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L'Europe fête dans la rue les 60 ans du Traité de Rome


Libé
Lundi 27 Mars 2017

Le Royaume-Uni au bord du Brexit

Bon 60e anniversaire l'Union européenne! Des dizaines de milliers d'Européens ont gagné les rues de Londres, Berlin ou Rome pour marquer leur attachement à l'Union des 28.
A Londres, sous un beau soleil et avec pour mots d'ordre "Unis pour l'Europe" et "Faites entendre votre voix, arrêtez le Brexit", 80.000 personnes, selon les organisateurs, ont foulé les rues de Londres malgré les mesures de sécurité renforcées après l'attentat de mercredi devant le Parlement.
Parés de drapeaux européens bleus aux étoiles dorées, ils brandissaient une multitude de pancartes où l'on pouvait notamment lire: "Demain les montres reculent d'une heure. Mercredi, elles vont reculer de 40 ans", "Le terrorisme ne va pas nous diviser, le Brexit si", "J'ai 15 ans, je veux qu'on me rende mon avenir" ou "Nous n'avons pas peur".
Une minute de silence a été observée à Parliament Square où d'innombrables bouquets de fleurs ont été déposés, en hommage aux quatre personnes tuées mercredi et à la cinquantaine de personnes blessées par Khalid Masood, un Britannique de 52 ans qui a fauché plusieurs personnes avec sa voiture sur le pont de Westminster avant de poignarder à mort un policier.
Davantage d'Europe, une autre Europe ou contre l'Europe: des milliers de personnes - pro et anti-UE - ont défilé à Rome, sans incident, dans différents cortèges, sous haute surveillance.
"Nous sommes ici pour demander une Europe qui ne soit pas celle des banques et de la bureaucratie mais des droits des travailleurs et des étudiants", a expliqué à l'AFP Giovanni Zannier, un étudiant de 22 ans. Dans un autre cortège, Catherine Chastenet, une retraitée parisienne de 74 ans, manifestait pout une Europe fédérale: "C'est le 60e anniversaire d'un traité qui s'est fait quand j'avais 15 ans. Je suis une fille de la guerre et ce grand mouvement européen est devenu mon idéal politique".
Environ 6.000 personnes selon les organisateurs ont également défilé à Berlin jusqu'à la Porte de Brandenburg. Cette "marche pour l'Europe" se voulait apolitique, une célébration de "l'idée de l'Europe".
Des pancartes "Encore plus d'Europe", "l'UE n'est pas morte", "Mieux ensemble" étaient brandies par la foule.
"2016 a été une année terrible pour l'Europe et le monde, nous allons faire de 2017 l'année de l'espoir, l'année des peuples qui se lèvent et disent +c'est notre Europe+", ont scandé les organisateurs encadrés par des DJ mixant de la musique techno à plein volume.
"Je me sens plus Européen qu'Allemand. Né dans l'Allemagne de l'Est en 1986, je n'aurais pas pu faire les études et la carrière que je mène sans tout ce soutien de l'UE à nos régions", a déclaré à l'AFP Andy Holtfreter, un Berlinois travaillant dans le secteur des technologies. A Bruxelles, 600 personnes seulement se sont réunies à proximité du Parlement européen en début d'après-midi.
En Pologne, dans des dizaines de villes du pays, les manifestants s'étaient donné rendez-vous à midi pour chanter "l'Ode à la joie" de Beethoven, hymne officiel de l'UE. Les Polonais sont majoritairement europhiles, les sondages montrent de façon récurrente que 80% des Polonais soutiennent l'appartenance à l'UE, vue comme une source de croissance économique.
C'est une Europe en pleine tempête qui célèbre son 60e anniversaire face aux vents de la discorde, du doute et de la défiance populaire.
Brexit, mais aussi vagues migratoires, marasme économique, attentats jihadistes et repli identitaire: conçue à six pour reconstruire l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, l'Union à 27 traverse la pire crise de son histoire.
Les dirigeants européens ont affirmé samedi à Rome leur volonté de se remobiliser, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker promettant qu'"il y aura un 100e anniversaire de l'UE".
Par ailleurs, la Première ministre britannique Theresa May va déclencher mercredi le processus de sortie de l'Union européenne, une première historique qui ouvre deux ans de difficiles négociations au résultat imprévisible.
Le Royaume-Uni devrait ainsi se retrouver en 2019 hors de l'UE après le référendum du 23 juin 2016 qui a décidé du Brexit avec 52% des voix et laissé le pays profondément divisé, réveillant les velléités indépendantistes des Ecossais.
Samedi encore, des dizaines de milliers de Britanniques ont manifesté à Londres contre le Brexit, à l'occasion du 60e anniversaire du club européen.
L'activation de l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera la procédure de divorce, sera notifiée dans une lettre remise au président du Conseil européen Donald Tusk. Mme May pourrait annoncer au Parlement britannique, devant lequel elle s'exprimera mercredi, l'envoi de la missive.
La veille, le Parlement écossais devrait voter une motion autorisant sa Première ministre Nicola Sturgeon à réclamer à Londres un nouveau référendum sur l'indépendance. Mme Sturgeon s'appuie sur le vote des Ecossais, à 62% pour le maintien dans l'UE, pour refuser d'être entraînée dans le Brexit.
Mais Theresa May refuse qu'un tel référendum se tienne pendant les négociations de sortie, ce qui affaiblirait sa position.
Elle souhaite une rupture "claire et nette" avec l'UE, avec sortie du marché unique, pour pouvoir limiter la liberté de circulation des immigrés européen, une des raisons principales du vote en faveur du Brexit.
Au fur et à mesure que l'échéance approche, le scénario de négociations qui déraillent et laissent le pays sans accord est de plus en plus évoqué.
Selon Anand Menon, du groupe de recherche "UK in a changing Europe", "il faudra beaucoup plus de temps, de bonne volonté et de tact que ce qu'on a vu des deux côtés". Il estime à 50% la probabilité que les négociations échouent, laissant le pays "sans filet de sécurité", exposé aux règles de base de l'Organisation mondiale du commerce, comprenant notamment des barrières douanières.
Pour les économistes, la City ou les représentants de l'industrie, ce serait de loin le pire scénario.
Mme May répète quant à elle que "mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord".
"Pas si effrayant que ça", a assuré aux députés mi-mars le ministre chargé du Brexit David Davis, europhobe convaincu, interrogé sur cette perspective, tout en reconnaissant que le gouvernement n'avait "pas calculé l'impact d'une sortie de l'UE sans accord". Quant au ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, il déclarait ce mois-ci que ce serait "parfaitement OK".
Côté UE, "tout est prêt" pour les négociations, avec en ouverture l'addition présentée à Londres pour tous les engagements pris dans le cadre du budget européen, un chiffre estimé entre 55 et 60 milliards d'euros par un responsable européen.
"Quand un pays quitte l'Union européenne, il n'y a pas de punition, pas de prix à payer, mais nous devons solder les comptes, ni plus ni moins", a souligné mercredi le négociateur en chef de l'UE, le Français Michel Barnier.
Théoriquement, Londres pourrait ne pas payer, relevait un récent rapport des Lords britanniques, mais une telle décision constituerait une déclaration de guerre diplomatique. Les négociations vont donc porter sur le montant.
Londres cherchera aussi à obtenir des garanties sur le sort des 1,4 million de Britanniques vivant dans les pays de l'UE, avec en monnaie d'échange celles qu'il pourrait accorder aux 3,3 millions d'Européens vivant au Royaume-Uni.
Quant au plus gros morceau, les nouvelles relations commerciales entre Londres et l'UE, avec laquelle se font à peu près la moitié des échanges de biens, elles ne font pas à proprement parler partie des négociations de sortie et pourraient durer des années, ce qui a fait naître l'hypothèse d'un accord de transition.
La rupture va mettre fin à plus de 40 ans d'une relation tourmentée, les Britanniques ayant toujours vu dans l'Union un marché économique et refusé l'idée d'une intégration politique. Elle pose un sérieux défi au club européen, qui a esquissé une réponse avec l'idée d'une Europe "aux rythmes différents" dans une déclaration adoptée à Rome samedi.


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