Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

Espoir et relativité : Taux de décés en baisse

Pas de nouveaux cas au niveau de plusieurs régions


Chady Chaabi
Lundi 27 Avril 2020

Espoir et relativité : Taux de décés en baisse
En constante évolution, le bilan épidémiologique du Covid-19 au Maroc faisait état, dimanche 26 avril à 10h, de 4.047 cas confirmés, 160 décès et 557 guérisons. En une nuit, il s’est alourdi de 150 nouveaux cas. Dans le même temps, 20 guérisons ont été enregistrées. Une personne est malheureusement décédée. Ces chiffres fournis par le ministère de la Santé peuvent être expliqués par l’apparition de foyers, notamment dans la région de Drâa-Tafilalet, concernée par 90 des 150 cas nouvellement recensés. Le foyer infectieux de la prison d’Ouarzazate n’est certainement pas étranger à cet état de fait.
 
Sept foyers industriels mis en cause
 
De manière générale, les foyers sont la hantise de l’Exécutif. Il y a quelques jours, le ministère de tutelle a révélé l’apparition de plusieurs d’entre eux dans de nombreuses villes du Royaume. Si l’on met de côté la région de Drâa-Tafilalet précitée, les trois plus fortes hausses de cas lors des dernières 24h ont été enregistrées dans les régions de Fès-Meknès (+12), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (+21) et Casa-Settat (+17). Dans la région de Fès-Meknès (515 cas), les nouveaux cas seraient liés à un grand centre commercial de la capitale spirituelle. En revanche, à Tanger-Tétouan-Al Hoceima (523 cas) et Casablanca-Settat (1058), pas moins de sept foyers industriels sont mis en cause. L’explication la plus logique serait que plusieurs unités industrielles n’avaient pas arrêté leurs activités au début du confinement. Pis, de toute évidence, aucune mesure préventive n’a été instaurée ou du moins respectée. D’ailleurs, ces régions seraient sous haute surveillance et à la porte de la phase trois. Ceci étant, on ne sait plus vraiment comment s’y prendre avec ce taux de reproduction du virus dit R0.
 
Depuis plus d’une semaine, on nous parle d’un taux R0 en dessous de 1. Samedi, il aurait même été de 0,89. Normalement, si l’on en croit la littérature scientifique sur le sujet, cela devait sonner le glas du Covid-19 et sa disparition. Mais force est de constater que ce n’est toujours pas le cas. Les chiffres sont même en constante hausse. Certes, il n’y a pas d’accélération, mais la trajectoire de la courbe jette un voile sur la véracité du taux de R0 annoncé. Mais comment peut-on s’appuyer sur ce chiffre alors qu’il est biaisé au risque de créer un relâchement chez la population ? Biaisé car le taux de reproduction est intiment lié au nombre de tests réalisés. Plus on teste, plus on s’approche de la réalité du R0. Or, c’est un secret de Polichinelle, le Maroc est loin d’avoir une stratégie de dépistage massive et généralisée. En somme, entre le taux R0 annoncé et la réalité, il existe un gouffre difficile à combler en l’absence de test. Mais cela ne doit pas être un frein à l’optimisme, bien au contraire.
 
Les raisons d’être optimiste existent
 
Les raisons de croire en un avenir meilleur, un futur proche où le Covid-19 n’aura plus sa place existent bel et bien. D’abord, dans plusieurs régions du Royaume, aucun cas n’a été enregistré lors de la nuit dernière. Il s’agit des régions de Beni Mellal-Khénifra (78 cas confirmés), Dakhla-Oued Ed-Dahab (2), Laâyoune-Sakia El Hamra (4​​​​), Souss-Massa (50) et surtout la région de l’Oriental où jusqu’à présent 175 personnes ont été contaminées. Toutes ces régions sont la preuve qu’avec de la discipline et une conscience aussi bien collective qu’individuelle, stopper la propagation du virus n’est pas impossible. Ensuite, le taux de mortalité a baissé. En parallèle, celui des guérisons a grimpé en flèche. Les raisons sont simples. Elles peuvent s’appliquer pour tout le continent africain auquel les médias européens annonçaient les pires scénarios, alors qu’aujourd’hui, il est épargné par les affres du virus contrairement à d’autres continents, en l’occurrence l’Europe et l’Amérique du Nord.
 
L’Afrique relativement épargnée
 
A commencer par la pyramide des âges. En Afrique, 40% de la population a moins de 15 ans. Au Maroc, considéré comme un pays jeune, près d’un habitant sur trois a moins de 15 ans. Et quand on sait que le taux de mortalité du coronavirus varie considérablement selon les groupes d’âge, allant de 0,0016 % pour les enfants de moins de dix ans à 7,8 % chez les plus de 79 ans, le constat selon lequel l’Afrique est relativement épargnée par rapport à d’autres continents prend tout sons sens. Cependant, ces conclusions sont à prendre avec des pincettes. Car depuis l’épidémie, il y a un enseignement qui revient toujours, tel un boomerang : la vérité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui et encore moins celle de demain.
 
Par contre, on peut être sûr d’une chose, les pays africains ont été beaucoup plus proactifs comparés à des nations comme l’Espagne, l’Italie ou la France. Déjà parce que le virus est apparu en Afrique un peu plus tard qu’en Europe. En d’autres termes, les pays africains ont eu le temps de s’organiser et de prendre des mesures assez tôt. Ensuite, d’un point de vue purement scientifique, « les pays riches et développés ont eu des succès beaucoup moins importants que les pays pauvres ou en voie de développement », a avancé le Professeur Raoult, infectiologue, directeur de l’IHU Méditerranée et ardent défenseur du traitement à la chloroquine. Mais pourquoi donc ? Pour le natif de Dakar, « les pays pauvres ou en voie de développement ont choisi raisonnablement de traiter le Covid-19 comme une pneumonie avec des médicaments banals et peu coûteux. Par conséquent, ils ont des taux de mortalité beaucoup plus faibles ». C’est le cas du Maroc notamment.
En guise d’argumentaire, le Professeur Raoult met en avant une irréfutable réalité. « Dans les 15 pays où il y a les plus forts taux de mortalité, on ne retrouve que des pays riches. Ce qui prouve qu’il y a une déconnexion entre la richesse et la capacité à répondre à des situations de cet ordre-là. D’ailleurs si j’ai été en partie capable d’y répondre, c’est parce que je suis en partie africain. Et donc cette partie de mes origines me laisse penser qu’il faut traiter le Covid-19 comme une maladie infectieuse», conclut-il avec un trait d’humour. Dans cette vidéo disponible sur la chaîne YouTube de l’IHU Méditerranée, il défend également la thèse de la saisonnalité, selon laquelle le Covid-19 risque de disparaître dans quelques semaines. Jusqu’à présent, les prédictions du Professeur Raoult se sont confirmées. Comme en atteste cette commande de chloroquine achetée par l’armée française afin de traiter ses soldats contaminés alors que le gouvernement hésite encore à l’administrer à l’ensemble des patients atteints dans l’Hexagone.


Lu 841 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Actualité | Dossiers du weekend | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile







L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          





Flux RSS
p