La mise à niveau de l’aire métropolitaine de Rabat

Un chantier gigantesque


Par Mostafa Kheireddine *
Mercredi 8 Juillet 2015

La mise à niveau de l’aire métropolitaine de Rabat
De nos jours, la ville de Rabat et son aire métropolitaine sont dans une phase de métamorphose urbaine jamais connue dans l’histoire contemporaine de la capitale du Royaume. Destination par excellence de grands événements à caractère politique, scientifique (rencontres et séminaires internationaux), sportif (Meeting Mohammed VI d’athlétisme) et culturel (Festival Mawazine), la capitale du Royaume est le territoire qui a besoin de cette mise à niveau urbaine multidimensionnelle. Ouverte sur un chantier gigantesque de mise à niveau de ses infrastructures (voirie, réseaux souterrains,...), et de ses équipements (parcs et espaces verts, éclairage public, signalétique,...), la ville de Rabat est en phase de se frayer un chemin pour se positionner comme ville compétitive et attractive sur l’échiquier de l’armature urbaine nationale. La mise à niveau urbaine, une occasion pour améliorer la mobilité et assurer la viabilité et la durabilité au système de transport en commun (Tram/Bus) Il n’est pas à démontrer que de par le monde, les villes et métropoles les plus attractives ont d’abord investi dans les transports en commun afin d’assurer la viabilité au modèle économique retenu (Métro/Tram/ Bus) et la durabilité en termes de desserte des quartiers-centres et périphériques. Dotée de deux lignes de Tram, et une troisième en cours de réalisation, la mise à niveau de la ville de Rabat doit être une occasion, outre de rénover l’infrastructure de base, de penser à une réelle inter-modalité entre les deux moyens de transport en commun (Tram/Bus), et de desservir les nouveaux bassins d’emploi, de services, et d’habitat notamment la Cité Yacoub Al Mansour, Hay Riad et la ville de Témara. Aussi, convient-il de souligner, que les corridors de transport en commun à l’échelle de l’agglomération de Rabat-Salé, doivent être des axes structurants capables de polariser une densification en termes d’habitat et de services, pour d’une part, lutter contre l’extension urbaine, et d’autre part assurer la vitesse commerciale, qui représente la condition déterminante de la durabilité du transport en commun.
La mise à niveau urbaine est l’occasion pour libérer l’espace public des différentes formes d’appropriation accumulées au fil du temps. Profitant du relâchement des gestionnaires de la ville, les commerces et les constructions ont débordé au point d’empiéter sur l’espace réservé aux piétons. Situation qui a généré des habitudes et des comportements forçant les citoyens à emprunter la chaussée-automobile. De cette situation, on est passé de l’éphémère au durable. Ainsi, la mise en œuvre de ce chantier gigantesque de mise à niveau de l’aire métropolitaine de Rabat, doit-il de par sa dimension et sa portée, mettre fin à ces formes d’appropriation de l’espace public, qui ont transformé un bien public en bien privé voire en bien marchand, dans le sens où des commerçants louent ces espaces à d’autres personnes. Cette libération de l’espace public doit être annonciatrice d’une nouvelle forme de management résolument tournée vers la sensibilisation et la gestion syndicale des grandes artères et rues commerciales de l’aire métropolitaine, et ce afin de rehausser le paysage urbain et s’inscrire dans une intelligence collective d’appropriation de l’espace public. La mise à niveau urbaine constitue une occasion pour éradiquer les bidonvilles et les constructions anarchiques (rajouts en dur, empiétements sur la voirie, etc.) L’accroissement démographique et les flux migratoires sont deux déterminants qui ont façonné les paysages urbains de nos villes, et l’aire métropolitaine de Rabat n’en fait pas l’exception.
Avec les périodes économiques difficiles et l’attractivité qu’exerce la ville sur les habitants des zones périphériques, les citoyens se sont installés dans la première et la deuxième couronnes du Centre-ville, et ont procédé à des constructions anarchiques sous forme de rajout au fur et à mesure de l’agrandissement du nombre des ménages.
De cette situation est né un cadre bâti à multiples visages, mais surtout des poches de bidonvilles. Aussi, la mise à niveau urbaine est-elle une grande opportunité pour réduire les disparités territoriales entre les différents quartiers et secteurs de la ville et garantir l’accessibilité aux équipements et infrastructures, et par conséquent assurer une meilleure qualité de vie aux habitants. Mieux encore, pour la première fois, ce chantier de mise à niveau urbaine à l’échelle métropolitaine s’accomplit dans une vision d’ensemble qui dépasse les limites administratives pour assurer une continuité aux projets et réaliser des économies d’échelle. Car, il n’est plus à démontrer les bienfaits de la dimension intercommunale dans la conception et la mise en œuvre de projets urbains.  Pour dire que l’ancrage du Projet d’envergure nationale et internationale «Rabat, ville Lumières, capitale  marocaine de la culture» initié par Sa Majesté le Roi est d’ores et déjà lancé à travers cette mise à niveau urbaine de l’aire métropolitaine, pour donner lieu et place à l’implantation de grands projets urbains notamment le grand Théâtre de Rabat, le Wessal Bouregreg (résidences hôtelières, shopping mall, marina..), la restauration et la valorisation des sites historiques (la Médina de Rabat, la Tour Hassan), et qui ne manqueront pas d’impacter l’économie et les milieux de vie, et corrélativement repositionner l’aire métropolitaine dans une croissance urbaine inclusive.

 * Expert senior en urbanisme, M.sc en urbanisme de l’Université de Montréal


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