La démocratie, sésame du partenariat Sud-Sud


Par Mehdi Alaoui Mhammedi *
Vendredi 19 Mai 2017

Certes, l’Afrique, notre continent, est un territoire riche en ressources naturelles (gaz dans le Nord et le Sud-ouest,  pétrole dans le Nord et le Centre du continent, pierres précieuses dans le Sud, métaux précieux dans le Nord-ouest …), en ressources humaines (une opportunité à saisir et non pas une bombe à retardement), restons positifs ! On compte selon les dernières statistiques publiées en 2016, plus de 1,2 milliard d’habitants avec plus de 200 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans (Nations unies, 2016) . Un territoire agricole par excellence, l’activité occupe une grande partie de l’Afrique subsaharienne, alors que le Maghreb s’est spécialisé dans l’agriculture commerciale. Ces dernières années, de nouveaux paramètres remontent à la surface, l’économie mondiale n’est pas encore guérie des conséquences et des effets de la crise mondiale et l’Afrique peut lui offrir une véritable opportunité. Une occasion à ne pas rater ! Espérons qu’on arrive à tourner la page des monopoles et des élites corrompues, le réel bénéficiaire de cette opportunité et de ce dynamisme espéré devrait être le citoyen africain. Au détriment des accords de libre-échange défavorisant notre continent, une nouvelle logique de développement national et local devrait voir le jour, donnant l’importance à la valorisation des ressources humaines, au développement des infrastructures et des activités génératrices de revenu. Aussi, les partenariats Sud - Sud peuvent apparaître comme générateur de croissance. Jusqu’ici, rien de nouveau !
Le partenariat Sud-Sud : une nouvelle donne sur la scène politico-économique africaine. Le Royaume a pris l’initiative de passer des discours solennels à la concrétisation de ces aspirations et à poser les fondements du partenariat Sud-Sud. Déjà, plus de 1,6 milliard de dirhams investis, soit plus de 50% des investissements directs étrangers (IDE)  sont tournés vers le continent. En effet, notre position en tête du peloton ne doit pas nous faire oublier de prendre le temps de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir ce qui se passe dans le continent et anticiper les évolutions futures. De même, on ne doit pas perdre de vue les règles de base pour investir avec succès et les questions de gouvernance doivent être prises en considération. En effet, le continent sombre dans l’anarchie à certains égards :
1-Déjà les questions sécuritaires s’imposent, les terroristes au grand Sahara deviennent de plus en plus importants et leurs interventions médiatiques et opérationnelles se multiplient. Pour compenser son recul en Irak et en Syrie, Daech gagne du terrain en Afrique de l’Ouest avec pour cibles : le Niger, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Mali et même le Bénin et, au-delà, le Tchad (Navarro, 2017) .
2-La situation politique en Afrique n’est pas assez stable, le régime politique peut changer du jour au lendemain, la période (2012-2014) affiche un record des coups d’Etat et peut servir d’exemple, six présidents sont tombés en deux ans : Le président malien Amadou Toumani Touré a été renversé par un coup d’Etat le 22 mars 2012. Quelques jours plus tard, le régime de l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior du Guinée-Bissau a été démis de ses fonction (12 avril 2012). Le 24 mars 2013, en Centrafrique, François Bozizé a été renversé par les rebelles. En Egypte, le premier chef d’Etat élu a été renversé le 3 juillet 2013. Même pas un an à la tête du pouvoir en République centrafricaine, Michel Djotodia a été destitué le 10 janvier 2014. Au Burkina Faso, Blaise Compaoré au pouvoir depuis 24 ans, a démissionné le 31 octobre 2014, sous la pression de la rue, avant de prendre le chemin de l'exil (Aka, 2014) .
3-Emprisonné dans une série de problèmes structuraux, le quotidien du citoyen africain est très dur. Le système éducatif défaillant souffre d’importants problèmes, l’enseignement élémentaire reste un luxe dans la plupart des pays et l’enseignement secondaire et universitaire est inapte à s’adapter aux réalités actuelles et forme des diplômés incapables de s’insérer dans la vie active. Au niveau économique, la corruption avorte tous les  efforts de développement et de partage équitable de la richesse générée par la croissance. Ainsi, l’Etat reste la seule vache à lait, chargé du développement économique et social aux niveaux national et local par le biais des investissements publics. A cela s’joute le problème d’analphabétisme qui bat son plein, selon l’Institut de statistique de l’Unesco (2016): la population analphabète compte 114 millions de personnes âgées de 15 à 24 ans, 509 millions de personnes âgées de 25 à 64 ans, et 135 millions de personnes âgées de 65 ans et plus (ISU, 2016). Aussi, l’Afrique est connue pour être un continent pauvre. La Banque mondiale estime qu’en 2012, 388 millions de personnes, soit 43 % de la population totale en Afrique subsaharienne, vivent dans l’extrême pauvreté.
Ce n’est pas une vision pessimiste du monde. Certes, derrière chaque erreur, il y a des chances à saisir. L’Afrique présente un ensemble d’atouts (un sol et un sous-sol riches, un territoire inexploité, des taux de croissance forts …). Ignorer cependant certaines règles de base et c’est le drame qui peut vite reprendre le dessus.

*Doctorant en sciences de gestion
à l’Université Bourgogne Franche-Comté
 


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