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Entretien avec Sanae Benhama championne paralympique : “Les centres spécialisés de formation et de préparation font défaut”

Jeudi 10 Juin 2010

Entretien avec Sanae Benhama championne paralympique : “Les centres spécialisés de formation et de préparation font défaut”
Jeune femme souriante et fière
de ce qu’elle est en train de réaliser, Sanae Benhamou que Libé a
rencontrée lors de la fête des
personnes à besoins spécifiques
à Oujda, ne cache pas ses
motivations ainsi que ses
déceptions. Triple médaillée  d’or marocaine aux Jeux paralympiques de Pékin sur 100 m ,200m et 400m et recordwomen sur le 100m, Sanae reste une jeune fille modeste même devant le grand intérêt du public et des journalistes. Gardant les pieds sur terre, elle sait que le chemin est encore long et qu’il y a encore des étapes à franchir. Atteinte de quasi-cécité, Sanae abandonne ses études à l'âge de 19 ans mais cela ne l’empêche pas de s’adonner à son sport favori: l'athlétisme. S’exprimant souvent avec son
sourire, elle parle de ses
motivations, ses attentes et ses projets dans l’entretien suivant.

Libé : Lors des Jeux paralympiques, vous avez honoré le Maroc avec trois médailles d’or . Quels souvenirs en gardez-vous?

Sanae Benhama : C’est un honneur pour moi d’honorer mon pays. En battant le record du monde du 100m et du 400m et en remportant trois médailles d’or, ma première satisfaction était avant tout de voir ce drapeau rouge frappée de l’étoile verte flotter devant mes yeux, même si je vois mal (sourire), et entendre l’hymne national retentir dans l’enceinte du Stade olympique de Pékin. Bien sûr il y a eu ce sentiment de vainqueur, de goûter à la victoire sur soi, sur l’handicap et sur les autres. C’est un sentiment indescriptible. A vrai dire, je ne m’attendais pas à cette performance, mais j’avais préparé sérieusement ces Jeux de Pékin avec mon entraineur Abdelali Fikri qui m’a orientée et coachée avec perspicacité.

Quelles sont les compétitions que vous préparez ?

La préparation se fait dans la continuité et le sérieux. Mais il y a des étapes qu’on vise particulièrement. Je crois qu’on a une place et une réputation à défendre avant tout.  Comme vous le savez, Rabat, abritera les Championnats d’Afrique de Handisport. Je crois que nous devons faire le plein lors de cette compétition avec des athlètes connus mondialement actuellement, tels Abdelilah Mame ou encore Youssef Benhalim. Généralement, on se prépare pour les échéances internationales et continentales et on tentera de faire de notre mieux comme d’habitude pour le pays et pour nous-mêmes.

Quelles sont les conditions de préparations justement?

En réalité, ce sont des conditions pas très satisfaisantes, pour la simple raison qu’on n’a pas à l’instar des pays occidentaux des centres de formation et de préparation spécialisés et destinés aux personnes à besoins spécifiques. Les préparations nécessitent une logistique bien spécifique qui doit être adaptée à toutes les saisons et aux différentes spécialités. Ce qui fait encore défaut chez nous. Pour l’instant, on est contraints de nous entrainer avec les valides au Centre des FAR.

Après votre exploit à Pékin, est ce que votre situation  matérielle et votre statut de championne ont changé votre vie ?

Pour dire vrai, il n’y a pas de grands changements. Concernant mon statut, j’ai les pieds sur terre et mes succès n’ont pas influencé mon comportement. Sauf que je ne passe plus inaperçue. Côté matériel, tous les champions de Pékin ont eu le même traitement financier. Avec tout le respect que j’ai pour tous les athlètes, je crois qu’une athlète qui a fait retentir l’hymne national par trois fois à Pékin et a battu trois records, mérite bien un traitement un peu plus spécial. Figurez-vous que mes trois médailles d’or et mes records du monde sur 100 m et 400 m ont eu la même récompense que celle de bronze obtenue par Jawad Gharib au Marathon. Injuste, je dirais discriminatoire, non ? Certes il y a des efforts louables pour valoriser le sport parmi des handicapés, mais, une certaine mentalité  continue de bouder le handisport chez nous.

Plusieurs athlètes valides ont adopté  une autre nationalité. Seriez-vous prête à en faire autant ?

(Sourire) La réponse est affirmative si les conditions actuelles persistent. On m’a déjà parlé de pays désireux de m’offrir leur nationalité, mais pour l’instant je n’y pense pas encore. 

Entretien réalisé par KAMAL MOUNTASSIR

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