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L’éclairage public n’est pas si public que ça : La preuve par une soixantaine de douars de Sidi Abed


Hassan Bentaleb
Jeudi 16 Août 2018

“Imaginez un village de 600 personnes sans éclairage public pendant 18 ans. Et ça dure jusqu’à aujourd’hui.  L’ONEE a installé des lampadaires en 2000 et les premiers essais ont été effectués en 2002 et, depuis, le projet a été suspendu », nous a indiqué Mohammed, l’un des habitants d’un  village relevant de la commune  Sidi Abed  à El Jadida. « Pis, lorsqu’on a pris l’initiative de relancer ce projet en procédant avec nos propres moyens, les agents de l’ONEE nous ont confisqué les ampoules que nous avons achetées et nous ont menacés de poursuites judicaires ».  
Ce douar n’est pas, cependant,  le seul à être privé d’éclairage public.  Près de 60 autres situés aux alentours  vivent dans l’obscurité. Le président de la commune prétend ne pas avoir de moyens financiers pour assurer une telle opération d’électrification.   
En fait, l’éclairage public demeure  un service relevant des compétences des collectivités locales. La loi n°78-00 portant Charte communale stipule dans son article 39 que le conseil décide de la création et de la gestion des services publics communaux, dont l’éclairage public. La commune a également pour mission de décider du mode de gestion par voie de régie directe, de régie autonome, de concession ou toute autre forme de gestion déléguée des services publics conformément à la législation et à la réglementation en vigueur selon la loi 54-05 portant sur la gestion déléguée des services publics locaux.  « Le président de la commune nous a indiqué que cette dernière ne disposait  pas de recettes à même de lui permettre d’assurer la gestion de ce dossier. Il nous a conseillé de créer une association qui sera chargée de participer au financement de ce projet. Une aberration puisqu’on a déjà une association qui s’occupe de  l’approvisionnement groupé en eau potable et d’autres services avec ses propres  moyens. Ceci d’autant plus que la commune de Sidi Abed est connue comme région touristique et bénéficie d’une part des recettes fiscales de Jorf El Jor Asfar», nous a expliqué notre source.
Pourtant, le cas de cette commune ne fait pas exception. Un état de lieux dressé par la Direction générale des collectivités locale (DGCL) relevant du ministère de l’Intérieur a révélé que la consommation de l’électricité au niveau de l’éclairage public (de plus de 900 MDH) constitue une charge relativement importante du budget de fonctionnement des collectivités territoriales, soit près de 4% et que ces collectivités ont de plus en plus de difficultés en matière de règlement des arriérés afférents à la consommation de l’électricité au niveau de l’éclairage public.
Le DGCL a également indiqué que les réseaux sont anciens et présentent beaucoup de faiblesses tout en notant l’absence de plan de maintenance. En fait, le matériel installé est souvent de qualité moyenne à faible et il est souvent choisi sur la base de critères économiques sans tenir compte de la qualité optique et électrique des équipements.
A ces déficits, le diagnostic de la DGCL ajoute que la plupart des communes ne disposent pas d’une vision globale en matière de planification, de maintenance et de gestion de l’éclairage public. Ceci est accentué par la non disponibilité chez la plupart d’entre elles d’une structure « service » chargée de l’éclairage public.
Des défaillances constatées également au niveau du Programme d’électrification rural global (PERG). En fait, ce programme reste encore marqué par la persistance de disparités entre les régions et l’exclusion de 168.000 foyers, soit 1,3 million de personnes qui ne bénéficient pas de raccordement au réseau électrique  sans parler du fait que ce programme ne prend pas compte des exigences de la transition énergétique amorcée par le Maroc. Idem pour le Programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) qui souffre  de dysfonctionnements ayant limité son impact. Le taux d’accès à l’eau potable  atteint 95% en 2016 contre 14% lors du lancement du programme en 1995, ce qui veut dire que 3,5 millions de personnes ne bénéficient toujours pas d’un approvisionnement régulier.


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