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Examens en suspens


Mourad Tabet
Lundi 10 Juin 2019

Les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé n’ont assurément pas réussi à désamorcer la tension au sein des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire malgré le ton lénifiant de leur communiqué commun annonçant la tenue à partir d’aujourd’hui des examens de la session de printemps dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire.
Ils ont en outre souligné avoir pris l’initiative de présenter une offre saluée par le gouvernement et répondant favorablement à l’ensemble des points légitimes contenus dans le dossier revendicatif des étudiants. 
Cette offre marque, selon eux, une avancée substantielle sur les deux points de divergence relatifs au concours de résidanat et à la sixième année de médecine dentaire, note ledit communiqué en faisant remarquer que ces points qui n’étaient pas inscrits au dossier revendicatif préliminaire des étudiants, ne revêtent pas un caractère urgent, étant donné que leur mise en œuvre n’est prévue que dans deux ans. 
Selon ce même document, les deux ministères ont réagi favorablement aux médiations proposées par les présidents des groupes parlementaires à la Chambre des représentants, le Syndicat national de l’enseignement supérieur, les associations d’enseignants en facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire et l’Observatoire national du système d’éducation et de formation, afin de trouver une issue à cette situation. 
Ces deux départements ont donc appelé les étudiants des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire à rejoindre leur établissement et à passer les examens du deuxième semestre conformément au planning fixé à cet effet.
Ils rappellent, également, avoir entrepris l’ensemble des démarches logistiques nécessaires, afin d’assurer les meilleures conditions à la tenue de ces épreuves. 
Une décision qui ne semble pas avoir plu aux principales parties concernées par ces examens, à savoir  les étudiants et leurs professeurs. En effet, les enseignants de la Faculté de médecine et de pharmacie à Casablanca sont montés au créneau et ont décidé de boycotter les examens et, partant, l’incontournable surveillance sans laquelle ces examens ne seraient nullement fondés.
Dans un communiqué qu’ils ont rendu public à ce propos, ils ont justifié leur décision par « l’absence des conditions idoines et idéales pour passer les examens le 10 juin 2019», et appelé les ministères de l’Education nationale et de la Santé à « reprogrammer les examens dans des conditions saines ».
Cette décision a été prise lors d’une assemblée générale extraordinaire organisée mardi dernier par les enseignants de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca pour débattre du mouvement de protestation des étudiants, des résultats de la médiation entre les deux ministères d’une part et la Coordination nationale des étudiants d’autre part, ainsi que des résultats de la dernière réunion tenue lundi 3 juin entre le ministère de l’Enseignement supérieur et la commission nationale de la médiation.
Lors de cette AG extraordinaire, les enseignants ont salué la décision prise lors de l’assemblée générale tenue le 29 mai dernier et lors de laquelle les enseignants ont appelé à «l’ajournement des examens jusqu’à ce que les conditions pédagogiques soient remplies». 
Et, cerise sur le gâteau : les deux ministères ont annoncé la date des examens malgré le fait que la Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc ait appelé, dans un communiqué rendu public jeudi dernier, à leur boycott.
« Nous avons été surpris de voir le ministère de l’Enseignement supérieur et les doyens des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire maintenir les examens du 10 juin, alors qu’ils savaient pertinemment que les cours étaient suspendus depuis le 19 mars dernier sans prendre en considération les conditions pédagogiques et les conditions objectives des examens. Tout cela pose des questions sur le véritable but recherché à travers la programmation de cette date », a souligné la Commission nationale dans son communiqué. La même source a, par ailleurs, appelé les parents des étudiants à organiser ce lundi des sit-in de protestation devant les Facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire.
« Nous ne savons pas comment les choses vont se dérouler aujourd’hui. Mais ce qui est sûr, c’est que le communiqué des deux départements ministériels a créé la confusion », a martelé une source du SNESup contactée par Libé. 
Selon cette source qui a requis l’anonymat, ce sont les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé qui sont responsables de cette confusion. « Ils auraient dû fixer la date des examens en concertation avec les parties concernées, à savoir les étudiants et les enseignants des facultés de médecine et de pharmacie », a-t-elle mis en avant, tout en soulignant que les revendications qui ont été à l’origine du mouvement estudiantin qui perdure depuis le 25 mars sont légitimes et particulièrement celles concernant l’ouverture des  examens d’internat et de résidanat aux étudiants du secteur privé et l’ajout d’une 6ème année au cycle des études de médecine dentaire.
 

​Un déficit patent

L’ancien Premier ministre, Driss Jettou, avait lancé en 2007 le projet de former 3.300 médecins par an. Objectif: atteindre 35.000 médecins à l’horizon 2020. 
Des années après, nous sommes loin du compte: à peine 24.000 médecins d’ici 2020, soit un déficit de 11.000 praticiens. 
L’autorisation accordée par Lahcen Daoudi au temps où il officiait en tant que ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à la création de facultés privées, dans le cadre d’un partenariat à but non lucratif, s’inscrit dans l’objectif de résorber un tant soi peu ce déficit en fermant temporairement les yeux sur les conditions strictes qui doivent légalement sous-tendre l’octroi de pareilles autorisations et qui obligent ces facultés  à disposer d’un établissement hospitalier. 
Avant de quitter son poste, il s’était d’ailleurs justifié en déclarant  : « On m’accuse déjà d’avoir autorisé facilement des universités privées. Jamais. Les dernières ayant été autorisées sont adossées à des fondations à but non lucratif, comme c’est le cas de la Fondation Cheikh Zaid Ibn Soltane qui a créé une Faculté de médecine à Rabat, ou encore l’Université privée de la science de la santé adossée à la Fondation Cheikh Khalifa. Il ne s’agit pas là d’établissements privés dont les promoteurs mettent l’argent gagné dans leurs poches, mais c’est un partenariat public-public. Les étudiants n’y payent que les frais d’inscriptions, qui s’élèvent, c’est vrai, à 120.000 et 130.000 DH par an, mais au moins 20% des effectifs de ces universités bénéficient de bourses, il faut bien que les pauvres aussi aient droit à ces études. Au lieu d’envoyer ses enfants faire la médecine à l’étranger avec toutes les dépenses que cela implique, pourquoi ne pas les inscrire ici au Maroc ? Il n’y a d’ailleurs plus de place dans ces deux établissements de médecine que je viens de citer, ils ont déjà fait le plein. Marocains et étudiants de pays africains s’y bousculent. Alors que certains syndicats continuent de parler encore de marchandisation de l’enseignement, c’est de la préhistoire. L’Etat ne peut pas tout faire».


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