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La mythique Peugeot 103 toujours dans le cœur des Marocains


Samedi 21 Janvier 2017

En France, elle a disparu pour devenir une légende après avoir fait le bonheur des ados à cheveux longs des années 1970-1980. Mais au Maroc, l'increvable mobylette Peugeot 103 est toujours là, malgré l'inexorable invasion des scooters chinois.
Depuis des années que "la mob" circule sur les routes du Royaume, on ne fait plus vraiment attention à elle. Et pourtant, elle est un objet culte du quotidien. Avec son guidon-bracelet, son moteur pétaradant -reconnaissable entre tous- et son nuage de fumée bleu, la Peugeot 103 est au Maroc ce que la Renault 4L est à Madagascar: presque un emblème national.
"La 103, nous on adore!", clame Mohammed Ngaïre, 63 ans, carrure d'athlète et cheveux grisonnants. Cet "ancien champion du 400 mètres" est l'une des figures du "souk des motos", en bord de mer d'un quartier de Rabat.
A un jet de pierre du grand cimetière des Oudayas, ici s'échangent les plus beaux spécimens de 103 encore en circulation sur le marché d'occasion.
"Venez voir, nous les avons toutes!", s'empresse Mohammed. "La Fox, à cause de son phare avant qui ressemble à un renard. La Ninja à la robe noire et aux jantes acier. La sage Vogue et l'incontournable 103 SP bien sûr, pour +Sport prestige+", énumère-t-il. Même la Ramzey, la pâle copie de fabrication turque, est là.
Il y a aussi l'antique Motobécane, la mobylette proprement dite, avec son air lourdaud et ses sacoches arrière qu'affectionnaient nos grands-pères: "Une vraie Rolls, avec elle c'est pour la vie. Mais les bonnes occasions sont rares désormais", selon Mohammed, rapporte l’AFP.
La production de la 103 débute en 1971 dans la France heureuse de Georges Pompidou et des Trente glorieuses, où elle est destinée à une population rurale et plutôt âgée. Elle remplace les poussives 101 et 102 et s'impose rapidement chez les jeunes et les ouvriers.
Au Maroc, "elles ont commencé à arriver dans les années 80", raconte Habachi, mécano dans un petit atelier du centre de Rabat.
"Très vite, la 103 a trouvé sa place dans les classes populaires, chez les petits fonctionnaires et les travailleurs", se souvient ce quinquagénaire. "Aujourd'hui, la 103 est un peu démodée", regrette-t-il. "Mais elle est tellement solide. Et elle a encore beaucoup de fidèles".
On la croise effectivement encore à tous les coins de rue au Maroc, où sa conduite ne nécessite aucun permis.
A Rabat ou Casablanca, pas de "chopper" à guidon torsadé ("menottes") comme dans les seventies françaises. Mais toute la panoplie du 103, avec les fondamentaux du modèle: un moteur de 49 cm3, fonctionnant au mélange deux temps, bridé à 45 km/h malgré les promesses du compteur de vitesse; les pédales pour démarrer; la réserve, petite manette miraculeuse en bas du réservoir qui sauve de la panne sèche sur quelques km...
On trouve aussi de beaux spécimens de customisation chromé. Mais le must, c'est le "kit" pour gonfler le "carbu". La légende urbaine dit que tous les voleurs de Marrakech en équipaient leurs engins, à tel point que les policiers avaient, paraît-il, ordre de systématiquement arrêter ces "bolides" pouvant atteindre les 80 à 100 km/h.
Les pays du Maghreb se sont fait une spécialité de ces vidéos amateur où des fous du guidon, couchés sur leur mobylette, foncent à toute vitesse et dépassent les voitures sur les autoroutes.
La production de la 103 a cessé en France en 2011 et au Maroc trois ans plus tard, avec la fermeture de l'usine DIMAC-Peugeot Motocycles à Casablanca.
Les nostalgiques doivent se contenter de son beau mais désormais obsolète catalogue, qui propose sept modèles de 7.400 dirhams pour la 103 Classic orange à 10.600 dirhams pour la Fox au nez profilé.
Les aficionados peuvent aussi s'inscrire au prochain "Guidon Mob tour", un raid d'une semaine en mai en Peugeot 103 d'Essaouira à Agadir. Pour vivre "l'aventure au guidon d'une mobylette", "entre amis et dans la bonne humeur", selon ses deux promoteurs français.
Au souk des motos de Rabat, on se préoccupe surtout de la menace qui pèse désormais sur l'antique cyclomoteur. Depuis une dizaine d'années, le scooter chinois, avec son faible prix et "son look agressif qui plaît aux jeunes", a envahi le pays, déplore Mohammed.
Une rapide tournée chez les concessionnaires de la capitale confirme le diagnostic: les deux-roues asiatiques sont partout. Mais, au souk, la critique est unanime: "La moto chinoise, elle roule, mais c'est pas de la qualité. C'est comme un rasoir jetable".


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