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En Afrique du Sud, les “pompiers” souterrains risquent leur vie pour sauver celle des autres


Samedi 2 Juillet 2016

Au fond d'une mine souterraine sombre et enfumée, des sauveteurs sud-africains en formation peinent à retrouver leur souffle après avoir rampé dans une étroite conduite en acier, mais leur instructeur ne leur laisse aucun répit et leur ordonne de continuer.
"Numéro 4, quel est votre niveau d'oxygène ?", hurle-t-il. "170, capitaine", répond une voix faible derrière un masque à oxygène.
Il ne s'agit que d'un exercice mais les enjeux sont réels: intégrer l'unité d'élite des Services sud-africains de secours des mines (MRS), qui interviennent dans les gisements les plus profonds du monde pour éteindre des incendies ou secourir des mineurs bloqués.
Les candidats ont une seule chance. S'ils échouent, ils ne pourront plus jamais se représenter.
La formation qui dure cinq jours est digne d'un entraînement militaire. Elle teste leur tolérance aux espaces confinés et leur esprit d'équipe.
Les candidats avancent sur le ventre dans un tunnel étroit et sinueux, avec 14,8 kg d'appareils respiratoires sur le dos, ils jettent des sacs de sable de 25 kg au-dessus d'un mur de 1,5 mètre, ils transportent des barres de métal du même poids dans des galeries...
"On commence en général la formation avec un groupe de 10 à 12 hommes, mais seulement six ou sept finissent le cours", explique à l'AFP un responsable du MRS, Gerrit Beukes, alors que deux hommes ont déjà renoncé en cours de route.
"On doit sauver des vies, il n'y a pas de place à l'erreur", ajoute-t-il, rapporte l’AFP.
Ce service extrêmement risqué requiert une très bonne endurance et une excellente connaissance du milieu minier. C'est la raison pour laquelle tous les membres sont des mineurs en activité.
Jusqu'à présent, aucune femme n'a jamais réussi à intégrer le MRS, qui existe depuis 92 ans.
On compte aujourd'hui environ 900 "pompiers souterrains" en Afrique du Sud, prêts à agir en cas de désastre, alors que le secteur minier emploie près d'un demi-million de personnes - 495.568 selon la Chambre des mines.
Dans un pays riche en gisements d'or, platine, charbon et diamants, ils sont régulièrement appelés à la rescousse. Et ne sont payés qu'en cas d'intervention.
"Le danger est toujours présent. Il s'agit de transformer une situation dangereuse en situation sûre avant d'entrer (dans la mine). Notre travail est d'aider les autres", explique Pierre Pieterse, 35 ans, superviseur de production en formation pour intégrer le MRS.
"C'est l'une des professions les plus difficiles" au monde, affirme le directeur général de MRS, Christo de Klerk.
Depuis sa création, le MRS a perdu 37 hommes, morts dans l'exercice de leur fonction.
"On essaie de ne pas être impliqués émotionnellement, mais il n'y a rien de plus gratifiant que de sauver une personne", ajoute Christo de Klerk.
En février, le MRS a été appelé dans la mine d'or de Lily, dans le nord-est de l'Afrique du Sud, après l'engloutissement de bureaux installés en surface. Il a réussi à sauver 87 mineurs mais trois personnes sont restées ensevelies.
Le MRS dispose de son propre matériel pour forer jusqu'à 3.000 mètres de profondeur, afin d'accéder aux entrailles de la Terre dans une capsule capable d'accueillir un sauveteur.
La nécessité d'avoir du matériel de pointe s'est imposée après la mort en 1960 de 435 travailleurs dans la mine de Coalbrook (sud de Johannesburg), la pire catastrophe minière en Afrique du Sud.
Le nombre annuel de décès dans les mines a chuté de 615 en 1993 à 77 en 2015, selon la Chambre des mines d'Afrique du Sud.
Et le travail des sauveteurs a évolué. "Aujourd'hui, on est plus occupés à essayer de retrouver des mineurs illégaux (dans des mines désaffectées) qu'à intervenir dans des mines encore exploitées", explique Christo de Klerk.
En mai 2012, ses hommes ont été appelés dans une mine désaffectée. Ils ont pu sauver 22 mineurs illégaux en trois jours. Mais "malheureusement on a des incidents similaires où on a simplement récupéré des corps".


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