La détention de l’éditeur suédois Gui Minhai perturbe les relations entre la Chine et la Suède


Jeudi 27 Février 2020

La détention de l’éditeur suédois Gui Minhai perturbe les relations entre la Chine et la Suède
La ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a demandé mardi à la Chine de libérer l’éditeur suédois d’origine chinoise Gui Minhai condamné la veille en Chine à dix ans d’emprisonnement.
“Nous avons toujours été clairs pour demander que Gui Minhai soit libéré de manière à retrouver sa fille et sa famille. Cette demande demeure”, a déclaré Mme Linde dans un communiqué. A la fois libraire et éditeur, Gui Minhai, 55 ans, publiait à Hong Kong des livres au contenu salace sur les dirigeants chinois. Il avait déjà été détenu en Chine entre 2015 et 2017, avant de “disparaître” à nouveau dans le pays en février 2018. Un tribunal de Ningbo (est de la Chine), qui a prononcé la condamnation lundi, l’a reconnu coupable d’avoir “illégalement diffusé à l’étranger des informations classées”, sans préciser la nature de ces dernières.
Le tribunal a assuré dans un communiqué que l’éditeur avait demandé en 2018 à recouvrer sa nationalité chinoise. Or, la Chine ne reconnaît pas de double nationalité et on ignorait dans l’immédiat s’il avait renoncé à son passeport suédois. M. Gui “a reconnu sa culpabilité, accepté le verdict et ne fera pas appel”, selon le communiqué du tribunal. Gui Minhai travaillait à Hong Kong pour la maison d’édition Mighty Current qui publiait, profitant des libertés publiques du territoire chinois semi-autonome, des livres au ton sensationnaliste sur la vie privée des dirigeants chinois, interdits en Chine continentale. Mais en 2015, comme quatre de ses confrères, M. Gui s’était volatilisé: il avait disparu lors de vacances en Thaïlande, avant de réapparaître dans un centre de détention chinois et “d’avouer” à la télévision d’Etat son implication dans un accident de la route en 2003.
Les autorités chinoises avaient assuré l’avoir relâché en octobre 2017, mais selon sa fille, Angela Gui, il avait été placé en résidence surveillée à Ningbo (est). M. Gui avait été de nouveau interpellé en janvier 2018 dans un train, alors qu’il se rendait à Pékin, accompagné de diplomates suédois, pour un rendez-vous médical. Après cette deuxième “disparition”, Gui Minhai était de nouveau apparu à la télévision chinoise, accusant son pays d’adoption - la Suède - de l’avoir manipulé comme “un pion” et avouant “avoir enfreint la loi à son instigation”. Une version que mettent en doute ses proches, qui ont dénoncé sans relâche des poursuites à caractère politique.
La détention de Gui Minhai a gravement perturbé les relations entre la Chine et la Suède. Stockholm avait vivement dénoncé en février 2018 l’interpellation “brutale” de M. Gui dans le train où des diplomates suédois l’accompagnaient, la jugeant “contraire aux règles internationales fondamentales sur le soutien consulaire”.
Et la Chine avait exprimé sa colère lorsque, en novembre dernier, la ministre suédoise de la Culture avait remis à Gui Minhai, en son absence, un prix de l’Association de défense des écrivains PEN. L’ambassadeur de Chine avait menacé Stockholm de “mesures de rétorsion” et Pékin avait annulé la venue en Suède de deux importantes délégations de patrons chinois.


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