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L’absence de volonté politique fait le bonheur des Farachas

Les autorités se complaisent dans l'expérimentation au lieu de s’attaquer à la racine du mal


Hassan Bentaleb
Mardi 7 Juillet 2015

L’absence de volonté politique fait le bonheur des Farachas
L’éradication des  « Farachas » (vendeurs ambulants) n’est pas pour demain. Le gouvernement n'a pas de stratégie et cherche encore une solution. C’est ce qui ressort de l’intervention, mardi dernier, de Mohammed Hassad, ministre de l’Intérieur, devant la Chambre des conseillers.  
« Les marchands ambulants sont un phénomène social et économique très complexe. Il constitue avec l’habitat anarchique un vrai casse-tête pour les agents d’autorité.  Plusieurs approches ont été mises en place dans plusieurs villes mais si certaines d’entre elles ont réussi, d’autres ont échoué», a-t-il indiqué avant d’annoncer qu’une nouvelle approche est en gestation et que sa concrétisation peut exiger beaucoup de temps. « Il s’agit d’un problème qui nous concerne tous et nous sommes ouverts à toutes les propositions. Nous avons encore du temps », a-t-il lancé.   
Que sera la nouvelle approche ? Que seront ses contours et ses orientations ? Sera-t-elle une copie expurgée du programme présenté dernièrement devant le Souverain et qui a été taxé d’être de fort mauvaise qualité? Et qu’en est-il du bilan des projets et programmes déjà lancés ? Le ministre de l’Intérieur n’a pas pipé mot.
De fait, les projets pilote et les nouveaux concepts se succèdent et se Rassemblent sans que personne ne sache sur quoi ils ont abouti. Ainsi, nombreux sont ceux qui se demandent ce qu’il en a été  du programme  «Souk namoudaji» concocté  en 2004 par  le ministère du Commerce et de l’Industrie pour recaser les marchands ambulants dans les 114 marchés pilote créés à cet égard  avec une capacité d’accueil de 130.000 magasins et un budget de 105 millions de DH.Qu’en est-il de la réforme conçue en 2013 et portant sur une organisation spatiale de ce commerce conformément à trois schémas : les marchés forains organisés d’après un agenda hebdomadaire, les marchés urbains permanents construits et les marchés quotidiens de rue organisés sur des espaces dédiés et aménagés ? Une réforme qui aurait du être supervisée par un Comité national de pilotage présidé par le chef du gouvernement, des comités régionaux de commerce présidés par les walis et des comités de suivi relevant des pachas. Qu’en a-t-il été de l’expérience pilote des marchés de rue menée à Kénitra et censée avoir été organisée sur la base d’un cahier des charges précis ayant pour objectif d’équiper  les commerçants (moto ou bicyclette) qui devront louer les emplacements prescrits pour une durée déterminée ?
Qu’en a-t-il également été des nombreuses campagnes nationales contre l'occupation illégale du domaine public menées périodiquement ou, parfois, selon les humeurs des autorités locales et qui mobilisent tellement d’agents d’autorité, de Forces auxiliaires, de moqaddems et de chioukhs ?  
« Les idées ne manquent pas. C’est la volonté politique qui fait défaut », nous a confié sous le sceau de l’anonymat une personne  proche du  dossier. D’après elle, c’est l’improvisation et les hésitations qui caractérisent le traitement de ce dossier par l’Etat. « Les autorités locales ne savent pas sur quel pied danser puisqu’il s’agit d’un dossier chaud et à forte connotation socio-économique et sécuritaire », nous a-t-elle précisé avant d’ajouter : « Prenez l’exemple de la dernière campagne nationale contre l'occupation illégale du domaine public menée à Casablanca. En une semaine, les autorités locales ont réussi à déloger les marchands ambulants des principaux boulevards et artères de la capitale économique et le cas du délogement des commerçants de boulevard Afghanistan à Hay El Hassani a été édifiant. Pourtant, quelques jours ont suffi à ces derniers pour revenir à la case départ ». En effet, l’enjeu est de taille. Selon une étude réalisée en 2011 par le ministère du Commerce et de l’Industrie,  276.000 commerçants ambulants subviennent aux besoins de 1,38 million de personnes. 60% des professionnels exercent le commerce ambulant depuis 10 ans. Les marchands ambulants sont essentiellement des hommes (91%), âgés en moyenne de 41 ans. Chez les femmes, 46% sont des chefs de familles  même si 54% d’entre elles sont mariées et le commerce à la sauvette  constitue leur unique source de revenus. 
L’étude a précisé également que la valeur moyenne de la marchandise exposée est de 2.754 DH et le bénéfice moyen dégagé quotidiennement est de l’ordre de 104 DH, soit près de 3.100 DH par mois. Les produits alimentaires dégagent une marge de 110 DH par jour et l’habillement 105 DH. Au total, ce commerce génère un chiffre d’affaires de 45 milliards de DH.
80% de ces marchands sont installés dans des sites très fréquentés (gares routières, mosquées, alentours des centres commerciaux, boulevards et alentours des marchés municipaux et souks) et 73% vendent principalement des produits alimentaires et de l’habillement.
« Aujourd’hui, l’Etat cherche plutôt à structurer ce phénomène au  lieu de l’éradiquer. Toute  intervention risque de se transformer  en des affrontements avec les marchands ambulants, notamment les jeunes désœuvrés. Et vu le taux de chômage au Maroc, il est impensable d’assécher cette ressource de revenus pour plusieurs familles », nous a expliqué notre source.
Mais en attendant que l’Etat se décide sur le sort à réserver à ces marchands ambulants, c’est aux citoyens d’endurer, en silence, les nuisances causées par ces marchands, leur incivilité, le débordement des étals des boutiques sur les avenues, les entraves à la circulation, etc.


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