L'affaire qui colle à Roman Polanski depuis 40 ans

Samantha Geimer affirme dans ses mémoires avoir pardonné à son violeur


M.O.
Vendredi 27 Janvier 2017

Le réalisateur franco-polonais s’est vu contraint de renoncer à la présidence des "Oscars français".
Il est toujours menacé d'extradition vers les USA
pour viol d'une mineure en Californie.


Mardi, le cinéaste franco-polonais a annoncé qu'il ne présiderait pas la prochaine cérémonie des Césars, le 24 février, devant la polémique suscitée auprès des associations féministes par sa nomination. Il y a quinze ans, en 2002, il n'avait déjà pas pu se rendre à Hollywood recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur pour "Le Pianiste". L'affaire remonte au 10 mars 1977, lors d'un reportage photos à Hollywood. "J'ai été prise en photo par Roman Polanski et il m'a violée", écrira la victime, Samantha Geimer, dans son journal, selon le livre "La Fille", "Une vie dans l'ombre de Roman Polanski", coécrit avec son avocat et paru en 2013.
"C'était inapproprié, déplacé, effrayant. Je ne me suis pas beaucoup amusée. J'étais sous l'emprise de l'alcool. C'était confus (...) Il ne voulait pas me faire de mal (...). Mais il ne comprenait pas que c'était totalement déplacé. J'étais trop jeune. Il ne voyait pas que j'avais peur", a-t-elle confié en 2013. Dans ses Mémoires (1984), "Roman par Polanski", le cinéaste franco-polonais reconnaît une relation sexuelle avec une jeune fille de 13 ans aux Etats-Unis lors d'un reportage photos, mais dément l'avoir violée. Dans son autobiographie, il donne sa version du reportage effectué en 1977 pour "Vogue Hommes" avec des photos d'ados "sexy, effrontées". Polanski prend pour modèle une jeune ado pour une première séance en extérieur. Lors d'une seconde séance quelques jours plus tard, d'abord chez l'actrice Jacqueline Bisset, l'adolescente se félicite, selon lui, d'avoir été acceptée à l'école dans le groupe des "mauvais" qui savaient "s'amuser, buvaient, prenaient des amphés" et raconte que, de temps en temps, elle "chipe" des Quaaludes (psychotropes) à sa soeur.
Polanski poursuit les photos dans la villa de l'acteur Jack Nicholson, où les faits se déroulent. Le lendemain, Roman Polanski est arrêté à la suite d'une plainte parentale pour viol puis relâché sous caution. Devant un grand jury chargé de décider d'un procès, l'adolescente affirme qu'il lui a "fait prendre un Quaalude avant d'avoir des rapports sexuels avec elle". Afin d'éviter un procès public, Polanski plaide coupable de "relations sexuelles illégales".
Libéré sous caution après 42 jours pour une "évaluation psychiatrique" dans une prison californienne, il s'enfuit le 31 janvier 1978 des États-Unis avant le verdict, craignant d'être lourdement condamné. Samantha Geimer, à qui le réalisateur a envoyé une lettre d'excuses et versé de l'argent, a réclamé à plusieurs reprises l'abandon définitif des poursuites, voulant tourner la page une fois pour toutes.
Elle affirme dans ses Mémoires avoir pardonné à Polanski: "Je ne lui ai pas pardonné pour lui, je l'ai fait pour moi". Après plusieurs décennies passées en France, où il réside, Polanski est brutalement rattrapé par son passé 26 septembre 2009. Arrêté à Zurich en vertu d'un mandat international lancé par la justice américaine, il passe deux mois en prison en Suisse, puis huit mois assigné à résidence dans son chalet à Gstaad.
En juillet 2010, la Suisse rejette la demande d'extradition des Etats-Unis où il est toujours poursuivi pour viol. Nouveau rebondissement à l'automne 2014, quand Roman Polanski est interpellé à Varsovie. La Pologne refuse son extradition mais, fin mai 2016, le pouvoir conservateur rouvre la procédure, qui sera finalement close par la Cour suprême en décembre. Cette affaire avait été évoquée au Festival de Cannes l'an dernier, l'incapacité de Polanski à tourner aux Etats-Unis ayant été raillée implicitement par le comédien Laurent Lafitte, qui s'était ensuite excusé.


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