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Harcelées et martyrisées


Mohamed BENARBIA
Mardi 14 Juillet 2009

Elle était sur une plage et, apparemment, elle ne devait pas être accoutrée à leur goût. Et, circonstances aggravantes, elle était en compagnie de connaissances mâles.
Mais le comble, c’est qu’elle semblait heureuse, un peu trop aux yeux de ces étranges censeurs et redresseurs de torts improvisés. Ses rires et sourires n’étaient manifestement pas pour leur plaire. Bref, elle était bonne pour toutes sortes de remontrance et de violence. Tout indiquée donc pour la pénitence, la bastonnade. Et le bannissement pendant qu’ils y étaient. Ça rigole pas avec la police des mœurs, version Hamas. Mais pour leur malheur aux sbires gardiens de la bonne morale et de la conduite sans reproche, notre brave dame a su leur tenir tête. Elle est bel et bien majeure et vaccinée, avec, en prime, la conscience tranquille, convaincue qu’elle était de ce qu’elle faisait. Et puis, ce n’est pas à une Palestinienne que l’on s’aventurerait à prodiguer quelques leçons de résistance.
Et pour clore le tout, et sans doute, en toute beauté, l’intéressée se trouve être journaliste. Elle a donc su rendre compte de cette triste et bien déplorable mésaventure.
Mais combien sont-elles, à travers, ce vaste monde arabe, de par sa superficie, mais trop exigu par ailleurs, à souffrir en silence, à se voir traiter en mineures, contraintes de subir sans coup férir la dictature mâle ?
Quelle logique voudrait, en ce vingt-et-unième siècle dans lequel on est censé vivre, que l’on soit interdit « à perpète », de volant, avec pour seul « délit » d’être née femme ?
Ou encore que l’on se fasse « barricader », malgré soi, derrière « les barreaux » d’une burka ou quelque autre truc tout aussi sombre et opaque.
L’homme est inconstant. Il doit saliver et baver à la vue de la première femelle et c’est donc pour le protéger, pour éviter qu’il se fasse tenter que l’on couvre de la tête au gros orteil, cette diablesse de femme, source de toutes les tentations et de tous les malheurs.
Et pendant ce temps, ces obsédés harceleurs ont la vie belle. Ils peuvent bien se permettre d’empoisonner l’existence des femmes indépendamment de la nature et du genre de leurs habits. C’est même un droit. Et c’est bien paradoxal et surtout plus alarmant quand cela se passe dans un Etat de droit.


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