Education nationale, sens des responsabilités et bienséance


Par Taoufiq Kouddane
Vendredi 11 Avril 2014

Education nationale, sens des responsabilités et bienséance
La presse nationale électronique du vendredi 4 avril 2014 a rapporté les violentes attaques du ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle contre les enseignants, leur portant une large part de responsabilité de la déchéance de notre système éducatif. A vrai dire, vous connaissant, vous êtes le Premier ministre de l’Education dans l’Histoire du Maroc à ouvrir le bal des hostilités contre les professeurs. C’était, d’abord, sous le règne de Feu Hassan II, je n’en étais nullement surpris, d’où mon retard à réagir.
Aucun des ministres qui se sont succédé  au département de l’Education n’a autant vilipendé, lynché les enseignants comme vous l’avez fait et que vous le faites maintenant depuis que Sa Majesté a fait appel à vos services. Jeter les enseignants en pâture, à la vindicte publique alors qu’ils ne sont que de simples exécutants d’une politique éducative  erratique et exonérer la hiérarchie intermédiaire, les parents et les élèves de leur responsabilité,  c’est rajouter une autre injustice doublée de populisme.
Je vais essayer d’être bref, me limiter à des faits et vous laisser à votre appréciation
 Permettez-moi de vous rappeler qu’en 1986, l’OCDE invitait ses membres, avec une désinvolture stupéfiante, à duper les citoyens dans la mise en œuvre du nouveau système éducatif : "Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement". 
Quelques années plus tard, les différents ministres de l’Education nationale ont traduit ces recommandations en plan d’actions :
1. Suppression des postes au sein du ministère de l’Education nationale (départ volontaire) ;
2. Réduction du volume horaire des matières principales de 1/3 ;
3. Alourdissement des tableaux de service des enseignants. Les professeurs des matières principales sont passés de 3 classes à charge par professeur à  6 classes ; avec une moyenne de 36 élèves par classe.
4. Accès au premier cycle de l’enseignement secondaire, tributaire de la carte scolaire, se fait sans maîtrise des savoirs fondamentaux ;
5. Adoption du non redoublement sans mesures accompagnatrices ;
6. Recrutement d’enseignants vacataires/ contractuels sans formation
Et  avec votre prédécesseur et vous, l’opération continue par l’acceptation de toute demande de retraite proportionnelle pour ceux qui ont plus de 30 ans de service.  
Monsieur le ministre, à l’impossible, nul n’est tenu, fût-il missionnaire
La réglementation du temps de travail des enseignants dans des pays arabes ou en France  prend en compte et la charge d’enseignement et le temps que les enseignants consacrent à la préparation pré-pédagogique et à la correction. C’est ainsi qu’une heure de cours correspond en France, selon le décret de 1950 et un arrêté de 1981 à 3 heures de travail : une heure de préparation, une heure de cours et une heure de correction. Mais depuis 2000, le ministère a ramené d’autorité la semaine de travail à 39 heures, en décomptant une heure de travail (préparation-correction), 41 heures en 2013. L’enseignant travaille 18 heures d’enseignement en classe par semaine avec une prise en charge ne dépassant pas quatre classes.
Je vous laisse faire le calcul pour nous qui faisons 24h d’enseignement avec des classes pléthoriques.
 C’est aussi le cas en Tunisie où non seulement la charge de travail en classe ne dépasse pas 20 heures/ semaine mais le gouvernement a réduit de deux heures les heures d’enseignement pour les enseignants ayant plus de 20 ans d’ancienneté et de trois heures pour ceux qui ont plus de 25 ans de service. 
 Chez nous, on les pousse à la retraite proportionnelle  
Mieux encore, pour garantir l’égalité des chances et réduire les écarts sociaux, le ministère de l’Education nationale tunisien, se servant de l’outil informatique, a mis à la disposition des  Tunisiennes et Tunisiens les manuels scolaires numériques téléchargeables gratuitement en format PDF, et ce depuis la rentrée scolaire 2011-2012.
Comparé à Massar, je vous laisse le soin de juger de l’urgence et de l’utilité de l’un des deux services
Pour ce qui est du volet pédagogique, c’est un véritable désastre. Les enseignants travaillent toujours sans feuille de route depuis l’abrogation de la pédagogie de l’intégration, sujet auquel j’ai consacré un article dressant une comparaison entre sa mise en œuvre au Maroc et en Algérie et telle qu’elle est appliquée au Canada. C’est édifiant ! 
Loin de vous manquer de respect, il m’est arrivé de me demander si les ministres de l’Education, qui ont eu à prendre en charge ce secteur, connaissent leur dossier. Il m’est arrivé de me demander pourquoi ils ne chargent pas  des personnalités réputées pour leur honnêteté intellectuelle de l’élaboration de rapports fournissant la meilleure compilation des données existantes comme il se fait ailleurs…
Mais  aujourd’hui mes interrogations sont toutes autres. Je me demande, notamment,  si vous êtes encore crédible et impartial, après vos déclarations incendiaires, pour mobiliser tous les partenaires et réussir votre projet de refondation de l’Ecole marocaine.
En France, on regrette déjà le départ de Vincent Peillon parce que c’est un homme de parole et d’action.
 En France, on garde un attachement particulier pour Alain Savary parce que l’action et la réflexion qu’il a engagées ont eu un effet durable et positif sur l’évolution de l’Ecole. Nous gardons l’espoir que vous agirez dans le même sens que lui.
 
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1.Posté par khannoussi mohamed le 13/04/2014 16:27
et le drame des directeurs.

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