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La BERD optimiste quant à la reprise de l’économie nationale

Le Maroc dispose de fondamentaux solides pour faire face à la crise liée au Covid-19, selon la Banque européenne


Alain Bouithy
Samedi 2 Mai 2020

La BERD optimiste quant à la reprise de l’économie nationale
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui a accordé récemment une facilité de financement de 145 millions d’euros au groupe BMCE Bank of Africa, en est persuadée : le Maroc dispose de fondamentaux solides pour faire face à la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19).
C’est en tout cas ce qu’a affirmé Marie Alexandra Veilleux-Laborie, la directrice en charge du Maroc à la Banque européenne, rappelant pour s’en convaincre que le Royaume a par le passé démontré sa résilience face aux chocs internes et externes.
« Je pense que le Maroc dispose de fondamentaux solides pour faire face aux difficultés actuelles », a-t-elle précisément déclaré dans un entretien accordé à la MAP et dans lequel elle a salué la proactivité des autorités publiques dans la gestion de cette pandémie.
Mais quand bien même celles-ci ont très tôt réagi en prenant un ensemble de dispositions et en mettant en place un certain nombre de mesures à même de limiter les effets de la pandémie sur le pays, la responsable locale de la BERD pense toutefois que le Maroc doit « s’attendre à une année 2020 extrêmement difficile économiquement et socialement, non seulement du fait des conséquences de la crise sanitaire, mais aussi de la sécheresse agricole avec un niveau de pluviométrie très bas ».
Marie Alexandra Veilleux-Laborie, qui s’exprimait sur la relance de l’économie après le coronavirus et les actions menées par la BERD pour soutenir les efforts du Royaume pour sortir de cette crise, a d’ailleurs fait remarquer que « la balance des paiements est fortement impactée, notamment du fait de la perte des revenus du tourisme, de la baisse des transferts d’argent provenant de l’étranger et des exportations, principalement vers l’Europe ».
Au cours de cet entretien, elle a également attiré l’attention sur « la baisse de la demande domestique qui impactera fortement les finances publiques avec un fort accroissement du déficit public ».
La directrice du bureau de la BERD au Maroc a, par ailleurs, relevé la situation très grave observée au niveau des entreprises, citant les dernières données statistiques du Haut-commissariat au plan (HCP) qui font état de plus de 140.000 entreprises à l’arrêt.
Preuve de la gravité de la situation, même « le secteur informel est également touché de plein fouet, notamment du fait du confinement », a ajouté Marie Alexandra Veilleux-Laborie affirmant que « ceci a un impact direct social très important ».
Pour autant, elle reste optimiste quant à la relance de l’économie nationale.  S’il ne peut se baser sur aucun modèle économique existant contre cette pandémie, le Maroc peut se targuer d’avoir pris des dispositions pour atténuer les retombées négatives économiques et sociales.
Il s’agit notamment du soutien apporté aux populations les plus vulnérables, aux PME et plus généralement aux entreprises et à l’emploi, ainsi que l’appui de Bank Al-Maghrib au secteur bancaire.
Pour Marie Alexandra Veilleux-Laborie, s’il est nécessaire de coordonner les politiques publiques à l’international, compte tenu notamment de l’interdépendance entre le Maroc et l’Europe, libre à chaque pays de décider de la manière de relancer l’économie.
S’agissant du Maroc, elle a rappelé qu’avant la pandémie du Covid-19, le pays avait entamé une réflexion sur son nouveau modèle de développement économique.
Ainsi, la directrice du bureau de la BERD au Maroc a estimé qu’« une fois la gestion de l’urgence sanitaire passée, cette réflexion sera encore plus d’actualité afin de redéfinir le modèle de développement ».
Il s’agira dans ce cas d’entamer « des transformations structurelles profondes, tant économiques que sociétales, et de créer un environnement propice à une économie inclusive, notamment en termes d’accès aux services vitaux tels que la santé et l’éducation, et à une économie verte décarbonée pour faire face aux changements climatiques », a-t-elle expliqué.
Mais avant, pour réussir la relance de son économie, le Maroc doit cibler plusieurs secteurs prioritaires.
Marie Alexandra Veilleux-Laborie s’est d’abord attardée sur la digitalisation extrêmement rapide qui entraîner une évolution technologique importante. « Je pense que cette tendance ne sera pas passagère car les bénéfices environnementaux en termes de pollution, mais aussi le gain en productivité et les économies liées à la digitalisation sont significatifs, et pousseront les entreprises et les Etats à avancer davantage dans cette voie », a-t-elle soutenu.
Ensuite, il y a le secteur touristique qui compte parmi les plus touchés par la crise. A son avis, « il est urgent de soutenir ce secteur tant à court qu’à long terme, montrer qu’on est prêt à accueillir de nouveau des touristes dans un environnement sain », a-t-elle expliqué.
Puis vient le secteur agricole qui « reste et sera primordial » et que la stratégie “Generation Green” devrait permettre de transformer en profondeur afin de répondre aux besoins de première nécessité et d’assurer la souveraineté alimentaire.
Compte tenu de la nouvelle donne, Marie Alexandra Veilleux-Laborie pense, en outre, que le Maroc devrait « mettre en place des processus innovants pour répondre aux attentes des consommateurs mondiaux ». D’autant plus qu’une pénurie mondiale de l’offre de produits agricoles est attendue, « faute de main-d’œuvre capable de récolter en temps voulu du fait du confinement et de la perturbation des circuits d’acheminement et de transport classiques ».
Quant aux industries exportatrices et en particulier l’automobile, l’aéronautique et le textile, elle a estimé qu’« une coordination est nécessaire avec les partenaires en amont et en aval des chaînes de production marocaines, avec des cahiers des charges sanitaires très précis pour garantir la fluidité des échanges commerciaux ».
Enfin, compte tenu de la perturbation des flux commerciaux et des chaînes de valeurs qui va probablement mener à une recomposition de la carte mondiale des échanges au profit et au détriment des uns et des autres, la dimension africaine est un atout pour le Maroc qui « me paraît très bien placé pour tirer des avantages de cette nouvelle recomposition », a-t-elle conclu.


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