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Fin du mandat du président du Conseil Royal consultatif pour les affaires sahariennes

Remue-ménage annoncé à la tête du Corcas


M’Hamed HAMROUCH
Vendredi 2 Avril 2010

Khallihenna Ould Errachid fera-t-il ses adieux au Corcas ? La question de son maintien ou de son départ est plus que jamais d’actualité, après l’expiration de son mandat le 25 mars dernier. D’après des sources proches de cette institution, le président sortant aurait été convoqué mardi à Casablanca où il devait être reçu par SM le Roi Mohammed VI. Mais selon les mêmes sources, l’audience que devait lui accorder le Souverain aurait été annulée en dernière minute. Laissant ainsi planer un grand point d’interrogation sur la succession d’une personnalité ayant occupé un poste-clef dans le dossier du Sahara mais qui a fait l’objet d’une controverse au sein même de l’institution qu’il a présidée. La question de son bilan durant les quatre premières années suscite déjà des avis partagés tellement la polémique est vive. Si la majorité s’accorde sur l’importance de la création du Conseil, le rôle qu’il a joué dans le plan d’autonomie, à l’origine des négociations engagées en juin 2007 entre le Maroc et le Polisario, d’autres veulent bien afficher leurs réserves sur ce qu’ils appellent «l’unilatéralisme» de Khallihenna Ould Errachid. «Khallihenna n’a pas su créer la dynamique souhaitée dans les provinces sahariennes, préférant se retrancher dans sa tour d’ivoire à Rabat au lieu d’entrer en contact direct avec la population», reproche un membre du Conseil Royal consultatif pour les affaires sahariennes. Ce dernier en veut pour preuve le fait qu’aucune section du Conseil n’ait été créée dans les provinces du Sud, ce qui aurait lourdement pénalisé le travail de proximité que le Conseil devait mener auprès de la population. D’autres, plus virulents encore, reprochent à Khalihenna Ould Errachid d’avoir mis en veilleuse le travail des commissions. La démission fracassante de Husseïn Beïda, ancien président de la commission des droits de l’Homme, est citée comme l’illustration parfaite de l’inaction des commissions du Conseil. «La seule commission qui ait pu travailler de manière impeccable est celle des relations extérieures», ironise un membre du Conseil, qui est allé encore plus loin en accusant le président d’avoir transformé le Conseil en «agence de voyages».
Mais c’est ignorer parfaitement la mission du Corcas en tenant un propos pareil. Etant considéré comme le stratège du plan d’autonomie, étant donné qu’il a participé à hauteur de 90 pour cent à son élaboration, il était évident que ce Conseil soit une pièce maîtresse dans le ballet diplomatique mené par le Royaume à l’échelle internationale pour expliquer le bien-fondé de son initiative. Voilà qui explique les voyages coperniciens effectués par le Corcas à travers le monde, il s’agissait naturellement de remporter l’adhésion la plus large possible autour de l’initiative marocaine destinée à octroyer des prérogatives d’autogestion à la population des provinces sahariennes.
Quand, à cela il faut ajouter le rôle central joué par le Conseil lors des quatre rounds de négociations, tirant le tapis sous le pied du Polisario qui prétendait être «le représentant unique et exclusif des Sahraouis», on comprendrait mieux pourquoi la communauté internationale s’était rangée du côté de la position marocaine. Le Conseil a démontré qu’il représente les deux tiers de la population sahraouie, à l’opposé d’un Polisario déjà mis à mal par une cascade de défections. Mohamed Talib, membre du Corcas, parle de «vrai coup d’éclat» à mettre à l’actif du mandat de Khallihenna Ould Errachid.
Mais voilà, les récents développements du dossier du Sahara impliquent un passage à la vitesse supérieure. Le blocage du processus de Manhasset, orchestré par le Polisario avec la complicité algérienne, exige un recadrage de l’action du Corcas. L’annonce du projet de régionalisation élargie par SM le Roi préfigure un changement de cap dans la stratégie du Royaume. «Un changement à la tête du Corcas s’impose aujourd’hui pour mener à bon port cette nouvelle stratégie», estime un observateur. Sur le point de savoir s’il faut tourner aujourd’hui la page Khallihenna Ould Errachid, nombre de spécialistes répondent par l’affirmative.
Récapitulons : Il est vrai que Khallihenna Ould Errachid a réussi à asseoir la légitimité du Corcas auprès de la communauté internationale, il va falloir désormais un profil consensuel aux yeux de la population des provinces du Sud.
C’est aujourd’hui une priorité pressante, d’autant plus que les séparatistes guettent la moindre «brèche» pour semer la division à l’intérieur même des provinces sahariennes.


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