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La crise du Covid-19 met en évidence la vulnérabilité des travailleurs domestiques

Samedi 20 Juin 2020

La crise du Covid-19 met en évidence la vulnérabilité des travailleurs domestiques
"Près des trois-quarts des travailleuses et des travailleurs domestiques dans le monde - soit 55 millions de personnes - courent un risque significatif de perdre leurs emplois et leurs revenus", a annoncé l’Organisation internationale du travail (OIT).
Comme on peut s’en douter, les mesures de confinement et le manque de couverture concrète en matière de sécurité sociale expliquent cette situation, à en croire l’organisation notant que la grande majorité de ces personnes – 37 millions – sont des femmes.
Selon les nouvelles estimations de l’OIT, les travailleurs domestiques qui ont un emploi informel représentent 76% des personnes qui risquent de perdre leur travail ou des heures de travail.
Comme l’a relevé Claire Hobden, spécialiste des travailleurs vulnérables à l’OIT, il va sans dire que “la crise du Covid-19 a mis en évidence la vulnérabilité spécifique des travailleuses et des travailleurs domestiques dans le secteur informel”. Une crise  qui “souligne le besoin urgent de s’assurer qu’ils sont couverts en matière de droits au travail et de protection sociale”, a-t-il souligné. 
Cette suggestion nous renvoie à une actualité pas si lointaine mais quelque peu eclipsée par la conjoncture économique et sociale. Celle des travailleurs dosmestiques du Maroc qui demeurent toujours dans un épais brouillard surtout après l’avènenent de la crise sanitaire. 
En effet, malgré l’entrée en vigueur en octobre 2018 de la loi 19-12 fixant les conditions de travail et d’emploi des travailleuses et travailleurs domestiques (B.O N° 6610 du 14 moharrem 1439 (5-10-2017), la situation de ces denriers demeurait peu enviable jusqu’à il y a très peu. Et comme nous l’avions relevé dans nos précédentes éditions, ils n’étaient qu’une centaine en janvier 2019 à bénéficier d’un contrat de travail avant de timidement doubler quelques mois plus tard. Ce qui montre le peu d’intérêt que portent encore bien d’employeurs à la situation de leurs employés.
Soulignons toutefois que plus de 1.632 travailleurs domestiques ont été déclarés à la CNSS entre juin 2019 et juin 2020, selon des chiffres présentés dernièrement par son directeur général, Abdellatif Mourtaki, devant la Commission de l’éducation et des affaires culturelles et sociales de la Chambre des conseillers.
Au niveau mondial, précisément dans les pays où les mesures de confinement sont très strictes, il ressort de l’étude de l’OIT un constat: les travailleurs domestiques - qu’ils possèdent un emploi formel ou informel - n’ont pu se rendre au travail. 
Aussi, même si ceux qui ont un emploi formel ont pu avoir accès au chômage, l’agence fait toutefois remarquer que “le fait de rester à la maison pour les travailleurs domestiques du secteur informel a eu pour conséquence la perte de leurs moyens de subsistance sans pouvoir se raccrocher à un quelconque filet de sécurité. De ce fait, ils ont des difficultés à se nourrir”.
D’après les auteurs de la nouvelle étude de l’OIT, la pandémie a par ailleurs aggravé les conditions préexistantes. 
En effet, “seulement 10% des travailleurs domestiques ont accès à la sécurité sociale, ce qui signifie pour ceux qui en sont exclus l’absence de congés maladie, d’un accès garanti aux soins de santé, de prestations en cas d’accident du travail ou d’indemnités journalières. De nombreux travailleurs domestiques ne gagnent que 25% du salaire moyen, ce qui les laisse sans argent disponible en cas d’urgence financière”, a fait savoir l’agence.
A noter que les travailleurs domestiques représentent une part importante de la main-d’œuvre mondiale du secteur informel, et figurent parmi les catégories de travailleurs les plus vulnérables, selon l’OIT qui précise qu’ils  travaillent pour des ménages de particuliers, souvent sans véritable contrat de travail, sans être déclarés, exclus du champ de la législation du travail”.
Des conditions de travail déplorables, l’exploitation de la main-d’œuvre et les violations des droits humains sont les principaux problèmes que rencontrent les travailleurs domestiques à travers le monde, a rappelé l’organisation.
Pourtant, la convention (n° 189) sur les travailleurs domestiques, 2011, un traité historique établissant des normes pour le traitement des travailleurs domestiques, “affirme que les travailleurs domestiques ont droit, comme tous les autres travailleurs, au respect et à la protection de leurs principes et droits fondamentaux au travail, à une protection minimum”. 
Mais la réalité est tout autre. Depuis le confinement, il a été constaté que “les employeurs ont cessé de rémunérer les travailleurs domestiques vivant chez eux en raison de leurs propres difficultés financières ou encore parce qu’ils estiment que les travailleurs domestiques n’ont pas besoin de toucher leurs salaires puisqu’ils ne peuvent pas sortir de chez eux”, a souligné l’OIT.
Autre constat: le temps de travail des travailleurs domestiques vivant chez leurs employeurs a augmenté depuis le confinement, “en raison de la fermeture des écoles et d’un accroissement des besoins en nettoyage”, a-t-elle noté.
Pour rappel, au Maroc, les travaux liés à la maison ou à la famille comprennent notamment les travaux suivants : effectuer les tâches ménagères; prendre soin des enfants; prendre soin d’un membre de la famille en raison de son âge, de son incapacité, de sa maladie, ou de sa situation de handicap; la conduite; les travaux de jardinage ainsi que le gardiennage de la maison.

Alain Bouithy

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