Claude Senouf dévoile «Trace, ombre et signe» à la BNRM


Samedi 28 Mai 2016

«Trace, ombre, signe» est le thème que l’artiste-peintre marocain Claude Senouf a choisi pour sa dernière série d’œuvres qu’il expose actuellement à la Bibliothèque nationale du Royaume de Rabat. Le programme de cette exposition, dont le vernissage a eu lieu le 19 mai courant, comporte aussi une présentation d’une vingtaine d’œuvres de jeunes talents issus de l’Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques et la projection du film «Retour à Oujda» de Charlotte Szlocack.
Claude Senouf fait preuve d’une conception faite d'exigence et d'honnêteté foncière, mais aussi d'instinct immédiat, de rêve fugace et de poésie impalpable. Et ces deux aspects s'harmonisent pour s'incarner littéralement dans la matière, le pigment, le trait et la lumière. Dans les œuvres qu’il expose à la BNRM, il y a une sorte d’affinité spirituelle profonde avec son vécu. C’est une approche symbolique inédite qui rend un hommage sans cesse vivant au savoir-faire moderne préoccupé par la volonté minimaliste d’exprimer le maximum par le minimum et de mettre en valeur la profondeur du lieu d’appartenance. Et l’on peut avancer qu'une telle pratique n'a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu'esthétique, de réhabilitation des notions d'identification et de reconnaissance. C'est là d'ailleurs la grande force de la forme constante de cet artiste, qui n'appelle pas à contestation interprétative.
Claude Senouf voulait retrouver, par une sorte de dérive maîtrisée, un monde de totems surdéterminé par l’effort de l’imaginaire et habité de fantasmes originaires. Le bonheur quotidien du culte de la mer et de la terre rouge qui ressurgissent constamment pour rappeler par une sorte de fièvre soudaine explosant au milieu de plages de calme une hâte d’exister par laquelle la modernité vient séjourner au milieu de la tradition», indiquait à ce propos le philosophe et le sociologue français George Lapassade. Il s’agit ici d’une sorte de quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat-jaillissement d’une palette si riche. Cette logique esthétique transpose une âme d’artiste raffinée et emplie de verdure pour une envolée dans les cieux de l’imaginaire.
En marge de cette exposition, le film «Retour à Oujda» de Charlotte Szlocack sera projeté le 30 mai. C'est un ancien film en version restaurée tourné en 1986, diffusé en 1987 sur «La Sept- Fr 3 Océaniques» (préfiguration d'Arte au siècle dernier), qui parle d'un temps révolu, qu'il serait important de rappeler à l'époque que nous vivons. Il s’agit d’un voyage de retour, 30 ans après leur départ au moment de l’Indépendance, d’un groupe de l’ancienne communauté juive d’Oujda, au Maroc oriental. Retour dans la mémoire des lieux et des traditions, ce film rend compte des liens qui existaient entre juifs marocains ou d'origine algérienne et leurs anciens concitoyens musulmans, avec lesquels ils partageaient, entre autres choses, une langue, des modes de vie et des saints polyvalents.


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