L’Egypte post-Moubarak annonce la couleur

Lundi 27 août, le porte-parole de la présidence Egyptienne annonçait que le président Mohamed Morsi s’apprêtait à rendre une visite officielle à la république populaire de chine. Ce pas symbolique révèle les orientations stratégiques de l’Egypte post-révolution. En effet, il montre que le président égyptien, Mohamed Morsi, tente de chercher l’appui et la protection d’une puissance de l’ampleur de la Chine dans le cadre d’un projet de rivalité régionale vis-à-vis d’Israël, considéré comme le « 51ème Etat » des USA qui plus est l’enfant gâté de l’Oncle Sam.
A l’ordre du jour, il y aura sans doute de la coopération économique, l’Egypte de par sa position géographique car son héritage historique est un portail privilégié aussi bien pour les marchés arabes et africains. Il représente aussi un puits d’opportunités à saisir pour l’industrie chinoise à la quête de nouveaux marchés en-vue de maintenir les taux de croissance élevés de son économie. De plus la visite de Morsi vise également à opter pour la Chine dans le cadre du rééquipement de l’armée égyptienne dont l’arsenal militaire dans toutes ses composantes est dans la plupart désuet et date de la période de guerre froide. En s’orientant vers la chine Morsi révèle son ambition à réinstaurer l’influence et la puissance de l’Egypte comme au temps de Nasser.  
Pour tenir tête à Israël et équilibrer la balance des forces, Nasser et Sadat avaient opté pour l’armement soviétique de l’URSS  bien que technologiquement moins avancé que celui américain. Mais au moins, il permettait de minimiser le gap technologique par rapport aux israéliens et permettait à l’Egypte une certaine autonomie vis-à-vis de l’occident. Suite à la signature du Traité de Camp David, Moubarak a changé de cap et fait pour montre d’une grande passivité envers Israël. Il a équipé, entre-autres, l’armée de chars Abrams M1 sans protection avancée ni obus flèches et avions de chasses F16 américains dans leurs versions basiques et surtout sans le moindre missile moyenne portée comme le AIM120 AMRAAM pour ne pas avoir à croiser le fer avec Israël.
Moubarak aura permis en outre à l’occident de neutraliser l’Egypte et de l’isoler de son appartenance arabe et du soutien aux causes justes. Pire encore, la passivité du régime de Moubarak avait permis à Israël d’asseoir son influence en Afrique et plus précisément dans les pays du fleuve du Nil.  Ces derniers menaçaient d’adopter une politique hostile à l’Egypte (constructions de barrages sur le fleuve mythique sans le consentement égyptien) mettant ainsi en danger  leur nerf-vital.  
La nature des armes qui seront éventuellement commandés par l’Egypte auprès des Chinois donneront une idée plus précise sur les intentions de Morsi. Selon un site israélien réputé en matière des questions de défense (Debka.com), le président Egyptien serait intéressé par la commande auprès des Chinois de missiles balistiques de longue portée CSS-5 capables de porter des ogives nucléaires.
 Si cela s’avérait, le Moyen-Orient pourrait alors voir prochainement la naissance d’un programme nucléaire egyptien et d’un autre turc.  L'Egypte et la Turquie viseraient alors à devenir les deux plus grandes démocratie-Sunnite de la région et développeraient leur propre dissuasion nucléaire en réponse à la bombe atomique Israélienne et celle Iranienne.
L’image du nouveau Moyen-Orient post révolutionnaire est comme qui dirait  en train de se dessiner. Il pourrait donner lieu à quartes puissances distinctes :
-Les démocraties-Sunnites regroupant l’Egypte, la Tunisie, la Libye et la Turquie.
-Les Monarchies arabes à travers les membres du CCG en plus de la Jordanie et du Maroc.
-Israël
- Et enfin, l’axe Chiite formé de l’Iran, des chiites d’Irak, du Hezbollah et des Houtis Yéménites.