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La Fédération des ligues de droits des femmes milite pour une révision globale de la loi relative aux violences faites aux femmes


Chady Chaabi
Vendredi 17 Novembre 2017

La planète Terre est par moments considérée comme un havre de paix et de prospérité, mais en même temps, elle est aussi le nid des sombres méandres de l’humanité. Un revers de la médaille dont l’une des manifestations les plus scandaleuses est la violence faite à la femme. On vise cet être qui représente le ventre rond du monde et qui, sans lui, l'aurore et le soir de la vie seraient sans secours et son midi sans plaisirs. Hélas, partout dans le monde, il est déchirant de savoir que 70% de l’alter ego masculin sont victimes de violences au cours de leur vie. Une brutalité qui le plus souvent porte la signature des conjoints. A tel point que les cas de viol et de violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis.
Notre pays n’échappe malheureusement pas à ce triste constat. La violence contre les femmes étant en constante augmentation. Ainsi, c’est plus de 63,3% des femmes qui ont été victimes de violence physique, selon l'Observatoire national de lutte contre la violence à l'égard des femmes.
Alarmée par ces chiffres honteux, la Fédération des ligues de droits des femmes (FLDF), dont la raison d’être est l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes à travers des stratégies s’articulant autour de deux axes, le premier à caractère socio-éducatif et le second relatif au lobbying et au plaidoyer, a appelé à une révision globale et à la promulgation immédiate de la loi 103-13 relative aux violences à l'égard des femmes, actuellement examinée par la Chambre des conseillers.
Réuni samedi dernier à Mohammedia, le Conseil national de la FLDF a souligné par voie de communiqué son indignation quant à la mansuétude coupable du gouvernement et la non promulgation, depuis 2006, d'une loi globale sur la lutte contre la violence faite aux femmes. D’autant plus que ce fléau est considéré comme l’une des violations suprêmes des droits de l’Homme au même titre qu’il constitue un obstacle pour le développement.
Fruit d’un long processus marqué par le retard de promulgation et un gel de 3 ans avant d’être présenté sous une version médiocre sur le fond et la forme à la Chambre des représentants qui l’a approuvé le 20 juillet 2016, ce projet de loi n’a jamais convaincu la Fédération des ligues de droits des femmes, même si une nouvelle version du projet a été soumise à la Chambre des conseillers. Pour cause, cette nouvelle version n’a pas connu une nette démarcation par rapport à la précédente. Et ce, en dépit de certaines modifications partielles en matière de sanctions et de mesures de protection, pouvait-on apprendre dans le communiqué la FLDF.
De plus, lesdites modifications qui avaient porté également sur la définition de certaines formes de violence, n’ont pas permis à ce projet de loi de jouir d’un certaine autonomie. A contrario, les conseillers ont converti le projet de loi en loi pénale qui, elle-même, nécessite une modification, a estimé la fédération. Avant d’ajouter que ce projet n’a pas défini la violence en tant que forme de discrimination envers les femmes et une violation de leurs droits.
Par ailleurs et toujours selon le communiqué de la FLDF, ce texte de loi se serait contenté de la définition traditionnelle du "viol" en ignorant le "viol conjugal". Aussi n’aurait-il pas établi un lien entre l’acte de violence pouvant causer des dommages et la tentative de viol et s’est principalement intéressé aux cas de violences recensés par la justice à travers une plainte. De ce fait, le texte de loi ignore une frange importante de femmes violentées qui ne peuvent avoir recours au système judiciaire en raison de manque de preuves, des conditions économiques et sociétales, ainsi que de l’héritage culturel.
La croisade de la Fédération des ligues de droits des femmes contre le projet de loi a également visé l’aspect selon lequel le texte de loi a évacué la responsabilité de l’Etat en matière de protection obligatoire des femmes victimes de violences et a réduit le rôle des associations dans les mécanismes de lutte contre la violence, confiant leur adhésion au pouvoir discrétionnaire des commissions, sans pour autant donner une priorité aux associations connues depuis des décennies pour leurs actions en faveur de la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Enfin, la FLDF a tenu à souligner de nouveau la nécessité de la révision et de la modification de ce texte et de sa promulgation immédiate.


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