John Lasseter Toute une vie dans le monde de Disney


Libé
Vendredi 21 Juillet 2017

La lecture de l’épais ouvrage “L’Art de l’animation” a été une surprise et une révélation pour le lycéen qu’était à l’époque John Lasseter: il est possible de gagner sa vie en dessinant.
Et il le prouve puisqu’il est, à 60 ans, l’un des plus importants créateurs de films d’animation au monde avec son ami et réalisateur japonais Hayao Miyazaki et, bien sûr, le grand Walt Disney.
On lui attribue même le sauvetage de Walt Disney Animation, au bord de la faillite quand il est arrivé en 2007 avec Pixar —tout juste racheté par le groupe Disney— et a pris la direction artistique des deux studios.
C’est difficilement concevable aujourd’hui —en particulier avec “La Reine des Neiges” (2013) qui fait partie des dix plus importantes recettes de l’histoire— mais la division animation de Disney était chancelante après une série de flops et surclassée par Pixar.
Elle a retrouvé toute sa vigueur sous l’impulsion de John Lasseter, renouant avec sa gloire d’antan grâce à des classiques comme “Raiponce” (2010).
“J’ai grandi en aimant les films Disney. Ils étaient plein de sens pour moi, il y avait une magie en eux, une beauté”, a confié M. Lasseter lors de la convention D23 de Disney à Anaheim, en Californie (ouest).
Depuis “Toy Story” (1995), premier long-métrage au monde animé par ordinateur et conçu par John Lasseter, Pixar a remporté treize Oscars et engrangé 11 milliards de dollars au box-office avec dix-huit films.
Depuis qu’il a repris en main Walt Disney Animation Studios, ces derniers ont empoché 5 milliards de dollars avec huit films et remporté quatre Oscars.
Elevé à Whittier, dans le sud de la Californie, le jeune Lasseter a été conquis par la magie du monde de Disney lors de visites régulières au tout proche parc d’attractions Disneyland et du visionnage d’une reprogrammation au cinéma de “Merlin l’Enchanteur” (1963).
“Ces moments, ces sentiments sont restés en moi. Walt Disney, ses films et Disneyland, ont diverti les gens comme personne d’autre au monde”, s’est souvenu le réalisateur, récipiendaire de deux Oscars à titre personnel.
Il a intégré le California Institute of Arts en 1975 où il a eu comme professeurs la légendaire équipe d’animateurs de Disney, les “Neuf Sages”.
Diplôme en poche, il est sélectionné parmi plusieurs milliers de candidats pour rejoindre Walt Disney Feature Animation mais est rapidement renvoyé pour avoir expérimenté l’animation numérique sans avoir prévenu ses supérieurs.
Il intègre en 1984 The Graphics Group (CGI), branche de Lucasfilms, juste avant sa vente au patron d’Apple Steve Jobs qui l’a renommé Pixar et, avec John Lasseter, l’a hissé de simple société technologique en studio d’animation à part entière.
M. Lasseter chaperonne depuis la création des deux studios.
Outre “Toy Story” et son second volet en 2000, il a notamment réalisé “1001 Pattes” (1998), “Cars” (2006) et “Cars 2” (2011). Laquelle de ses créations est sa préférée?
“J’ai cinq fils et ça revient à me demander lequel de mes fils je préfère. Chacun (des films) est comme l’un de mes enfants que j’aime et ils sont tous différents”, a-t-il répondu.
Son approche collaborative le distingue des autres patrons de studios: une consultation à l’échelle de l’entreprise permet de trouver de nouvelles idées de films et de résoudre certains problèmes de scénarios.
Il a également insufflé une culture de recherche intense, accordant aux réalisateurs plusieurs années afin qu’ils maîtrisent leur sujet, ce qui est particulièrement important pour des projets sensibles comme “Vaiana, la légende du bout du monde” (2016) ou le prochain “Coco”.
L’un des virages les plus marquants des studios Disney sous sa direction a été l’abandon du concept désuet de la demoiselle en détresse au profit d’histoires volontairement plus féministes, plus aptes à inspirer les fillettes modernes.
John Lasseter se délecte à parler de son personnage de restauratrice ambitieuse Tiana dans “La Princesse et la Grenouille” (2009) ou de la très déterminée fille de chef Vaiana, soulignant que ses princesses “n’attendent pas après un gars pour être sauvées”.
“C’est beaucoup de travail mais nous ne choisissons pas la facilité”, a-t-il relevé. “En ce moment, je suis tellement fier que nous diffusions de la joie à travers le monde”.


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