Directeurs des festivals et cachets des artistes


Nouri Zyad
Samedi 7 Mai 2016

A quand la transparence des budgets alloués aux festivals ? La question se pose avec acuité depuis déjà quelque temps. Les pratiques malhonnêtes ont la vie dure dans ce domaine.
La  majorité écrasante des organisateurs omettent de parler chiffres. Quand c’est le cas, c’est pour adopter un discours des lamentations. A une dizaine de jours de certaines manifestations, les directeurs de festivals font encore dans les doléances. Pire, d’aucuns avancent sans scrupule qu’ils n’ont rien reçu pour l’instant!
A les entendre, on dirait qu’ils organisent des festivals entièrement de leurs propres deniers ! Par ce subterfuge, ils tentent de négocier avec les services concernés. Les artistes en payent cher le prix. Ils acceptent, volontiers, le jeu. Un sale jeu. Le manque de contrôle de la part des bailleurs de fonds fait que les organisateurs violent allègrement les normes de transparence.  
L’on comprend mieux pourquoi les organisateurs de la majorité des festivals s’abstiennent de déclarer leurs budgets ! Un black-out entoure cette information. Une manière qui rend difficiles les négociations des artistes, d’autant plus que certains se trouvent sous la contrainte des conditions sociales assez difficiles et qu’ils sont obligés d’accepter des cachets  souvent insignifiants.
Tels des courtiers, ils semblent bien comprendre que l’artiste est le maillon faible de tout le circuit de l’industrie culturelle. Du coup, ils lui imposent des conditions financières draconiennes, voire humiliantes. Hormis quelques têtes d’affiche bien connues ayant la possibilité de défendre leurs droits facilement à la volonté de ces nombreux commissionnaires des festivals. Ils vont jusqu’à accepter des contrats biaisés. Un exemple : une troupe amazighe de l’Atlas, composée de six membres, perçoit réellement un cachet de 7000 DH. Le chef  de la troupe, lui, signe un contrat … à blanc !  
Une autre manœuvre consiste à faire signer des contrats, mais ne verser qu’une partie du montant. «Que pourrait faire la victime face à son bourreau ?», semblent déplorer certains artistes qui subissent une condition économique et sociale  lamentable.
Par contre des directeurs de festivals changent visiblement de situation sociale. Marques de voiture, résidences secondaires, enfants scolarisés au privé … sont, entre autres, des signes d’opulence en porte-à-faux avec leur statut social. Le scandale atteint le paroxysme quand leurs noms ne sont pas mentionnés dans le plan comptable de la manifestation. Après une année de dur labeur, ces «pauvres» ne sont que des volontaires de l’action culturelle et artistique !


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