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Communiqué politique général du IXème Congrès de l’USFP : Parvenir à l’instauration d’une monarchie parlementaire en veillant à la concrétisation des dispositions de la Constitution


Libé
Jeudi 20 Décembre 2012

Communiqué politique général du IXème Congrès de l’USFP : Parvenir à l’instauration d’une monarchie parlementaire en veillant à la concrétisation des dispositions de la Constitution
Le IX ème Congrès s’est déroulé  dans un  contexte international, régional et national très sensible et pour notre pays et pour notre parti ainsi que pour  les forces progressistes aspirant au changement.
Au niveau international, il faut noter l’amplification et la globalisation des répercussions économiques, politiques et culturelles, ce qui a mis les nations, les peuples et les sociétés devant d’énormes épreuves et défis qu’on ne peut surmonter qu’à travers le choix démocratique dont l’objectif est de mobiliser les potentialités et les moyens matériels et humains et d’instaurer les valeurs de justice, d’égalité et de solidarité sociale.
Ce contexte a été également marqué par un changement radical des cartes de la répartition des forces héritées des décennies passées. De nouvelles puissances ont vu le jour et pu briser le monopole des équilibres des forces du groupe BRICS en adoptant des modèles de développement rationnels et ambitieux qui ont mis l’élément humain au cœur des projets sociétaux.
Sur le plan régional, les voies et  les tournants empruntés par le Printemps arabe deux ans après son enclenchement suscitent des inquiétudes quant aux résultats éventuels de ces mouvements et leur impact sur la situation  démocratique. Un processus qui met les forces progressistes et modernistes à l’épreuve devant des responsabilités historiques, car il propulse aujourd’hui les forces  vives qui étaient pourtant les instigateurs du Printemps arabe vers la marginalisation et profite aux forces conservatrices qui s’efforcent d’en détourner le souffle éclairé et moderniste au profit d’une nouvelle tentative de cautionner des projets rétrogrades et réactionnaires à caractère politique, institutionnel ou culturel. Ce qui constitue un paradoxe que bien d’observateurs estiment incongru.
Au niveau régional toujours, et plus précisément dans la région euro-méditerranéenne, la crise économique et financière dans les grands centres capitalistes impacte sérieusement notre économie nationale imposant des adaptations et des rectifications des politiques socioéconomiques qui demeurent instables. Ce qui impose  la solidarité sociale comme préalable à toute adaptation pour affronter ces défis.
Sur le plan national, notre pays vit au rythme des attentes au sujet de l’opérationnalisation des dispositions de la nouvelle Constitution. Les forces démocratiques avaient placé d’énormes espoirs sur cette mise en application qui tarde à voir le jour.
Dans ce contexte, le gouvernement actuel à orientation conservatrice et hésitante travaille autour d’agendas en déphasage avec les préoccupations et les problèmes des forces populaires comme le prouvent les mouvements revendicatifs. Le gouvernement ne présente aucune garantie qu’il dispose effectivement d’une stratégie de développement à long terme ni d’une vision intégrée avec un calendrier des réformes et de la lutte contre la prévarication. Aussi l’inflation du discours afférent  à ces deux  points n’est-elle pas  perçue par les citoyens puisque ce dernier n’est pas traduit en mesures concrètes, alternatives et solutions réalistes de nature à ranimer l’espoir et  rétablir la confiance. Le IX  Congrès national a considéré l’évaluation et la critique globale de son parcours politique depuis l’alternance consensuelle  comme l’une de ses priorités lors de ses travaux tant sur le plan socioéconomique que celui de l’outil partisan et ses rôles explicatifs. Cela a été effectif lors de la présentation de plusieurs documents démontrant ainsi la différence entre l’action gouvernementale et celle du parti au niveau politique et pédagogique ainsi qu’au niveau de la mobilisation. Cette autocritique n’a pas pour objectif de minimiser les efforts du parti ou de mettre en doute ses convictions mais il s’agit surtout d’en tirer les leçons qui s’imposent de cette riche expérience en vue de jeter les bases d’une stratégie pour l’avenir, et en particulier le militantisme démocratique en contact permanent avec le peuple marocain et l’animation du débat au sein de l’espace public.
Nous considérons que les carences  entre l’action politique et l’action partisane devant l’accompagner ont créé une impression générale de prééminence des technocrates aux dépens des politiques dans des circonstances où nous avions un besoin pressant de consolider de nouvelles valeurs tout en élaborant un programme et de nouveaux plans socioéconomiques.
Le Congrès comprend, dans le contexte de cette évaluation, les raisons qui expliquent cette composition hétéroclite au niveau des alliances politiques gouvernementales -et qui, en vérité, était très difficile à l’expliquer au début-, mais il confirme en même temps que la définition des alliances politiques dans l’avenir, en conformité avec notre idéologie social-démocrate et notre ligne politique, devient une mission de principe essentielle qu’on ne peut, sous aucun prétexte, ni la sous-estimer encore moins la contourner. Il n’est pas permis de se tromper une autre fois quant à ses répercussions sur la conscience collective et sur les missions de clivage des forces politiques d’une manière objective et compréhensible.
Conscient que les partis politiques indépendants sont seuls à même de mobiliser le peuple pour accomplir la mission démocratique, le Congrès confirme que l’indépendance de la décision du parti aujourd’hui et demain est une constante dans l’action politique et militante, et dans la présence sur le terrain pour rester fidèle à son identité.
Le Congrès confirme également que l’USFP est conscient de l’action dans le domaine culturel qui devient de plus en plus une nécessité stratégique, d’autant plus que des prémisses poussent notre société à l’époque de la décadence, de la stagnation, du repli sur soi, et de la répression de la pensée, de l’imagination et de la création.
Le Congrès confirme, par ailleurs, que la mission de s’opposer à l’instrumentalisation de la religion dans le champ politique est une mission qui incombe à toutes les élites culturelles et à tous les partis et les forces politiques, civiles, démocratiques et progressistes. C’est aussi une responsabilité de l’Etat à travers une gestion rationnelle et institutionnelle du champ religieux qui permet de produire un discours ouvert qui considère, contrairement aux appels de fanatisme et au repli sur soi, que la lecture éclairée de notre héritage religieux et civilisationnel, est une lecture vivement recommandée pour que notre religion tolérante soit un facteur de progrès, ce qui nous permet d’endiguer les dérapages des exégèses qui perturbent l’harmonie de la nation.
Le Congrès confirme que l’USFP est déterminé à jeter les ponts de communication créatrice -comme c’était le cas dans le passé- avec l’ensemble des intellectuels et des créateurs et avec tous les milieux de la production de la pensée, tout en insistant sur la relation dialectique entre la richesse de la pensée et la crédibilité de la pratique politique.
Conscient de son identité sociale profonde, le Congrès réaffirme l’intention de l’USFP de considérer la question sociale comme une priorité dans sa lutte quotidienne sur tous les fronts, tout en insistant sur l’unité de l’action syndicale comme un choix de principe en vue de préserver les acquis de la classe ouvrière marocaine et de répondre à ses aspirations à une vie décente.
En tant que Parti dont l’identité socialiste, l’expérience et les références instituent l’ouverture sur les compétences dans la société (jeunes, femmes et acteurs de la société civile), il exprime sa volonté et sa détermination de se replonger au cœur de l’action et l’encadrement social en s’appuyant sur une logique de complémentarité avec toutes les initiatives visant l’évolution et la modernisation de l’action sociale.   
Le Congrès réaffirme également la fierté des militantes et militants de cet exploit organisationnel grâce à l’instauration des mécanismes et des règles démocratiques pour l’élection de la direction du Parti, ce qui développe la culture de la transparence et fonde le leadership sur des bases démocratiques solides. Le Congrès exprime par ailleurs sa satisfaction des échos qu’a laissés la participation de toutes les composantes de la société à la discussion des programmes du Parti et ses choix à travers les médias. Il réaffirme en même temps que le succès de cette méthode est un signe de vitalité de l’USFP et de sa place dans la conscience collective, et signifie sa cohésion dans le cadre de la diversité des approches, des visions et des modes de mise en application des plateformes. Le Congrès considère que cette étape organisationnelle sera un prélude voire une motivation pour développer les structures du Parti aux niveaux régional, provincial, local et sectoriel, ce qui assure que les méthodes organisationnelles de l’USFP sont au même niveau que celles des autres partis sociaux-démocrates dans le monde.
Partant de tous ces pré-requis référentiels et de ces résultats, le IXème Congrès de l’USFP réaffirme les positions et les orientations suivantes.
Au niveau de l’intégrité territoriale
Le Congrès confirme, encore une fois que, plus le temps passe, plus notre conviction fait que le plan d’autonomie de nos provinces sahariennes demeure l’unique solution vers une issue politique rationnelle à même de mettre fin à ce conflit artificiel. Une solution qui garantit réellement les conditions  pour l’adhésion de toute la région aux efforts d’édification et de consolidation des potentialités institutionnelles et de négociations ; de même qu’elle peut favoriser la maturation de  l’action maghrébine commune dont le retard de concrétisation induit un coût depuis des années en termes économique, politique et humain.
Le Congrès souligne que cette solution est l’unique alternative pour barrer la route devant les tendances extrémistes qui s’alimentent aujourd’hui de ce qui se passe dans les pays du Sahel où convergent des  tendances ethnicistes et passéistes et celles de la  sécession et du terrorisme.
Nous exprimons notre ferme conviction quant à l’approche collective et participative  dans la gestion du dossier du Sahara marocain via l’intégration de tous les aspects politiques, sociaux, spatiaux et de développement  et qui demeure  l’approche escomptée pour parvenir  au plus haut niveau de mobilisation et faire échouer toutes les tentatives auxquelles recourent   les ennemis de notre intégrité territoriale. Le Congrès recommande  la tenue dans de brefs délais d’un colloque national sur cette question.
Au niveau politique en général, l’USFP souligne sa profonde préoccupation concernant tout ce qui est en relation avec l’opérationnalisation démocratique de la Constitution,  en perspective de la concrétisation matérielle de la Monarchie parlementaire  en tant que choix garantissant  une séparation claire des pouvoirs et permettant un équilibre et une complémentarité de son action tout en assurant une bonne marche de l’ensemble des institutions constitutionnelles.
Dans ce cadre, le Congrès considère que la mise en œuvre de la Constitution n’est  pas du ressort exclusif du gouvernement, mais c’est une affaire nationale par excellence. Tout en relevant avec inquiétude la confusion et le ralentissement de l’action gouvernementale concernant  l’opérationnalisation de la Loi suprême, il appelle à l’ouverture d’un dialogue national sur les questions et les outils énoncés dans la nouvelle  Constitution notamment l’amazighité, la parité et les droits économiques et sociaux. Il souligne que le mode d’opérationnalisation n’est pas moins important que le contenu de cette même  opérationnalisation.
L’USFP, en choisissant, en toute conscience et responsabilité l’opposition, en parfaite harmonie avec  les conclusions tirées de sa lecture des messages envoyés par les électeurs  lors des dernières élections législatives, considère que ce choix porte notamment sur le fait de lever toute ambiguïté dans les domaines politique et partisan et appelle le  Congrès à œuvrer avec sérieux et méthodologie afin de réunifier la famille ittihadie et les forces de gauche sur une base programmatique claire et une présence sur le terrain et une coordination réelle des positions et initiatives de nature à garantir réellement l’édification d’un pôle de gauche fort, influent et susceptible de peser sur les rapports de forces.
Au niveau des droits de l’Homme et des libertés, le Congrès exprime son inquiétude quant au retour systématique du gouvernement  aux anciennes pratiques pour contrecarrer toutes les formes d’expression et de protestation collective légitimes en contradiction avec les dispositions de l’Etat de droit et met en garde contre ces pratiques qui portent atteinte à l’image du pays et à sa crédibilité en matière des droits de l’Homme.
Au niveau économique et social, le Congrès estime  que l’USFP qui a consacré une bonne partie de son militantisme pour consolider les fondements de la démocratie politique et a consenti d’énormes sacrifices dans ce sens est appelé a donné, de plus en plus et de manière très claire,  à son identité socialiste et démocratique son contenu économique et social. Sur ce volet, le Congrès considère qu’il est temps que les couches populaires  et moyennes bénéficient des fruits du développement et trouvent dans nos programmes  économiques et sociaux ce qui répond à leurs aspirations pour une répartition équitable des richesses nationales.
Déterminer l’aspect socioéconomique de notre projet social-démocrate est devenu une priorité  qui s’impose dans nos agendas politiques.
Tout en soulignant la prolifération des poches de pauvreté et de précarité et leur résistance à la lutte menée pour les éradiquer  et en  attirant l’attention sur  la détérioration du pouvoir d’achat des classes moyennes et des catégories marginalisées dans les villes et les campagnes, le Congrès  confirme que les approches palliatives ont démontré leurs limites  et  qu’elles ne peuvent en aucun cas constituer une alternative aux politiques publiques  basées sur une vision et un programme de développement global  et complémentaire.
Le Congrès considère que l’élaboration de politiques publiques en harmonie avec la Constitution  qui a placé les droits économiques et sociaux au centre de ses dispositions constituera la garantie effective des aspirations des citoyens  et permettra d’instaurer la confiance en l’action publique concernant l’emploi, la santé, le logement, les services publics et la formation.
Le Congrès  relève la confusion et l’improvisation qui caractérisent les programmes du gouvernement dans ce cadre, comme cela a été le cas pour la réforme de la Caisse de compensation où l’actuel Exécutif a opté pour un mode de résolution qui hypothèque les exigences de la cohésion sociale au profit d’une vision étriquée rappelant les années du Programme d’ajustement structurel (PAS).
Le Congrès met également en garde contre les risques du recourt à un endettement excessif devant déboucher sur un contrôle par des institutions financières internationales du circuit économique, de l’orientation des données conjoncturelles et  des décisions économiques et souveraines.
Le Congrès confirme sa position quant à la justice fiscale, appelant à une réforme urgente du système fiscal, ce qui garantit l’égalité dans les charges et les contributions entre les producteurs et les opérateurs économiques. Ce qui devrait transférer une partie des charges aux catégories aisées qui ont bénéficié de longues années durant de privilèges et d’exonérations fiscales ayant trop duré et qu’il est temps de revoir conformément aux exigences de développement.   
Le Congrès appelle à ce qu’il soit accordé au dossier des Marocains résidant à l’étranger tout l’intérêt qu’il mérite. Et ce, du fait du rôle primordial qu’ils jouent aujourd’hui dans la défense des causes nationales auprès des pays d’accueil, d’une part,  et d’autre part, de l’action qu’ils entreprennent dans des conditions difficiles afin de défendre les intérêts et la réputation de notre pays. Les ressortissants marocains prouvent chaque jour, de façon concrète, leur attachement au pays d’origine, ce qui nécessite que leurs affaires juridique, économique, sociale et culturelle soient au cœur des politiques et des programmes gouvernementaux.
Au niveau international
Le Congrès exprime son entière solidarité avec le militantisme des peuples arabes pour la liberté, la justice et la dignité, de même qu’il est contre le despotisme qui instrumentalise la religion à des fins politiques, à l’instar de ce qui se produit actuellement dans plusieurs pays arabes.
Le Congrès dénonce le massacre dont est victime le peuple syrien frère, et exprime son refus de transformer la Syrie  en numéro ou jouet dans des équations régionales qui menacent l’unité et l’entité de ce pays, ce qui présage d’une sédition dont les répercussions restent imprévisibles avec des effets sur toute la région.  
Le Congrès exprime son soutien absolu au peuple palestinien pour ses causes nationales légitimes, avec en premier l’établissement d’un Etat indépendant avec comme capitale Al Qods. Aussi, le Congrès tient-il à adresser les félicitations des militants et militantes usfpéistes au peuple palestinien et à ses forces éprises de liberté pour l’acquis international au niveau de l’ONU, de même qu’il dénonce la politique sioniste de colonisation dans les territoires palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
Le Congrès confirme la détermination de l’USFP à œuvrer côte à côte avec l’ensemble des forces de progrès et de liberté pour la défense des causes justes, celles de liberté, de démocratie, de sécurité et de paix.


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1.Posté par LE LOUREC le 21/12/2012 08:02
A propos des risques de l'endettement excessif devant déboucher par un contrôle des institutions internationales du circuit économique lire : "L'EMPIRE DE LA HONTE " de Jean ZIEGLER éditions FAYARD

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