“La mélodie de la morphine” de Hicham Amal : Naissance d’une vision cinématographique prometteuse


Le réalisateur a choisi une écriture d'expérimentation

Libé
Samedi 30 Juillet 2016

"La mélodie de la morphine" du réalisateur marocain Hicham Amal et "L'orchestre de minuit" du réalisateur franco-marocain Jérôme Cohen-Olivar ont été projetés, jeudi, dans le cadre de la compétition officielle de la 1ère édition du Festival "Harhoura ciné-plage", offrant au public une virée cinématographique rarissime. Le premier long métrage (80 min) raconte l'histoire de Saïd Ettayer, dont le rôle est interprété avec brio par l’acteur Hicham Bahloul, un talentueux violoniste, qui a perdu sa mémoire dans un accident de la route. Peu à peu, il commence à retrouver la mémoire et sa vie reprend son cours normal, et où seules ses créations musicales rechignent à refaire surface.
"La mélodie de la morphine", est une mélodie qui n'est ni illustration ni métaphore, elle est intrinsèquement mortelle et expirante, une succession de sons essentiellement mortels. Une musique marquée par la douleur et les sanglots d'un père mourant. Ainsi, ces sanglots dans la voix paternelle se métamorphosaient subitement en révélation et en source d'inspiration pour le jeune violoniste. Le réalisateur a choisi une écriture d'expérimentation en optant pour un film sous forme de chapitres d'un roman classique, et ce en harmonie avec l'ambiance de la composition d'une symphonie classique. Il manipule les couleurs et utilise des morceaux de musique au violon composés par des ténors de ce genre pour servir sa narration filmique.
Avec son long-métrage, Hicham Amal a donné naissance à une nouvelle expérience prometteuse. 
Un langage cinématographique qui reflète l'importance des efforts déployés et l'audace dans l'expérimentation de nouvelles formes de narration filmique, outre le traitement d'un sujet rarement abordé par le 7ème art marocain.
Dans une déclaration à la MAP, le réalisateur a relevé que depuis un certain temps, l'idée de donner naissance à une expérience nouvelle germait dans son esprit, exprimant sa joie de pouvoir présenter son film à un public divers dans un espace ouvert, comme le festi-plage, remplaçant désormais les ciné-clubs qui disparaissent progressivement. 
Par ailleurs, les principaux rôles ont été interprétés par les acteurs marocains Hicham Bahloul, Yasmina Bennani et Hassan Badida.
Il a été procédé également dans le cadre de cette compétition à la projection de la pellicule "L'orchestre de minuit" (113 min) de son réalisateur Jérôme Cohen-Olivar, qui a signé en 2010 son film fantastique "Kandisha".
 Cohen-Olivar a choisi de se focaliser sur le personnage de Mickael Botbol, magistralement interprété par Avishay Benazra, un riche trader à qui tout réussit. A la demande de son père, il est de retour au Maroc, son pays natal, après l’avoir quitté trente ans plus tôt pendant les évènements liés à la guerre de Kippour.
Des traditions, de l’humour pimenté judéo-arabe, de ce sourire méditerranéen qui caractérise toute une culture, il n’a rien gardé, ou rien voulu garder. Mickael n’a aucun souvenir de cette période faste pendant laquelle son père, Marcel Botbol, un artiste ayant marqué la chanson populaire marocaine, dans ses racines juives, était un célèbre musicien andalou et directeur de l’Orchestre de Minuit. Les retrouvailles ne sont que de courte durée car son père s'allonge sur son lit en jouant de son instrument favori mais ne se réveillera plus.
C’est en voulant rapatrier le corps de son père qu’il va faire la connaissance d’Ali, chauffeur de taxi interprété avec brio par Aziz Dadas, grand admirateur de ce dernier et qui constitue une partie de la mémoire d'un pays qui s'enorgueillit de la pluralité de ses confluences culturelles et artistiques, le mettant sur la piste des membres de l’Orchestre de Minuit.
Librement inspiré d’une histoire vraie, ce long-métrage, qui reflète l'image d'un Maroc de la mixité, du métissage, de la fraternité, de l’amour et du vivre-ensemble, aborde le thème de l’exil et traite du sujet principal de la quête de soi et de la recherche d’identité. 
En effet, la question de l’identité est au cœur de « L’Orchestre de minuit », celle du rejet d’une identité, d’une patrie, d’une culture et de peur d’en être rejeté. Car il s’intéresse au retour aux sources, tel qu’il est perçu par des juifs eux-mêmes, avec le lot d’interrogations qui les assaillent, les craintes, les doutes et les méprises dont les conséquences sont parfois fâcheuses.
 Ont participé à l'interprétation de ce film, plusieurs artistes, dont Marcel Botbol, les comédiens Gad Elmaleh et Hassan El Fad, Fatima Harandi, Hamid Najah, Avishay Benazra, et M'barek Mahmoudi.
Au total, six longs-métrages sont en compétition officielle et qui reflètent la diversité des visions des cinéastes marocains.
En parallèle, la projection des œuvres cinématographiques programmées, plusieurs rencontres artistiques et culturelles ont lieu ainsi que des ateliers dans l’écriture du scénario, animés par le scénariste Mohamed Arious et un "Master class" en matière de production et de photographie, encadré par le réalisateur Jilali Ferhati.
 


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