Hommage à la revue marocaine “Souffles” à Genève en commémoration de son cinquantenaire

Un débat a été organisé récemment au Salon international du livre de Genève en hommage à la revue "Souffles", décrite par les organisateurs comme "une aventure hors du commun" pour les intellectuels marocains durant les années soixante du siècle dernier.
L’échange a eu lieu au Pavillon des cultures arabes, à l’occasion des 50 ans du lancement de cette expérience en présence de son principal artisan Abdellatif Laâbi, entouré des intellectuels Lamia Berrada, Younes Ajarrai, Anouar Benmalek et Jocelyne Laâbi.
Emu, l’écrivain et poète marocain a estimé que cette commémoration s’est imposée de soi-même avec la réédition de la collection Souffles (Anfas en arabe) avec l’appui de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM).
"Cet événement rappelle, non sans regret, l’élan fédérateur qui animait les énergies créatrices dans le monde arabe, un fait qui tranche avec la réalité de balkanisation du produit culturel aujourd’hui", a-t-il lancé devant un large public de divers horizons.
La revue Souffles, qui a vu le jour en 1966 et duré six ans, a réussi à rassembler de nombreux écrivains et artistes marocains et arabes : poètes, peintres, cinéastes, hommes de théâtre, chercheurs et penseurs.
"Cette collection a pu être rééditée grâce à la facilité qui nous a été accordée par la Bibliothèque nationale pour la numérisation, mais aussi grâce au soutien du ministère de la Culture pour la publication de cette mémoire vivante des intellectuels marocains", a déclaré l’éditeur Abdelkader Retnani qui a participé au débat.
Les numéros revisités, publiés il y a des dizaines d’années, sont toujours d’actualité, a-t-il relevé, tout en se félicitant du fait que le public du salon ait été réceptif à cette manifestation en ce sens qu’il y a lieu de s’imprégner d’une telle aventure propre au contexte marocain.
Aujourd’hui, l’intégralité de la revue en français et celle de Anfas en arabe est disponible sous format électronique à la Bibliothèque nationale du Royaume, suite à une convention dans ce sens signée entre la direction de la BNRM et M. Laâbi.
La revue a été lancée au départ à l’initiative des trois poètes Mohammed Khair-Eddine, Mostafa Nissabouri et Abdellatif Laâbi, qui en assurait la direction. Trois peintres ne tarderont pas à se joindre au projet, en l’occurrence Farid Belkahia, Mohamed Chebaa et Mohamed Melehi. De nombreuses autres figures du milieu culturel ont contribué à la revue, dont Driss Chraïbi, Jilali Gharbaoui, Abraham Serfaty, Tahar Benjelloun.
Le 30ème Salon du livre de Genève, où la Tunisie est l’invitée d’honneur, est marquée par la présence de cinq éditeurs marocains à travers un stand aménagé à l’initiative du ministère de la Culture.
Dans une déclaration à la MAP, l’éditrice marocaine Zineb Abderrazik (Editions Marsam) dresse un bilan "très positif" quant au nombre de nouvelles parutions, dès lors que les professionnels marocains s’investissent pour répondre au public genevois.
"Les éditions marocaines, qu’il s’agisse des recueils de poèmes, des romans ou des essais, sont globalement appréciées", a-t-elle noté, ajoutant que c’est très encourageant de voir des gens venir spécialement au Salon chercher des ouvrages publiés par des éditeurs marocains.