Errachidia/ La Faculté des sciences et techniques : promotion de la médiocrité


*Abdelhak EL OUASSOULI
Jeudi 29 Juillet 2010

La Faculté des sciences et techniques (FST) d’Errachidia est sur le chemin du déclin à cause d’une alliance entre ceux qui veulent faire de cette Faculté un bastion de recrutement politico-religieux et une administration accommodante qui n’hésite pas à échanger la docilité contre la médiocrité. C’est une histoire de déclin programmé.
Les FST telles que celle d’Errachidia ont connu un certain développement. En effet, la stabilité du corps enseignant et le développement de la recherche ont favorisé un relatif rayonnement du moins dans le développement des filières et des cursus. Dans son apogée, l’FST d’Erachidia a pu offrir 9 maîtrises et même des cycles doctoraux. Or, en 1996 et à l’occasion de l’embauche des docteurs chômeurs, tout un groupe appartenant à la mouvance islamiste est arrivé à la Faculté, et qui est parvenu par la suite à mettre la main sur le bureau local du SNEsup en dehors de la légalité provoquant sa paralysie au bénéfice de l’administration.
Même si auparavant le recrutement s’effectuait dans cette Faculté sur la base tribale et à partir de certaines affluences qui existaient au ministère, ces nouveaux arrivants ont fait de la Faculté non pas un lieu de connaissance et de rayonnement de la connaissance mais un lieu de recrutement sur la base d’appartenance politico-religieuse. L’administration a favorisé ce fait. En effet, elle a acheté la docilité de ce groupe en nommant presque systématiquement un de leurs leaders dans les commissions de recrutement. Ainsi celles-ci sont souvent constituées sur mesure : le seul critère de recrutement demeure l’aptitude du candidat à intégrer ce fonctionnement de type sectaire.
D’ailleurs c’est cette logique aberrante qui m’a conduit à m’intéresser de plus près au fonctionnement de cette Faculté. Il se trouve qu’une proche a postulé à deux reprises au poste de professeur assistant en mathématiques. A la deuxième tentative, elle a été classée première sur dossier. Or le déroulement de l’entretien a montré qu’un groupe de fanatiques use de stratagèmes machiavéliques pour perpétuer la mainmise sur cette Faculté. C’est ainsi que leur leader, dont le travail de recherche est quasi inexistant, a mené une guerre psychologique de déstabilisation se focalisant sur des questions qui n’ont rien à voir, ni avec la recherche ni avec le métier d’enseignant chercheur. Il était seulement question de futilités telles que l’année d’obtention du baccalauréat, ou plus aberrant encore, le fait de citer une phrase de la thèse et demander au candidat de réciter la suite comme s’il s’agissait de la méthode de l’apprentissage du Coran. Résultat : le candidat retenu dont le travail de recherche est nettement inférieur à celui de beaucoup de postulants, a des liens avec certains islamistes influents. Ainsi la boucle est bouclée.
Les résultats ont été contestés auprès du ministère, mais fera-t-il le nécessaire ? Chacun doit prendre ses responsabilités.
L’autre problème dont souffre cette Faculté est celui de l’instabilité géographique d’une partie du corps enseignant, certains résident même à l’étranger alors que d’autres dans diverses villes du pays. Seule une petite minorité a véritablement le souci de développer cette FST. D’ailleurs, cette situation a fait l’objet de plusieurs articles de presse. Un audit a même été demandé. Or on se demande ce qu’attendent les autorités décisionnaires pour réagir avant qu’il ne soit trop tard. Chacun et à son niveau doit prendre ses responsabilités y compris par la révision des commissions de recrutement. Si cette tendance au déclin se perpétue, ce sont les étudiants qui vont en pâtir
Concernant la question de recrutement et des procédures de sélection, personne n’ignore qu’elles sont presque toujours entachées d’irrégularités. Il arrive même que les postulants connaissent le nom de la personne à recruter avant même l’établissement de la commission. Qui a donc intérêt à perpétuer ce système qui ne peut produire que l’allégeance et la médiocrité ? Il est donc urgent de revoir les procédures de recrutement par la désignation d’enseignants chercheurs dont la compétence scientifique et l’honnêteté sont incontestables à l’échelle nationale et internationale. C’est le seul moyen d’offrir à nos étudiants un enseignement de qualité et au pays des chercheurs qui peuvent contribuer à son développement.
Enfin, concernant l’FST d’Errachidia et en tant que citoyen natif de la région, je considère qu’il est urgent de diagnostiquer les problèmes de fonctionnement et d’y apporter les réponses adéquates afin de stopper le déclin de cette Faculté qui se trouve dans l’une des régions les plus pauvres du Maroc et qui pourrait jouer un rôle effectif de tremplin pour le développement de cette région à la fois au niveau scientifique, et culturel et surtout économique.

*Professeur universitaire


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1.Posté par enseignant enretraite le 31/07/2010 17:45
L'Etat doit chasser les intégristes fascistes des facultés :il va de l'avenir du Maroc; regarder ce que les sanguinaires intégristes ont fait en Algérie, 200 000 morts faits par les salafistes assassins en Algérie, sauvons la paix dont jouit notre pays et construisons pas à pas la démocratie ennemi des intégristes

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