L’artiste et l’inquisiteur

Les ratés de Marmid face à Ahrrare


Mustapha Elouizi
Mercredi 1 Octobre 2014

L’artiste  et l’inquisiteur
Chassez le naturel, il revient au galop. Lors du troisième rendez-vous, l’animateur de l’émission “Face à Bilal Marmid”, diffusée sur la Radio Médi 1, ne pouvait pas passer outre les couacs de ses confrères, bien qu’il ait dit le contraire au début de son émission. Son dernier invité était l’actrice Latefa Ahrrare. On se disait alors, étant donné les bonnes intentions affichées de l’animateur et sa qualité professionnelle reconnue, qu’on allait croiser, enfin, des questions loin des clichés et stéréotypes qui circulent dans les parages… Rien de tout cela. Bien entendu, vouloir détruire celui ou celle en face finit par détruire le sens… et le bon sens.    Face à Latefa Ahrrare, Marmid n’est pas sorti du troupeau. Il ne l’a critiquée que sur son engagement. Il ne l’a piquée que sur sa citoyenneté. A aucun moment, il ne l’a embarrassée sur la qualité de son  travail, que ce soit au cinéma ou au théâtre. Il a cité « Capharnaüm » et «La Pianiste » … sans commentaire. Pourtant, toutes deux primées, ces pièces méritent d’être examinées. L’auditeur n’en saura jamais rien de ces deux magnifiques pièces. Pourquoi Capharnaüm ? Pourquoi puiser dans un référentiel poétique ? Qu’en est-il de la sémantique de la nudité ? Etait-elle nécessaire ?  … 
Comme dans d’autres occasions, l’on jasera sur les à-côtés, empruntant le même sentier battu du citoyen néophyte. Seul reproche de B.M : «Vous créez le buzz ! » Ahrrare rétorque tout simplement: « Oui, mais en quoi suis-je responsable si le public ne veut voir que cela ? » Elle rappelle ses appels pour une éducation artistique dans les écoles … Elle revient sur la doléance faite, à ce sujet, à la commission Manouni en 2011… Evidemment, ce n’est pas l’objectif d’une telle émission.   
La question récurrente/cliché dont Bilal Marmid ne voulait se débarrasser était certes : Tu es une artiste, pourquoi te mêles-tu d’autre chose ? Notamment les débats avec les conservateurs ? Et l’on se demande vite pourquoi ailleurs on n’interpelle pas Robert De Niro, Robert Redford, Sean Penn, Woody Allen, Andrzej Wajda et même Bono, chanteur fétiche de U2 … sur ce genre d’alignement ? C’est un droit citoyen indéniable. Alors qu’ici, on a l’impression  de dire à nos artistes : Machi chghlkoum  (Ce ne sont pas vos oignons !). Ailleurs encore, le rôle de l’artiste dans une société n’est pas seulement de créer, mais aussi d’impacter le débat public. Ban Ki-moon vient de donner la parole à Leonardo Di Caprio à l’Assemblée générale pour plaider en faveur d’un climat viable.  
Enfin, pour les quelques minutes restantes des à-côtés, l’on cherche à piquer l’invitée à son mauvais pied : le cinéma. Là, Latefa Ahrrare assume. Elle n’a pas eu encore son rôle rêvé. Mais, est-ce de sa faute ? Ses « petits » rôles lui ont valu  de nombreux prix, ici et ailleurs. De grandes actrices commencent à s’en plaindre et s’interrogent: comment les réalisateurs choisissent-ils leurs héroïnes ?


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