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Echecs du PJD et cacophonie gouvernementale


Par Nejm-Eddine Mahla
Jeudi 11 Février 2016

Les Marocains ont appris dans le tas ce que l’on appelle dans le jargon politique le vote sanction, les majorités se font et se défont et laissent place à d’autres en qui le Marocain lambda a mis tous ses espoirs. Après la Constitution de 2011, vinrent aux affaires pour la première fois, les islamistes du PJD qui ont pu, grâce à leur discours religieux et à un travail de fond délégué à leur circuit associatif à vocation prosélytique convaincre une partie de l’électorat marocain à voter pour eux.
Pour ce faire, en plus du paradis, ils leur ont promis la lune ici-bas. Comme si les problèmes socioéconomiques allaient se régler avec des prières. L’euphorie du début a laissé place à la realpolitik ; et si ce n’était une pluviométrie plus qu’abondante et des cours de pétrole en chute libre, ce gouvernement aurait dû jeter l’éponge depuis belle lurette à cause de fautes professionnelles lancinantes. Et si le Maroc n’a pas sombré complètement dans la crise, c’est grâce aux politiques préventives entamées par les gouvernements précédents et dont nos chers barbus ne font que cueillir les prébendes et les fruits.
Pour camoufler leurs multiples échecs, ils entrèrent dans des controverses stériles mixées à des bourdes langagières et des galipettes dans les bureaux feutrés de quelques ministères, tout ceci en criant haro sur de soi-disant ennemis de l’ordre des sauriens et des démons succubes et incubes confondus qui ne cesseraient, selon eux, de leur mettre des bâtons dans les roues. Ce mélange explosif a donné suite à  une cacophonie dans la gestion par le haut, ce qui fait que nous sommes entrés, le pays s’entend, dans une période de troubles certes sourds mais qui ne présagent rien de bon. On aurait pu éviter ces débordements si nos décideurs, la Primature en premier lieu, avaient eu un peu plus de jugeote. Conclusion : des joutes verbales par-ci, par-là, des décrets à la cocotte-minute… et c’est l’arroseur arrosé. Des élèves-enseignants qui battent le pavé, le népotisme bat son plein-tous les journaux en parlent, le Souss et les Soussis qui grondent vexés par ces mêmes bourdes langagières citées ci-dessus… Bref, le parti islamiste a prouvé avec brio son amateurisme et son côté néophyte quant à diriger le gouvernement d’un pays émergent  et en plein essor qui lorgne depuis longtemps du côté des pays comme la Corée du Sud, l’Indonésie et même la Turquie. Mais pschitt, pour reprendre une expression chère à Jacques Chirac. Tout semble aller de travers.  
Certains, pour contredire ce que je viens d’avancer, vont dire que la première place que ce parti islamiste a eue lors des dernières échéances est la preuve irréfutable du bien-fondé de sa politique. Je répondrai par la négative. Ce parti a son électorat ou plutôt ses ouailles qui sont aux ordres vu le discours religieux et populiste qu’ils ne s’offusquent pas d’utiliser devant les masses populaires. Mais ce branle-bas de combat permanent de leur réseau associatif aura vécu. Ni les cartables qu’ils distribuent à profusion à chaque rentrée scolaire par leur bourgeoise pieuse comme les appelle le spécialiste français de l’islamisme Gilles Keppel, ni les leçons pour combattre l’analphabétisme tout au long de l’année, et ni les promesses d’un jour meilleur que ne cessent de clamer les imams à leur solde, ne suffiront dorénavant.
Une année c’est 365 jours, et ce pauvre hère de citoyen aura du mal à joindre les deux bouts. La seule arme qui lui restera ce sera celle du vote sanction. Il comprendra que ce rejeton-PJD- n’a rien de particulier par rapport aux autres, si ce n’est le discours religieux. Si vous faites un tour dans les villes marocaines, vous allez constater et de visu qu’elles tendent à ce bidonvilliser davantage. Si vous demandez aux passants leurs avis, ils ne vont pas aller par quatre chemins, ils vous répondront sans hésiter que c’était mieux avant, avec les autres. Eux au moins ils ont fait quelque chose. Ce n’est pas pour défendre les autres partis qui étaient aux affaires avant eux mais tout simplement c’est que ceux qui tiennent les rênes du pouvoir aujourd’hui ont porté la barre très haut, au-delà de leurs capacités intellectuelles et manageriales. Oubliant que les citoyens croient aux miracles comme ils croient aux prêches qu’ils n’avaient et n’ont pas encore cessé de les matraquer avec. Et les gens ont une mémoire d’éléphant. Et gare à la vindicte populaire. Certaines villes sont truffées de banderoles aux slogans harangueurs.
C’est bien d’inviter le citoyen à payer ses impôts avant le délais mais en contrepartie, il faut lui montrer et lui prouver dans la réalité qu’une partie de cet argent des contribuables a permis de construire ceci ou cela. Des projets qui auraient des répercussions positives sur les habitants. Si vous allez du côté de Rabat ou d’Ouazzane, vous verrez que les majorités qui dirigent ces deux villes ont commencé par renouveler, grâce à un tour de passe-passe, leurs parcs de voitures de fonction respectifs au grand dam de l’opposition et surtout des citoyens, désabusés par ses messies des temps modernes, et de leur discours religieux. Ils détenaient la «Vérité». C’étaient les sésames qui allaient ouvrir les portes de la richesse et … du Paradis. Leur surprise n’avait d’égal que la teneur de leur naïveté. Malheureusement, on a tendance à oublier qui ils sont, que nous sommes tous des êtres humains donc passibles de tous les dérapages même d’utiliser la religion pour… s’enrichir beaucoup et vite. Le temps d’une session parlementaire et/ou communale par exemple. Avec comme refrain : «Pourquoi eux et pas nous?»


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