France 3 : Chronique d'une grande imposture


Par Olivier Levasseur Journaliste indépendant - Québec - Canada
Lundi 30 Mai 2016

Le documentaire consacré au Roi du Maroc, réalisé par le reporter freelance Jean-Louis Perez pour la société de production Premières Lignes de Pierre Moreira, et dont la diffusion est programmée le 26 mai par la chaîne Française France 3, suscite déjà la polémique au Maroc, avant même qu’il ne soit porté à l’écran. Pourquoi une telle levée de boucliers dans le  Royaume ? 
L’histoire de ce film indique que le projet n’est pas le fruit d’un travail journalistique dépassionné. Il a été, dès sa conception, conçu comme une version audiovisuelle d’un brûlot, «Le Roi Prédateur», publié chez Grasset, alors que le Printemps arabe battait son plein. L’ouvrage, résolument à charge contre le monarque marocain, est l’œuvre de deux journalistes aux parcours distincts mais tous deux troubles : Eric Laurent et Catherine Graciet, dont la collaboration sur ce livre avait un objectif caché qui ne sera révélé que des années plus tard, à l’occasion de l’affaire la plus dévastatrice pour la réputation de la presse française, celle du chantage à un chef d’Etat étranger, en l’occurrence Mohammed VI lui-même.
Lorsque l’idée de réaliser le documentaire «Roi du Maroc, le règne secret», produit par Luc Hermann avait été évoquée entre Jean-Louis Perez et le binôme Graciet-Laurent, ces derniers traînaient déjà une certaine réputation auprès des connaisseurs du Palais de Rabat. Dans un passé lointain, Eric Laurent avait eu le privilège de recueillir le témoignage du défunt Roi Hassan II, un livre hagiographique qui lui avait valu une certaine aura dans les cercles parisiens, où le journaliste se targuait d’être ainsi devenu un spécialiste du Royaume. Sa colistière Catherine Graciet avait pour sa part exercé sa plume dans la rédaction d’un magazine marocain connu pour avoir fait bouger les lignes de la presse locale.
Le filon qui avait permis aux deux de se faire davantage connaître lors de la sortie de leur livre, dont le succès était fondé sur la promesse de faire choir le trône du Maroc dans le contexte des révolutions arabes - pari pour le moins perdu -, devait être encore une fois creusé, tant il promettait de substantiels gains. Quoi de plus évident pour ses concepteurs que d’en revendre les droits d’adaptation à une maison de production à l’affût de bons clients !
Les tractations les ont menés à frapper à la porte de France 3 pour trouver à ce film un débouché. La chaîne les a reçus à bras ouverts grâce à la sollicitude d’un autre confrère, Joseph Tual, vieux briscard de France Télévisions, connu pour son obsession presque maladive pour l’affaire Ben Barka.
Une fois le contrat bouclé en 2014, restait de l’envelopper du témoignage de quelques figures de l’opposition marocaine connue pour être bien clairsemée. En France, Graciet a ouvert son carnet d’adresses à Perez. 
On y retrouve les mêmes noms de quelques exilés de circonstance qui ne manquent : le prince Moulay Hicham, réputé pour sa fatigante marotte à vouloir critiquer son cousin le Roi, Aboubakr Jamaï, ancien employeur de Graciet à Casablanca, Mustapha Adib, un ancien militaire radié de l’armée pour fausse dénonciation de ses supérieurs, Ali Lmrabet, un blogueur intermittent établi dans les milieux indépendantistes catalans hostiles au Maroc, et quelques voix aussi éparses qu’inaudibles au pays.
Tout était tracé pour un remake bien lucratif, d’autant plus que le contexte s’y prêtait comme un gant : Rabat et Paris vivaient passablement des moments tendus dans leurs relations bilatérales. 
Mais un cauchemar allait jeter ce projet aux oubliettes : Graciet et Laurent ayant eu la très fâcheuse idée de vouloir faire chanter le Roi du Maroc en agitant sous le nez de ses conseillers le projet d’un autre livre faussement cataclysmique. Pris au piège par la police dans un palace parisien où les deux compères avaient empoché une avance de plusieurs milliers d’euros, monnaie d’échange contre leur silence, leur réputation s’en est trouvée détruite.
Perez n’a toutefois pas lâché le morceau, lui qui avait déjà engagé de gros sous dans un voyage au Maroc où il s’est fait passé pour un décorateur en goguette à Marrakech. A Casablanca auprès de sources connues pour leur aversion de l’Etat et de ses institutions, puis à Rabat auprès des milieux gauchistes et islamistes, le reporter a tenté de tromper ses interlocuteurs en prétendant que le sujet de l’œuvre était consacré à une radioscopie des économies du Maghreb. Un mensonge supplémentaire qui a provoqué le désistement d’un patron de presse et de quelques universitaires qui ont dans de récents communiqués exprimé leur désaveu et leurs distances du film. Renvoyé du Maroc pour fausses déclarations, il a agité pendant des mois la menace de représailles contre un Etat souverain qui n’a fait qu’appliquer la loi à son encontre.
Pour ce faire, et avec le soutien de certaines individualités internes chez France Télévisions, il a tenté de remanier son scénario pour enfin diffuser son film, alors que sa partenaire dans le projet est poursuivie en France pour escroquerie et chantage caractérisés! Un comble! Nul doute que son «témoignage exclusif» de sa misérable affaire sera lui aussi versé comme pièce supplémentaire à son volumineux dossier lors de son procès.
Que reste-t-il de cette énième tentative de faire passer le Roi du Maroc pour un dictateur d’opérette ? Rien que les décombres de cette entreprise de déstabilisation qui n’a eu pour mérite que de démontrer la collusion de tous ceux, qui sous la bannière du prince Moulay Hicham, tentent désespérément de faire vaciller aux yeux du monde, la seule nation stable de la région.
 


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