Edgar Morin le philosophe de toujours


Par Brahim Mouradi *
Jeudi 19 Janvier 2017

Edgar Morin le philosophe de toujours
Souvent, au cours de cette série de problèmes dont souffre l’humanité actuellement, l’Homme ne cesse de se poser des questions : où va l’humanité aujourd’hui ? S’agit-il du crépuscule des valeurs humaines ? Vivons-nous la mort de l’Homme dont a parlé, il y a longtemps, Protagoras?
Ces questions et bien d’autres trouvent leur écho dans une pensée tellement spécifique, une pensée qui n’a aucun autre objectif à atteindre hormis le service et le salut de l’Homme face au fiasco total qu’il a subi par le passé, c’est celle d’Edgar Morin.
Edgar Morin  ou Edgar Nahoum, né à Paris le 8 juillet 1921, est philosophe, sociologue, anthropologue, spécialiste des idées générales dont les travaux allient à la fois les sciences de l’homme et de la nature. Penseur émérite, depuis ses premiers travaux, il se penchait sur tout ce qui est humain, ce qui est au profit de l’homme, tout homme sans exception.
Il touche presque tous les domaines de la vie humaine : pensée humaine, philosophique, anthropologique, politique, écologique…
Ainsi, Morin se qualifie de protéiforme et d’encyclopédique, ses ouvrages le confirment, ses conférences incarnent et sacralisent ces prérogatives.  Son œuvre intitulée «La voie, pour l’avenir de l’humanité » est un exemple illustratif d’une pensée à part entière. Il sonde la face sombre du passé pour la dépasser ; il pense le présent pour le bonifier et il prévoit, selon des stratégies, le futur pour le réglementer. De là, Morin s’avère un penseur dont les œuvres sont devenues pérennes. Sa philosophie se voit et se vit même dans ses pas et ses rencontres avec les autres. Il mène  des entretiens avec plusieurs penseurs, écrivains et philosophes de différentes nationalités et appartenances identitaires, religieuses et culturelles. Tariq Ramadan, par exemple, islamologue et penseur suisse, d’origine égyptienne, a bien aimé la pensée de Morin. Partant,  les deux ont élaboré ensemble un ouvrage intitulé «Au péril des idées» qui est dans sa totalité sous forme de dialogues entre eux. Ce livre, en fait, est un symbole significatif de l’ouverture inconditionnelle  de Morin sur les autres, là où les deux traitent de plusieurs sujets dont la cause palestinienne. Morin alors, ce penseur philosophe, grand connaisseur de la politique et de l’histoire,  fait face à tout abus, à toute injustice ; il est pour la cause de l’opprimé et contre l’oppresseur de tout genre, cela s’exprime à travers sa prise de position sur la cause palestinienne. C’est le père de notre humanité. Et dans ses livres, conférences et entretiens, Morin est toujours inquiet, la nature lui fait peur par ses caractères fuyants, la civilisation, notre civilisation, lui apparaît comme un dragon à même de dévorer l’humanité par des guerres et des conflits qui ne cessent de miner l’espèce  humaine partout dans le monde au nom tantôt de la religion, tantôt de la culture, tantôt de la couleur…De ce fait, Morin nous propose des solutions qui s’avèrent plus adéquates afin de surmonter ces crises. Dans la relation avec l’autre, par exemple,  Morin veut dépasser toute appartenance pour arriver à ce qui est humain en l’homme, notre point commun, notre héritage originel et naturel loin de tout acquis. Dans cette perspective, pour Morin, l’unité au sein de la diversité est un trésor, de même que la diversité au sein de l’unité l’est. Autrement dit, dans le monde, un être humain, tout être humain est en même temps un et multiple ; il est un dans son humanité et multiple dans son hérédité. Nous appartenons tous à l’humanité, c’est notre identité originelle et originale, mais la culture  fait de nous, partiellement, des êtres différents. Cette différence qui se tisse entre nous n’est ni problème ni désavantage pour Morin, a contrario c’est une prérogative sans pareille qui nous encourage à jeter des ponts entre nous tous, des liens de dialogue d’égal à égal, des dialogues pacifiques qui peuvent nous rendre tous égaux sous un seul vocable ‘’Humain’’. Puisque l’homme est menacé par nombre de dangers dans sa vie, nous avons besoin de faire une alliance entre nous afin de faire face à ce que Morin appelle ‘’le destin commun de l’humanité’’. En plus, cette alliance fera de nous à la fois un tout homogène et hétérogène, plusieurs en un et un en plusieurs comme un corps vivant dont les organes sont en même temps  recelés et décelés.
  Ainsi, il appert que le service que Morin a rendu et rend encore davantage à l’humanité est louable. Il veut faire de notre planète un espace où tous les hommes du monde se rencontrent humainement bien qu’ils soient différents culturellement. La pensée de Morin n’est pas utopique, ses propositions peuvent se réaliser un jour sur le terrain. Comme l’espère Morin, nous l’espérons nous  aussi, nous ne voulons pas vivre dans le meilleur des mondes possibles, mais seulement dans un monde meilleur.

 * Etudiant-chercheur


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1.Posté par BEN YAHYA HICHAM le 21/01/2017 02:32
Bonsoir,
C'est un article très intéressant, qui traite une problématique aberrante et absurde , dont plusieurs nations souffraient depuis logntemps, c'est bien évidemment celle de la diversité culturelle, que les têtes opiniâtres et têtues n'adoptent pas. Par contre, il ne s'agit que d'une richesse forte, si jamais, cette différence est bien vu comme il faut, nous serons les plus heureux du monde entier.
Merci, Cordialement

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