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Disparitions forcées : Un dossier ô combien douloureux


T. Mourad
Mercredi 10 Février 2016

La Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED) a tenu hier une conférence de presse au siège de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) à Rabat.
Cette conférence a pour but d’informer les médias nationaux des développements du dossier des disparitions forcées au Maroc, et également des résultats de la mission qu’effectue une délégation de la FEMED au Maroc.
Rachid Manouzi, vice-président de la FEMED, a affirmé qu’une délégation de la fédération, créée en 2007 et composée de 26 associations de 12 pays méditerranéens dont le Maroc, ont rencontré des responsables du Conseil national des droits de l’Homme pour aboder ce sujet.
Manouzi a souligné que les investigations menées par le CNDH ont abouti à des résultats et que le CNDH les communiquera aux familles des disparus dans les prochains jours.
Par ailleurs, Rachid Manouzi a reconnu que les rencontres avec des responsables du ministère de la Justice et des Libertés et la Délégation interministérielle aux droits de l'Homme n’ont pas été frutueuses vu que ces responsables sont des technocrates et que le dossier des disparitions forcées est un sujet foncièrement politique nécessitant des réponses de même nature.
Le vice-président de la FEMED a exhorté les responsables en charge de ce dossier à faire preuve de courage dans le traitement de ce sujet d’autant plus que S.M le Roi Mohammed VI avait lancé un message fort clair dans une lettre adressée en octobre de l’année dernière à l’occasion du 50ème anniversaire de la disparition du martyr Mehdi Ben Barka. « Les pays se construisent sur le socle de leur histoire, avec son actif et son passif. Et un peuple sans histoire est un peuple sans identité, qui n’a pas d’avenir. Aussi, il faut tirer les enseignements de l’affaire Ben Barka et s’en servir dans l’intérêt de la Nation, pour nous aider à construire et non à détruire», avait souligné la lettre royale.
«Cette lettre est un message clair du Souverain pour que les responsables en charge du dossier des disparitions forcées aient plus de courage pour régler tous les dossiers qui restent en suspens et partant clore ce dossier une fois pour toutes», a souligné Rachid Manouzi.
Il convient de rappeler que l’Instance équité et réconciliation (IER) avait annoncé dans un rapport final qu’elle a élucidé plus de 700 cas de disparitions forcées. «Mais, à ce jour, les précisions demandées par les familles (liste, date, lieu et circonstances de la dispatrition) n’ont pas été dévoilées. Les promesses d’analyses ADN n’ont pas été honorées. Au contraire, les tombes de certains disparus, qui ne portent que des codes illisibles en peinture délavée, sont laissées à l’abandon. Le cas le plus flagrant est celui des lieux d’inhumation de Tazmamart et d’Agdz», a assuré le rapport du Comité de coordination des familles des disparus des victimes de la disparition forcée au Maroc (CCFDM) présenté au début de cette conférence de presse et qui sera remis au Groupe de travil onusien sur les disparitions forcées ou involontaires. Le même document révèle que le doute persite chez les familles, car «la méthodologie employée laisse place à beaucoup de questions et de lacunes : si les cas de décès ont été avérés sûrs, quel sort a-t-on réservé aux dépouilles et aux tombes? Il ne suffit pas de déclarer qu’une personne disparue est décédée pour que la famille soit fixée sur son sort. De même, il ne suffit pas d’avancer des hypothèses telles que de fortes présomptions de décès sans éléments probants, pour dire que le dossier est clos». Et de conclure: «Dans ces conditions, le doute est légitime. Parler aujourd’hui de 66 cas dont 9 ou 7 non élucidés n’a aucun sens et ne peut rétablir la confiance dans un processus vicié. Les familles des victimes de la disparition forcée ne peuvent cautionner l’inaceptable ».
De son côté, l’Algérienne Nassira Dutour, présidente de la FEMED, a présenté quelques informations sur la création et le travail effectué par cette ONG et également sur le séminaire de formation qu’elle a organisé à Rabat sous le thème «La collecte d’informations dans la recherche et l’identification des personnes disparues» avec l’équipe argentine d’antropologie médico-légale». Ce séminaire avait pour objectif, selon elle, de présenter les techniques scientifiques utilisées de nos jours pour exhumer, reconstituer et identifier les corps.


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