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Entraînement, Ramadan et rêve olympique pour le judoka nigérien Ahmed Goumar


Vendredi 1 Juillet 2016

Des dizaines de fois de suite, le Nigérien Ahmed Goumar soulève son adversaire et le fait basculer au-dessus de son épaule. Les deux athlètes sont les seuls à s'entraîner sur les tatamis de la "Kimacademie" de Niamey.
Le pavillon qui date des Jeux de la Francophonie 2005 a été décoré avec des dragons et des motifs de judokas, karatékas, Taekowondo-in, façon BD et mangas. A l'intérieur trône une photo au Maroc de l'acteur américain Steven Seagal, féru d'arts martiaux, aux côtés d'un des responsables du club.
Nous sommes en plein mois de Ramadan et il fait très chaud dans ce pays désertique, parmi les plus pauvres du monde.
La pratique du sport est souvent mise entre parenthèses pendant le carême mais Ahmed Goumar est sélectionné olympique dans le quota africain. Malgré des chances minimes, il rêve d'une médaille en moins de 73 kg au Jeux de Rio.
"On s'adapte pour le Ramadan, explique Ahmed, 28 ans, qui respecte le jeûne. Il se lève un peu avant 5h pour se nourrir puis vers 7h court une quarantaine de minutes et fait aussi de la musculation trois fois par semaine. Il se repose ensuite jusqu'à un premier entraînement à 17h avant la rupture du jeûne, puis s'entraîne à nouveau le soir vers 21h30 après avoir mangé.
"On est habitué. C'est compatible (Ramadan) avec l'entraînement. Ça ne bloque pas. C'est un peu dur mais ça va", concède Ahmed, qui, une fois le Ramadan terminé, prendra la direction du Maroc pour un dernier stage intensif avant de s'envoler pour Rio.
Ahmed croit en son étoile: "Il n'y a pas de ticket pour avoir une médaille. Il faut aller là-bas et gagner. Ça fait 40 ans (médaille de bronze en boxe aux Jeux de Munich en 1972) que le pays attend une médaille. Je veux être celui-là et porter fièrement les couleurs de mon pays", dit ce caporal dans l'armée, titulaire d'une bourse spéciale qui lui permet de se consacrer uniquement au judo.
Les principaux espoirs nigériens de médaille reposent toutefois sur le taekwondo-in avec Issoufou Alfaga et Abdoul Razak.
Comme Issoufou Alfaga qui s'entraîne en permanence en Allemagne, Ahmed est parti s'entraîner à l'étranger pour bénéficier de meilleures conditions. Toutefois, il a préféré revenir au pays après six mois passés à Rouen (ouest de la France).
"Je ne me sentais pas bien en France. Ici, je suis entouré de ma famille. C'est important d'avoir un bon moral", estime-t-il, rapporte l’AFP.
"Ce n'est pas un problème de se préparer au Niger. Il y a suffisamment de judokas de haut-niveau ici. Il sait ce qu'il doit faire. Il a l'expérience", souligne son entraîneur Alassane Abdou, vice-champion d'Afrique 2005, qui avait participé aux Jeux d'Athènes en 2004.
Ahmed "a une bonne garde haute. Il a quelques mouvements spéciaux d'Ushimata et il est assez bon au sol. Il peut surprendre à Rio", espère le coach, qui souligne: "L'important c'est d'être en forme le jour J. Je suis sûr qu'Ahmed fera une bonne prestation".
Ahmed a découvert le judo vers 15 ans. "Je voulais un sport qui soit familier avec la lutte (traditionnelle, très populaire)", explique Ahmed.
"Mais, la lutte, ça demande un côté mystique, que je ne voulais pas. Moi, je veux la réalité. Le judo, c'est la réalité", précise-t-il.
"Un jour en vacances à Bosso (sud-est), j'ai vu des jeunes qui s'entraînaient et je me suis dit: +C'est ce sport-là que je veux faire+. C'est comme ça que j'ai commencé en revenant à Niamey. Ici au Niger, les gens préfèrent les sports collectifs", assure Ahmed. "J'avais inscrit mon petit frère de 12 ans au judo. Il a arrêté, il trouvait que c'était +trop dur+."
Dans la salle, l'air conditionné ne marche pas en raison d'une des nombreuses coupures d'électricité qui sont le lot commun des habitants de Niamey. La salle de sports se transforme en étuve, Ahmed et son sparring-partner transpirent sur le tatami puis se reposent sans boire.
Avant de se changer rapidement et de sauter sur la même mobylette pour regagner leur maison et manger dès l'horaire autorisé.

 


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