Erna Solberg, Première ministre “normale” de Norvège


Jeudi 14 Septembre 2017

Immortalisée dans des situations improbables, jouant au Pokémon Go au Parlement ou embrassant une otarie, la Norvégienne Erna Solberg se veut une cheffe de gouvernement "normale", un choix sûr en des temps incertains.
Victorieuse d'un scrutin ultra serré lundi, la dirigeante de 56 ans est la première conservatrice à remporter deux élections législatives d'affilée en plus de 30 ans en Norvège, riche pays pétrolier.
Cette victoire, Mme Solberg l'a bâtie sur la promesse d'une continuité rassurante après quatre ans au cours desquels elle a, au sein d'une coalition avec le parti du Progrès (anti-immigration), bataillé contre les crises: celle du secteur pétrolier due à la chute du cours du baril à partir de l'été 2014 et celle des migrants en 2015.
"Nous avons reçu le soutien (des électeurs) pour quatre années de plus parce que nous avons produit les résultats que nous avions promis", a-t-elle lancé lundi soir devant ses partisans, rapporte l’AFP.
D'âpres tractations attendent cependant Mme Solberg pour s'assurer une majorité solidaire et stable au Parlement: les deux petits partis de centre droit qui l'appuient - démocrates-chrétiens et libéraux - affichent des désaccords croissants avec le parti du Progrès sur des thèmes comme le climat ou les réfugiés.
Deuxième femme de l'Histoire à gouverner la Norvège après la travailliste Gro Harlem Brundtland, cette native de la cité hanséatique de Bergen (ouest) a fait toute sa carrière en politique.
Après de longues études de science politique et d'économie, elle devient députée à 28 ans, un poste qu'elle ne quittera plus que pour siéger au gouvernement.
Elle gagne le surnom d'"Erna de fer" pour la poigne dont elle fait preuve dans la gestion des questions d'immigration au poste de ministre des Collectivités locales entre 2001 et 2005.
Cette année-là, elle frôle l'éviction de la présidence des conservateurs, un an seulement après en avoir pris les rênes, à cause de résultats électoraux calamiteux.
Elle infléchit alors la ligne officielle du parti en mettant l'accent sur les questions sociales. "Les gens, pas l'argent" devient son mot d'ordre.
Pas question pour cette femme politiquement proche d'Angela Merkel de démanteler l'État-providence si cher à ses compatriotes. Son credo est plutôt d'abaisser la pression fiscale et de faire une place plus large aux acteurs privés dans les services publics pour en améliorer l'efficacité.
Combinant maîtrise des dossiers et décontraction, elle élargit la base de l'électorat conservateur et redonne aux Norvégiens le goût de voter pour un parti un peu poussiéreux et guindé.
Mariée et mère de deux enfants, la politicienne blonde et corpulente se laisse photographier en train de sauter sur un mini-trampoline ou chez elle, au milieu d'un joyeux foutoir avec la table à repasser trônant près d'une modeste étagère en bois remplie de bouteilles d'alcool.
Et cela paye. En 2013, elle accède au pouvoir aux côtés des populistes "light" du parti du Progrès, alliés encombrants mais indispensables, que les critiques lui reprochent de ne pas suffisamment brider.
Une enquête réalisée lors de la campagne électorale qui vient de s'achever montre que, dans une inversion des rôles stéréotypés, elle bénéficie d'une image beaucoup plus "populo" que son rival travailliste, le multimillionnaire Jonas Gahr Støre, un atout dans un pays très égalitariste.
"La cheffe du parti conservateur est considérée par la majorité des gens comme posée, intelligente, proche du peuple et joyeuse. De fait, aucun autre dirigeant de parti n'est considéré plus proche du peuple", observe le magazine Kampanje.
Dotée d'un fort instinct de compétition, elle est aussi férue de jeux virtuels. On l'a vue jouer à Pokémon Go sur son smartphone en pleine session parlementaire ou encore dans les rues de Bratislava entre deux réunions lors d'une visite officielle.


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