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Imilchil: Du haut des cimes bourgeonne l’amour et des fiançailles fleurissent les mœurs


Par Mohamed Nassiri (MAP)
Lundi 25 Septembre 2017

La vie paisible en montagne met en vedette ces temps-ci la commune d’Imilchil, une localité perchée sur le Haut Atlas où naguère naquit un mode de vie typique valorisé par des mœurs conçues pour réguler les rapports sociaux et promouvoir une culture solidaire. Les habitants de ce territoire célèbrent depuis des lustres les mariages collectifs, une cérémonie ancestrale qui reflète un patrimoine immatérielle riche en traditions pérennisant la légende de l’amour idyllique.
Le moment d’un voyage de trois jours, les touristes qui y convergent massivement pour découvrir le Festival des noces tombent sous le charme de la magie des coutumes d’Ait Hdiddou.
Appréhendée avec aisance, la fonction sociale des mœurs locales, devenues au fil du temps matière à la narration d’événements glorieux, s’érige en référence pour les populations d’Imilchil où la tradition s’enracine avec force, la culture foisonne de mélodies d’amour et l’attachement au sol galvanise l’alliance culturelle pour une identité plurielle.
Sous le poids des mutations socio-économiques intervenues dans les sociétés modernes, il est légitime de poser la question de  savoir comment on pourrait tirer profit de la sagesse des Aït Hdiddou, eux qui ont réussi à faire d’une pierre deux coups: fêter les noces pour inciter les jeunes au mariage. En effet, le rituel des mariages collectifs à Imilchil prend la dimension d’un phénomène aux significations à la fois sociale, culturelle et spirituelle.
Durant toute l’année, les habitants de cette commune œuvrent sans relâche pour assurer les moyens de subsistance de leurs familles, sauf en septembre, période où ils abandonnent les moments de grand labeur pour vaquer à une occupation relevant d’une disposition tout à fait naturelle: la saison des retrouvailles amoureuses. Pendant ce mois, les jeunes partent en quête d’éventuelles épouses et la tribu les encourage en réservant à cette noble fin tout un cérémonial fait de danses, de chants, d’habits et de mets, le tout dans un climat de joie, de convivialité et de solidarité.
Pour les spécialistes de l’histoire de la région Drâa-Tafilalet, le Moussem d’Imilchil, qui perpétue une légende éternelle glorifiant l’amour idyllique, offre l’occasion pour la communauté d’Ait Hdiddou de se rencontrer et d’anticiper des unions entre jeunes de la localité et d’ailleurs. A l’origine de cette manifestation, qui a acquis avec le temps une grande notoriété internationale, une légende des plus romantiques selon laquelle un jeune homme de la tribu d'Ait Brahim aurait succombé au charme d’une jeune femme d’Ait Yaaza. Un amour condamné à cause de la rivalité entre ces tribus qui étaient les deux fractions de la tribu d’Aït Hdiddou.
Devant l’intransigeance des parents, le jeune couple pleurait son affliction, les pleurs formant un torrent de larmes, qui donna naissance aux deux célèbres lacs jumeaux "Isli" et "Tislit".
C’est justement pour expier un grand péché qu’ils auraient commis dans des temps immémoriaux, en refusant l’union du jeune couple, que les habitants de la région organisent le festival des noces, une manifestation annuelle chargée d’une histoire légendaire intimement liée au nom des lacs précités. Cette légende, qui glorifie les nobles sentiments d’amour et de communauté des destins entre les hommes et les femmes, meuble depuis, la mémoire collective des deux tribus, telle que perpétuée par les jeunes prétendants de la région à travers une grande fête pour le choix de leurs épouses, rappelle Lahcen Ait El Fakih, chercheur en  patrimoine culturel local. La commémoration du Moussem de Sidi Hmad Oulmghanni confère également au festival une dimension cultuelle, dit-il, faisant observer que les noces collectives célébrées pour l’occasion constituent le moment fort de la fête. Ce sont là autant de traditions que les tribus de l’Atlas ont su jalousement préserver, poursuit-il, notant qu’en dépit de leur simplicité, elles attirent les gens de tous les coins. Pour sa part, le président du Centre Tarik Ibn Zyad à Errachidia, Mustapha Tilioua, estime que le débat sur certains aspects organisationnels des mariages collectifs interpelle tout un chacun à apporter des précisions à ce sujet, soutenant que l’important est de demeurer fidèle à la vocation sociale essentielle du festival, celle d’encourager le mariage des jeunes, le reste n’est que débat d’idées. Effectivement, les spécialistes des questions culturelles considèrent que ce raisonnement convainc les populations à s’investir pour préserver le patrimoine immatériel local.
Peu importe le temps lointain où le moussem a pris acte, sa fonction sociale, soulignent-ils, demeurera toujours utile tant que les fiançailles contribuent à tisser des liens solidaires et à mieux servir l’intérêt général. Tout est dit, l’important est d’agir positivement.


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