L'ex-secrétaire d'Etat ne parvient pas à se sortir de l'affaire des courriels écrits depuis sa messagerie privée lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, sous le premier mandat de Barack Obama (2009-2013), au lieu d'un compte gouvernemental sécurisé. Les premières révélations remontent au mois de mars mais Clinton n'arrive pas à s'en défaire, et sa cote auprès des électeurs démocrates s'est effritée. Pour la première fois, l'ex-Première dame est tombée cet été sous les 50% d'intentions de vote. Son image publique est aussi au plus bas depuis 2001.
Dans le même temps, elle a assisté à l'envol sur sa gauche de Bernie Sanders, sénateur indépendant du Vermont qui attire les foules dans ses meetings et porte un discours de gauche (réduction des inégalités, couverture maladie élargie, augmentation du salaire horaire minimum à 15 dollars, taxation supplémentaire des hauts revenus et gratuité des universités).
Aussi gênant pour l'ex-sénatrice de New York, l'idée d'une "candidature de recours" de l'actuel vice-président, Joe Biden, continue de bruisser dans les cercles démocrates. A 72 ans, Biden entretient le doute sur ses intentions.
Mi-septembre, invité du Late Show sur CBS, il expliquait avec émotion que la mort récente de son fils, Beau, ne le mettait pas dans une position lui permettant de se dévouer corps et âme à une nouvelle candidature à la présidence. Mais l'ex-élu du Delaware issu d'une famille modeste n'a pas pour autant fermé la porte à une troisième tentative après 1988 et 2008. Mardi soir, Clinton devait être au centre du plateau installé par CNN à Las Vegas, Sanders se tiendra à sa droite, les trois autres candidats déclarés - Martin O'Malley, Lincoln Chafee et Jim Webb - compléteront l'affiche. Une place avait été réservée à Biden dans l'éventualité où il se déciderait à tomber le masque avant le premier des six débats prévus pendant la primaire démocrate.
A l'approche de ce rendez-vous d'importance, Hillary Clinton avait opéré un virage sur sa gauche, se prononçant contre l'accord commercial de Partenariat transpacifique (TPP) qu'elle avait jusqu'alors défendu, rejetant le projet contesté d'oléoduc Keystone qui doit relier les gisements canadiens aux installations du Golfe du Mexique qu'elle se disait en 2010 encline à approuver ou dévoilant un plan d'action visant à freiner les abus de Wall Street.
L'idée est de se prémunir contre les attaques de Bernie Sanders, qui se présente comme un "socialiste démocrate", et de convaincre les syndicats et les militants de la gauche démocrate de rallier sa candidature.
Le risque est de prêter le flanc à des accusations d'opportunisme électoral quand Sanders porte lui le même discours depuis ses débuts en politique, dans les années 1970.
Mais le débat entre démocrates devrait être considérablement plus mesuré que les premières confrontations nationales entre les prétendants à l'investiture républicaine, riches en invectives, autour de l'impétueux Donald Trump.
Le sénateur du Vermont jouait gros dans ce débat, une première pour lui à l'échelle nationale et en prime-time. A 74 ans, ce natif de Brooklyn entré en politique pour dénoncer la guerre du Vietnam a en revanche l'habitude des confrontations.
Les adversaires politiques qui ont croisé sa route lors de sa longue carrière dressent le portrait d'un débatteur combatif, prompt à la colère et qui aime la confrontation.
Face à la stature nationale de Clinton, il pose en vrai challenger : si les observateurs et les sondages le donnent vainqueur, ce sera un coup d'accélérateur pour sa campagne.