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Exécutions de condamnés dans un chaos total en Indonésie


Libé
Samedi 30 Juillet 2016

Les exécutions ont eu lieu en dépit des appels d'ONG de défense des droits de l'Homme, du secrétaire général de l'ONU et de l’UE

L'Indonésie a exécuté vendredi quatre condamnés à mort pour trafic de drogue mais dix autres qui devaient être fusillés ont apparemment obtenu un sursis lors d'un processus confus de bout en bout et qualifié par un avocat de "chaos total".
Les exécutions au complexe pénitentiaire de Nusakambangan (sud), "l'Alcatraz indonésien", ont eu lieu en dépit des vives protestations d'ONG de défense des droits de l'Homme, du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, et de l'Union européenne qui avaient appelé Jakarta à y renoncer.
Quatre détenus - trois Nigérians et un Indonésien - ont été abattus par arme à feu peu après minuit. L'un des prisonniers nigérian a été incinéré quelques heures plus tard, tandis que les corps des trois autres étaient préparés pour l'inhumation.
Mais des questions ont fusé quant au déroulement des opérations sous une pluie battante avec de violents orages. Dix autres condamnés, incluant des ressortissants d'Inde, du Pakistan et du Zimbabwe, devaient passer devant le peloton d'exécution dans une clairière dans la jungle, avant d'être finalement épargnés à la dernière minute sans explication.
Le procureur général d'Indonésie, Muhammad Prasetyo, chargé des exécutions, a indiqué vendredi que ces condamnés avaient regagné leur cellule, suggérant que leur exécution n'était pas imminente.
"Nous allons décider plus tard du sort des 10 condamnés (non exécutés). Nous verrons quand ce sera le bon moment", a-t-il déclaré.
"Mais une chose est sûre: nous n'allons jamais cesser les exécutions de détenus dans le couloir de la mort", a-t-il martelé.
Les avocats des condamnés ont été maintenus dans le flou complet, sans savoir pourquoi les exécutions prévues n'avaient pas eu lieu, a déploré l'avocat Ricky Gunawan, qui défendait le Nigérian Humphrey Jefferson Ejike Eleweke, parmi ceux qui ont été ligotés à un poteau et fusillés.
"Les exécutions ce matin étaient un chaos total. Aucune information claire ne nous a été donnée sur le déroulement des exécutions, sur la raison pour laquelle seulement quatre (ont été exécutés) et sur ce qui se passe pour les 10 autres", a déclaré à l'AFP M. Gunawan depuis Cilacap, ville face à la petite île abritant "l'Alcatraz indonésien", où avocats et familles étaient rassemblés dans la nuit.
Des membres de familles de condamnés étaient déjà sous le choc jeudi matin quand ils ont appris que l'exécution de leurs proches avait été avancée d'une journée par rapport à ce qui était prévu initialement. Ils s'étaient précipités à Nusakambangan pour faire leurs adieux aux condamnés, dont certains ont finalement regagné leur cellule.
Le président indonésien Joko Widodo défend le recours à la peine de mort pour combattre le trafic de drogue en répétant que son pays mène une guerre contre les produits stupéfiants et que les trafiquants doivent être sévèrement sanctionnés.
Les exécutions de vendredi sont la troisième série depuis l'arrivée au pouvoir en octobre 2014 de Joko Widodo. La précédente remonte à avril 2015, avec l'exécution de huit hommes - deux Australiens, un Brésilien, quatre Nigérians et un Indonésien - condamnés pour trafic de drogue dans des affaires distinctes. Cela avait provoqué de vives critiques internationales, l'Australie allant jusqu'à rappeler temporairement son ambassadeur.
Parmi les autres étrangers dans le couloir de la mort figurent le Français Serge Atlaoui et la Philippine Mary Jane Veloso, condamnés pour trafic de drogue et tous deux retirés de la liste d'exécutions l'an passé.
Le second avocat du Nigérian Eleweke, Afif Abdul Qoyim, a déclaré à l'AFP que son client n'aurait pas dû être exécuté dans la mesure où il avait déposé un recours en justice plus tôt dans la semaine.
"Quand cette procédure n'est pas respectée, cela signifie que ce n'est plus un pays qui respecte la loi ni les droits de l'Homme", a-t-il dit.
Amnesty International a de son côté dénoncé des "lacunes systémiques" dans les procès de plusieurs condamnés dans le couloir de la mort et avait appelé l'Indonésie à stopper les exécutions.


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