagements à El Jadida ”


Par Hassan Ait Hammou
Mardi 1 Septembre 2020

Le vingtième ouvrage des « cahiers d’El Jadida » de Mustapha Jmahri, Une vie d’engagements à El Jadida, Parcours militant de Mokhtar Timour vient étoffer l’œuvre déjà riche de cet écrivain prolifique. Le livre en question se présente comme un récit élaboré à partir de plusieurs séances d’entretien où l’ancien militant Jdidi, Mokhtar Timour nous livre ses souvenirs d’homme engagé dans la vie politicosyndicale d’El Jadida de la fin du Protectorat et du début de l’Indépendance. Nous sommes donc en présence de mémoires, plus qu’une biographie, ‟une réflexion sur une page de l’Histoire récente du Maroc de 1948 à 2008ˮ, souligne l’auteur du livre dans l’introduction. Outre le chapitre réservé à l’activité professionnelle de Mokhtar Timour, il fut technicien à l’ONI, (Office National d’Irrigation), et de son activité sportive (il était gardien de but du DHJ, l’emblématique club de football de la ville), le contenu du livre peut se décliner en deux grands volets : l’engagement politique et la vie de syndicaliste du militant. Témoin et acteur de la vie politique d’El Jadida, Mokhtar Timour adhère en 1959 au Parti communiste marocain (l’actuel PPS) fondé en 1943, dont il devient plus tard coordinateur de la section locale de la ville, ce qui va lui permettre de côtoyer les sommités du parti avec, à leur tête, Ali Yata. « Les réunions, raconte le militant jdidi, étaient présidées par les responsables du parti tels que Ali Yata et Abdellah Layachi. Ces dirigeants arrivaient discrètement de Casablanca au moment du coucher du soleil pour éviter d’attirer l’attention des autorités », ajoute-til. Mais à travers le témoignage de l’homme, c’est la réalité de la vie résistante de tout un peuple que nous découvrons dans le chapitre intitulé : Militant au Parti communiste marocain, (p. 41). Le soulèvement des quartiers de Safa et derb el-Barkaoui, les manifestations du 20 août 1955 du quartier de sidi Moussa et d’autres quartiers de la ville, le mouvement du boycott du tabac par les nationalistes pour saper le commerce français du Protectorat en constituent quelques épisodes. Quant à la vie syndicale du militant, apprend-on à la lecture de ce livre riche d’enseignements, elle ne fut guère moins importante. D’ailleurs, on voit mal la frontière entre les deux sphères, tellement elles s’imbriquent indéniablement dans la vie d’un tel homme que Grigori Lazarev qualifie, dans sa postface au livre, de ‟ militant de qualitéˮ. L’action politico-syndicale qui, à un moment important de l’histoire de notre pays, valut à Mokhtar Timour persécutions et privation de liberté, se présente pour l’homme engagé comme une mission sur Terre. Le bien-être et le progrès d’un peuple sont, selon Timour, tributaires de l’action engagée et citoyenne de chacun de ses membres. Ainsi, le syndicalisme dans un pays jeune, émergent, est pour lui, la voie idéale pour arriver à cette fin. Il déclare : « Je crois en l’importance du syndicalisme pour la défense des droits destravailleurs et pour l’instauration de la démocratie. » En somme, Mustapha Jmahri a encore renchéri en nous offrant à travers cet ouvrage un véritable document sur l’histoire syndicale et politique récente d’El Jadida. Son livre, écrit dans un style simple et direct, est destiné aussi bien à l’historien, au sociologue, au juriste, au syndicaliste, qu’à un très large public. 


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