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La Sicile recueille des centaines de cadavres du pire naufrage de migrants

Dix femmes mortes et 107 autres personnes secourues dans un canot pneumatique au large de la Libye


Samedi 2 Juillet 2016

La marine italienne est parvenue jeudi matin à amener en Sicile l'épave du pire naufrage de migrants en Méditerranée, chargée de centaines de cadavres, tandis que dix femmes ont encore trouvé la mort sur un canot au large de la Libye.
Le petit chalutier à la coque d'un bleu encore vif après plus d'un an à 370 mètres de profondeur, selon les images transmises par la marine italienne, est arrivé dans la matinée dans la rade d'Augusta, dans l'est de la Sicile.
Dans la nuit du 18 au 19 avril 2015, il avait sombré après avoir percuté un cargo portugais venu à son secours. Il n'y a eu que 28 survivants, qui ont raconté avoir été plus de 800 à bord au départ, ce qui fait de ce naufrage le pire en Méditerranée depuis des décennies.
En plus de la cinquantaine de corps de victimes repêchés le jour du drame, la marine a récupéré plus de 169 corps sur et autour de l'épave. Selon l'amiral Pietro Covino, la taille du bateau laisse "espérer" qu'il renferme "seulement" entre 300 et 350 cadavres.
Pour cette opération, le petit chalutier bleu doit être placé dans un immense hangar de 600 m2 réfrigéré installé à proximité d'une base de l'Otan à Melilli, près d'Augusta, au milieu d'une zone industrielle inhabitée, entre les cheminées et les pipelines des raffineries.
Les pompiers, en combinaison et masque à gaz, auront la lourde tâche d'extraire les centaines de corps repérés dans les entrailles du bateau. Puis les restes seront transportés quelques mètres sur les tables d'autopsie dressées dans les tentes de la "Zone rouge", où règne déjà une odeur acre.
"Le fait que les cadavres ne soient pas bien conservés, ou qu'ils soient même à l'état de squelette, ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être identifiés. La science nous permet d'identifier avec l'ADN, mais aussi l'empreinte dentaire, ou un tatouage, ou les grains de beauté", a expliqué le médecin légiste Cristina Cattaneo, de la task force La.ba.nof.
Au total, 150 personnes environ vont travailler le temps qu'il faudra dans cette "citadelle", avec le soutien d'une dizaine d'universités de toute l'Italie.
"Identifier les morts est fondamental pour leur redonner leur dignité", a expliqué Mme Cattaneo, rappelant que l'effort était régulièrement fait en cas de catastrophe comme un tsunami ou un accident d'avion mais que l'Italie était la première à le faire à cette échelle pour les victimes de ce type de naufrage.
"Je suis fier d'être Italien", a lancé jeudi matin sur Facebook le chef du gouvernement, Matteo Renzi, qui avait promis lors du naufrage que la marine irait rechercher l'épave pour rappeler à l'Europe "quelles sont les valeurs qui comptent vraiment".
"Ce bateau contient des histoires, des visages, des personnes, pas seulement un nombre de cadavres", a-t-il souligné.
L'entreprise a coûté 9,5 millions d'euros, financés directement par le bureau de M. Renzi. Il a d'abord fallu retrouver l'épave, qui gisait à 150 kilomètres au nord des côtes libyennes, puis préparer avec la société Impresub Diving and Marine Contractor une structure métallique capable de la remonter doucement à la surface, dans un secteur marqué par de forts courants contraires.
Une fois tous les relevés effectués, les corps seront enterrés dans divers cimetières siciliens. Le chalutier bleu qui aura été leur cercueil sera nettoyé et détruit.
Dans le même temps, le procès contre le Tunisien Mohammed Ali Malek, accusé d'avoir été le capitaine du chalutier se poursuit à Catane, au nord d'Augusta. Le parquet a requis 18 ans de prison.
Si ce naufrage a marqué les esprits par le nombre de victimes, il n'est qu'un épisode de plus dans une macabre litanie: selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 10.000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée depuis 2014.
Et malgré le grand nombre de bateaux de secours patrouillant désormais au large de la Libye, les départs sont toujours aussi massifs et les drames se poursuivent.
Jeudi matin, les garde-côtes venus au secours d'un canot pneumatique qui prenait l'eau à 20 milles nautiques des côtes libyennes par des vagues de 2 mètres et un vent de 30 nœuds ont réussi à secourir 107 personnes mais ont retrouvé les cadavres de 10 femmes à bord.


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