Dans la filière musicale, les femmes ont toujours du mal à se faire entendre


Libé
Lundi 6 Juin 2016

Adele et Beyoncé vendent des disques par millions mais dans l'industrie de la musique, les femmes ont encore bien du mal à se faire une place, que ce soit à l'affiche des grands festivals pop, rock ou électro, dans les équipes de programmation ou dans les maisons de disques. "L'écart entre hommes et femmes, autant en termes de présence que de salaires, reste un problème dans tous les secteurs, y compris dans le secteur musical", explique à l'AFP Jessica Sobhraj, présidente de Women In Music, association présente au Midem, le Salon international de la filière, à Cannes dans le Sud-est de la France.
Pour la troisième année consécutive, Women In Music a organisé au Midem des rencontres de "speed dating" exclusivement féminines: soit une occasion rare de parler business entre professionnelles dans un milieu où les dirigeants sont souvent des hommes. Si on s'en tient aux ventes de disques, les exemples de réussites au féminin ne manquent évidemment pas, à commencer par la chanteuse britannique Adele, au sommet des charts l'an dernier, mais aussi Beyoncé, Rihanna, Madonna, Lady Gaga. Mais derrière ces têtes d'affiche, la situation est plus compliquée. "Statistiquement, beaucoup moins des femmes sont présentes dans les festivals et à la tête des compagnies de disques", relève Jessica Sobhraj.
Le Huffington Post a récemment analysé la programmation de dix grands festivals américains depuis cinq ans: les groupes exclusivement masculins représentaient plus des 2/3 de la programmation dans chacune de ces dix manifestations. Autre chiffre éclairant: aux Etats-Unis et au Canada, moins de 6% des "producteurs reconnus sont des femmes", selon Women In Music, qui relève aussi qu'aucune femme n'a remporté le Grammy du meilleur producteur en 46 ans. En France, le constat est le même: la Fedelima, organisation qui fédère les "lieux et projets dédiés aux musiques actuelles", recense 25 directrices (ou codirectrices) sur 141 structures.
"Pourquoi voulez-vous que le secteur musical échappe à deux ou trois millénaires de domination masculine?", interroge, un brin résignée, Béatrice Macé, codirectrice des Trans Musicales de Rennes, l'une des rares femmes à la tête (aux côtés du codirecteur Jean-Louis Brossard) d'un grand festival musical en France.
"Je n'ai jamais senti de mise à l'écart mais il a quand même fallu s'imposer. On avait parfois tendance à me prendre pour la comptable", ajoute la cofondatrice des "Trans" nées en 1979.
Bénédicte Froidure, auteure d'un mémoire en 2010 pour comprendre comment "naissent et se perpétuent les inégalités" hommes-femmes dans la musique, se veut toutefois optimiste: "La situation évolue de façon favorable" depuis "quatre ou cinq ans", assure cette directrice d'une salle de concerts en région parisienne. Mais elle estime que beaucoup doit encore être fait pour "soutenir" les femmes, quitte à faire parfois un peu de "discrimination positive" par exemple dans les programmations artistiques. Pour faire évoluer les choses, Béatrice Macé insiste pour sa part sur "l'éducation, des gars comme des filles". "Si les stéréotypes ne sont pas bouleversés au moment de l'enfance, il n'y a aucune chance que ça change."


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