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Crise ouverte à l’AMDH : Les droits humains victimes de la politique


Narjis Rerhaye
Mardi 25 Mai 2010

Que faut-il retenir du 9ème congrès de l’Association marocaine des droits humains ? Ce lundi matin, la question est sur toutes les lèvres et  traverse tous les cénacles politico-humanitaires. L’élection de Khadija Riyadi pour un deuxième mandat à la tête de l’AMDH s’est presque transformée en un non-événement face aux retraits en série de congressistes battant pavillon PSU et PADS. La décision de ces activistes encartés et appartenant à la famille de l’extrême-gauche de retirer leurs candidatures de la commission administrative de l’Association marocaine des droits humains est en fait  révélatrice du profond malaise d’une association désormais victime de sa démarche profondément politicienne. « Ce retrait, même à titre individuel, est un indicateur de plus des profondes divergences qui secouent l’AMDH. C’est un secret de Polichinelle : deux tendances politiques et deux approches s’opposent ici  radicalement. La défense des droits humains n’est justement efficace et efficiente si elle se fait loin de toute considération politique », explique ce défenseur des droits de l’Homme.
L’AMDH serait-elle en train de payer le prix d’un engagement politique qui s’est souvent fait au détriment de la défense des droits humains ? Probablement, d’autant que les divergences entre deux lignes politiques –celle de Annahj Addimokrati, le parti de la présidente Khadija Riyadi et celle du PADS et du PSU- se sont cristallisées à l’occasion de la tenue de ce 9ème congrès. « Il faut dire que le rapport de forces est apparu lors du 8ème congrès. Au fil des mois la ligne de démarcation s’est installée entre Annahj et le PSU-PADS. Les principaux points de discorde sont relatifs aux positions radicales de l’AMDH au sujet du Sahara et de ce qu’elle appelle la solution démocratique. Ceux du PSU et du PADS reprochent à l’association de ne pas évoluer dans ses positions mais aussi de ne pas voir ce qui se passe à Tindouf en termes de violations des droits humains. Mais il n’y a pas que sur le Sahara que les deux camps s’opposent. L’AMDH s’est aussi vu reprocher par les activistes du PADS et du PSU sa pratique du deux poids deux mesures en privilégiant des positions politiciennes au détriment de la défense professionnelle des droits de l’Homme», soutient un ex-membre de l’Association marocaine des droits humains qui n’en finit pas de fustiger « l’hégémonie de Annahj Addimokrati sur l’association ». Résultat, le vote pour l’adoption du rapport moral de l’association a été l’expression forte de la discorde. Les 140 abstentions et 2 « contre »  étaient, on le devine aisément, issues des rangs du PSU et du PADS alors que 256 activistes d’Annahj et pro-Annahj ont adopté ce document.

L’hégémonie
d’Annahj Addimokrati

Et depuis plusieurs mois déjà, l’association aux destinées de laquelle préside Khadija Riyadi a fait de la laïcité son cheval de bataille. Un combat qui ne plait pas à tous et ne remporte pas l’adhésion de tous les activistes. « Si en tant qu’activistes des droits humains, nous nous battons pour la liberté de culte, nous considérons par contre que la laïcité est loin de faire figure de principe des droits de l’Homme.
C’est une question éminemment politique qui doit être posée par les partis et non pas par les ONG de défense des droits de l’Homme. Et c’est aussi cela le point de divergence entre Annahj et le PSU-PADS », souligne cette activiste qui n’en finit pas d’appeler à une professionnalisation de la défense des droits humains, « condition nécessaire à la crédibilité de ce que font les ONG dédiées à un tel combat ».
Le 9ème congrès de l’AMDH s’est donc achevé dimanche soir avec l’élection  (et en l’absence du PADS et du PSU) de toutes les structures de cette ONG, de la présidence en passant par la commission administrative et le Bureau central. Sur les 75 membres que comptent la commission administrative, seuls 63 ont été élus. « La porte a été laissée ouverte aux protestataires du PADS et du PSU. Et dans cette perspective, 12 sièges sont toujours inoccupés », fait valoir un membre de l’AMDH.
Et en attendant, c’est toute la question de l’autonomie d’une organisation de défense des droits humains qui est aujourd’hui publiquement posée. Que valent les droits de l’Homme si leur défense est affidée à une quelconque chapelle politique ? Quelle crédibilité pour le combat de ces droits s’ils sont politiquement instrumentalisés ? Comment professionnaliser l’action des ONG vouées aux droits humains ? Autant de questions auxquelles doivent répondre très vite les activistes. Sous peine de voir le combat en faveur de la dignité humaine y laisser son âme…


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