Hugues Diaz : Le septième art est une industrie qui pourrait résorber le chômage dont souffrent les pays africains

Colloque sur « L’Etat et le cinéma en Afrique »


Chouaib Sahnoun
Vendredi 20 Juin 2014

Hugues Diaz : Le septième art est  une industrie qui pourrait résorber  le chômage dont souffrent les pays africains
Lors de la 17ème édition du Festival du cinéma africain à Khouribga, Noureddine Sail, directeur du Centre cinématographique marocain et président de la FFCAK, a présidé un colloque intitulé « L’Etat et le cinéma en Afrique ». Ont participé à son encadrement deux invités : l’écrivain et cinéaste camerounais Bassek Emile et le conseiller aux affaires culturelles et directeur de la cinématographie, le Sénégalais Hugues Diaz. Intervenant lors de ce colloque, Noureddine Sail a souligné que « le thème  « L’Etat et le cinéma en Afrique » est à l’ordre du jour en Afrique. C’est un thème qui nous semble prendre une dimension particulière. Le printemps de la production en Afrique est en train de se préparer, le Maroc a pris les devants. La stratégie marocaine de production a été approuvée par tout le monde, parce qu’elle a donné des résultats significatifs. Les cinéastes africains interpellent les pouvoirs publics qui ont un rôle à assumer dans la relance du cinéma africain. La  situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le cinéma africain n’est pas encourageante. Elle est marquée par l’absence de véritables politiques nationales dans ce domaine. L’insuffisance de moyens notamment financiers semble donc être la principale cause de l’absence du cinéma africain ». 
M. Sail a cité à titre d’exemple le Nigeria, le «Nollywood», cinéma anglo-saxon, avec 2000 productions par an. Le Nigeria est le deuxième pays en termes de production de films au niveau mondial, avec son modèle d’exploitation centré sur le rapport produit/clients. Si le public remplit les salles, le producteur investit plus au cinéma, a-t-il ajouté, soulignant qu’un cinéma qui  rapporte, n’est pas forcément un cinéma qui crée des films de qualité. Les professionnels réussissent là où l’Etat n’y parvient pas. On est inévitablement devant un cinéma d’artistes face aux entrepreneurs.
Et de conclure : «En Afrique rien n’est possible sans l’intervention de l’Etat. Or, quelles en sont les limites ? Il faut qu’il y ait un important consensus entre les cinéastes et l’Etat».
Hugues Diaz  a, pour sa part, soutenu que le cinéma est une source de richesse en matière de culture et d’économie. Il est une industrie, une activité commerciale, en plus d’être un divertissement, qui a des  retombées positives que l’Etat doit protéger par des lois. Ce dernier doit soutenir  la culture sous toutes ses formes, cette culture qui n’a jamais fait partie de sa priorité. En effet, en Afrique, les relations entre le cinéma et l’Etat sont hétérogènes. Or, l’industrie cinématographique nécessite des financements soutenus. Cette industrie est créatrice d’emplois qui pourraient résorber le chômage dont souffrent les pays africains. 
Et d’ajouter : “Le cinéma sénégalais, après l’indépendance,  était contrôlé par le ministère de l’Intérieur et de l’Information, et était destiné à la propagande. Mais, avec Senghor, la culture a occupé une place importante dans la politique de l’Etat. Senghor disait : «La culture c’est le développement». Ainsi, le cinéma sénégalais a connu un essor important. L’Etat a confirmé sa politique en matière de cinéma par la promulgation d’une panoplie de décrets et de lois. Les professionnels et la société civile ont joué un rôle prépondérant dans la promulgation de ces lois. Conséquence, la production d’une dizaine de films et la création de nouvelles sociétés de production… ».
Quant à Bassek Emile, il a mis l’accent sur les modèles marocain et nigérian. Selon lui, les cinémas marocain et nigérian méritent respect. Il a déploré la faible production cinématographique en Afrique. «Lorsqu’on interroge des responsables de l’audiovisuel en Afrique, lorsqu’on lit toutes les critiques sur la faiblesse de la production africaine de fictions, tout le monde s’accorde à dire qu’elle est due au coût élevé de production», a-t-il précisé, se demandant pourquoi les jeunes boudent le cinéma africain. «N’oublions pas qu’on a inculqué  à nos générations un modèle colonial, notamment celui français. La génération d’aujourd’hui a besoin d’une révolution culturelle », a-t-il conclu.  


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