Des lois sur la propriété intellectuelle sont essentielles pour le développement de l’Afrique


Par Franklin Cudjoe *
Mardi 8 Avril 2014

Des lois sur la propriété intellectuelle sont  essentielles pour le développement de l’Afrique
Au  cours des deux dernières décennies, les expériences qu’a faites l’Afrique du Sud ont par la suite reflété dans d’autres parts du continent : la transition à un Etat démocratique, l’expansion économique et des progrès relatifs aux luttes contre les maladies ont tous eu des impacts positifs similaires ailleurs. C’est une autre vague de changement qui est en cours, orientée par de nouvelles technologies et d’entreprises innovantes, avec la possibilité de sortir des millions de personnes de la pauvreté.
 C’est de ce fait qu’il est bouleversant de penser que l’Afrique du Sud pourrait mener le continent dans la mauvaise direction en affaiblissant les lois de la protection de la propriété intellectuelle qui ralentissent le développement économique du continent africain.
Sûrement ou peut-être, la plupart des lecteurs ont entendu parler de la récente polémique du lobbying de l’industrie pharmaceutique contre le projet de politique nationale proposé par l’Etat Sud-Africain sur la propriété intellectuelle.
Le gouvernement sud-africain a sans doute raison d’être préoccupé par la disponibilité des médicaments contre le VIH , une question à qui a été consacré une grande attention dans la formulation du projet de politique nationale : en dépit de quelques bonnes nouvelles , y compris un tiers de baisse de nouvelles infections de 2004 à 2012, des millions de personnes n’arrivent pas toujours à avoir accès aux traitements antirétroviraux – et des millions d’autres à travers le continent auront besoin  de nouveaux médicaments puisque le virus continue de faire la rage, engendrant ainsi des souches résistantes aux médicaments.
Ce sera très inquiétant de mettre une telle politique  en force qui affaiblirait les lois sur la propriété intellectuelle. Chaque nouveau médicament prend environ 11 milliards de Rand et 12 ans pour se développer – une menace pour les fabricants de médicaments à obtenir des licences obligatoirement; ce qui donc encouragerait la reproduction des médicaments originaux à des prix très minimaux. Ce développement pourrait poser des adversités aux recherches sur l’efficacité des médicaments dans l’avenir.
De récentes études montrent que les médicaments antirétroviraux (ARV)  sont à la hausse en Afrique de l’Est. Le manque des ARV l’année dernière en Afrique du Sud a autant soulevé des questions (sur la capacité de l’industrie de fabrication des médicaments) liées à l‘approvisionnement régulier des médications contre le VIH.
 Toutefois, cette question de Propriété Intellectuelle va au-delà des soins de santé. Les faibles lois sur la propriété intellectuelle menacent également d’entraver plus largement le développement économique du continent Africain. Autrement dit, la propriété intellectuelle est un outil important pour sauver l’Afrique des économies uniquement fondées sur les matières premières.
 Comme de nombreux pays africains, l’Afrique du Sud a bénéficié d’abondantes richesses naturelles – des industries extractives contribuent à peu près  6 pour cent du PIB total, semblable au Ghana, où elles contribuent environ 8 pour cent. Les deux pays précités considèrent l’exportation  des matières premières comme une source essentielle du commerce et de l’investissement étrangers, mais les ralentissements récents ont montré que seules les matières premières ne peuvent pas assurer la prospérité à long terme. C’est en conséquence que, les présidents ghanéen et sud-africain sollicitent l’investissement dans les secteurs à forte croissance, comme la technologie et l’énergie verte.
L’avenir est prometteur… de bonnes nouvelles: ces deux pays ont déjà produit des champions continentaux dans l’industrie de la technologie ainsi que de nombreux startups. Mais toutes ces entreprises, grandes comme petites, dépendent des lois sur la propriété intellectuelle afin de protéger leurs business, ce qui éventuellement favorise le développement économique. Les compagnies dans l’industrie de Télécommunication, comme par exemple SOFTtribe (Ghana), MTN, Naspers, et Datatec (Afrique du Sud), n’embauchent et ne paient seulement des impôts  mais elles aident également dans l’accélération de l’intégration économique régionale. Selon une estimation récente de la Banque mondiale, une augmentation de 10 pour cent de la couverture à large bande pourrait produire une augmentation de 1,4 pour cent de la production économique à travers l’Afrique.
De même, l’Afrique aura du mal à devenir un centre mondial d’innovation si les universitaires et les chercheurs n’ont aucune incitation de productions. Il faut déjà relever plusieurs défis dans ce domaine : au cours des dernières années, les dépenses sur la recherche et le développement de l’Afrique du Sud ont chuté à moins de 1 pour cent du PIB – bien en deçà de l’objectif déclaré par le gouvernement de 2 pour cent du PIB en 2018.
L’Afrique est sur le seuil d’une ère nouvelle, mais se heurte encore à un certain nombre de défis. A part le contrôle et l’éventuel  victoire [contre] le VIH, nous avons également besoin d’une croissance économique durable en vue d’élever le niveau de vie des populations, favoriser la croissance de la classe moyenne, et ancrer de nouvelles institutions démocratiques. Il faudra développer de nouveaux domaines de talent et d’expertise, créer davantage entreprises à valeur ajoutée, et éviter des économies purement fondées sur la dépendance des matières premières. De fortes lois sur la propriété intellectuelle seront à la base de l’investissement et de l’innovation dont nous avons besoin pour atteindre ces objectifs.
 
Président-fondateur du 
think tank IMANI


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