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Ciel, mon économie ! Une croissance de 4% en 2017 revue à la baisse pour 2018 par le HCP

Le Maroc dispose d’un important potentiel de diversification de ses produits, mais la qualification de ses ressources humaines pose problème, selon Ahmed Lahlimi

Vendredi 12 Janvier 2018

La situation de l’économie nationale de 2017 et ses perspectives ont été au centre d’une conférence organisée, mercredi soir, par le Haut-commissariat au plan, en présence de son patron, Ahmed Lahlimi.
Revues à la hausse en juillet dernier, les prévisions du HCP se sont avérées fondées. L’économie nationale dépend du secteur agricole, mais également de la situation internationale. Cette dépendance est plus que jamais d’actualité. 
Alors qu’en 2016, la croissance n’avait jamais été aussi faible depuis 2006, atteignant 1,6% à cause de la sécheresse et de la conjoncture économique internationale, elle aura connu en 2017, un regain de forme à hauteur de 4% et devrait être de 2,8% en 2018. Un résultat qui consolide le lien étroit unissant la croissance économique non seulement au secteur agricole mais aussi à la situation internationale. Car cette dernière est elle aussi marquée par une augmentation de 3,6% et une expansion du commerce mondial à 4,2%. 
Le Royaume entame ainsi les 12 prochains mois avec plusieurs indicateurs au vert. D’une part, la demande extérieure qui lui est adressée connaît une hausse de 4% en 2017, contre 2,4% un an auparavant alors que nombre d’indicateurs économiques sont en légère augmentation. 
Citons tout d’abord la vigueur des collectes fiscales combinée au ralentissement des dépenses budgétaires de fonctionnement et d’investissement qui ont permis de limiter le déficit budgétaire à 3,5% du PIB en 2017. 
L’endettement global s’est quant à lui caractérisé par une stabilité à hauteur de 81% du PIB. Un taux qui incite à la vigilance car la part de cet endettement liée aux établissements publics est en nette  augmentation. 
Même si le déficit du compte courant extérieur est limité à 4,4% du PIB, celui de la balance commerciale s’accentue de 18 % en 2017. Pour cause : les besoins continus en importations des matières premières, des semi-produits et des biens de consommation et d’équipement associés à la hausse des cours du pétrole.
En générant 14% du PIB, le secteur agricole a l’habitude de souffler le chaud et le froid sur la croissance économique du Royaume. En filigrane, cette situation dénote d’une dépendance aux aléas climatiques et notamment à la pluviométrie, pointant le caractère aléatoire des prévisions. La sécheresse qui a plombé la croissance économique en 2016, en est la preuve. Heureusement l’année dernière fut florissante pour la croissance du secteur agricole, puisqu’elle a enregistré une amélioration tendancielle grâce à une pluviométrie répartie de manière équilibrée dans le temps et l’espace. «Une reprise remarquable » mais qui a, comme l’a souligné Ahmed Lahlimi, généré des  préoccupations inhérentes aux taux de remplissage des barrages qui est passé de 71,2% il y a 4 ans à 35% en 2017. Idem pour le taux d’activité en milieu rural qui est passé de 63% en 1999 à 52,3% en 2017, pénalisant ainsi les capacités de modernisation des exploitations et la diversification des activités de production et des services dans le monde rural. 
Ces données combinées à la baisse (1%) de la valeur ajoutée de la pêche maritime, ont impacté le secteur primaire qui a, dans sa globalité, progressé de 13,6% en 2017, dépassant le taux de 11,3% enregistré en 2016. Sa contribution à la croissance du PIB serait de 1,6 point en 2017 contre 1,4 point un an auparavant.
Dans l’ombre des activités dites classiques, de nouveaux métiers ont vu le jour, à savoir les secteurs automobile et aéronautique. D’où le fait que le secteur non agricole, ne cesse de creuser le sillon de sa croissance avec constance. Il a atteint les 2,7% en 2017 et les prévisions tablent sur 3% en 2018. Expliquer une telle situation passe forcément par la mise en lumière du rôle des phosphates. Qu’ils soient exportés à l’état brut ou sous forme de dérivés chimiques et parachimiques, ils jouent un rôle essentiel dans la croissance du secteur non agricole. 
Outre le dynamisme généré par l’ouverture de l’OCP sur le continent africain et l’augmentation de la demande agricole mondiale, le statut des phosphates a été renforcé par le quasi-monopole dont jouit le Maroc au niveau international après le retrait de la Chine. 
Autres niches de la croissance enregistrée dans ce secteur, celle de l’industrie manufacturière qui a cru  à hauteur de 2%, avec une contribution à la croissance du PIB de 0,3 point, mais encore, une reprise essentiellement technique de l’agroalimentaire à 2,6%.   
Par contre, une croissance négative (-2,4%) a régné sur les industries électroniques, mécaniques, électriques et métallurgiques. De plus, la production du secteur automobile a stagné alors que ses exportations sont à la peine et sont rattrapées par une croissance au ralenti. 
Les services de l’éducation et de la santé, contribuant à 11% de la valeur ajoutée du secteur non agricole, ont connu une étonnante baisse de -1,4%, aux antipodes de la hausse de 2,5% enregistrée l’année précédente. En cause, les coupes budgétaires opérées sur le fonctionnement des départements concernés.
Mais si le BTP a stagné conséquemment au repli persistant des transactions immobilières et du ralentissement des travaux, le secteur touristique est quant à lui en grande forme. Il a retrouvé une croissance de 8,4%, symbole d’un regain de réactivité par rapport à l’amélioration de la situation sur les marchés européens en particulier. 
Concernant les activités du tertiaire, Ahmed Lahlimi a fait remarquer que celles-ci ont maintenu un rythme de croissance de 2,7% en 2017.  Néanmoins, ce taux est inférieur à la moyenne de 3,4%, qui a caractérisé la période 2010-2016. La contribution de ce secteur à la croissance du PIB a ainsi  été maintenue à 1,3 point en 2017.
De ce fait, les services marchands ont enregistré une croissance de 3% mue par la dynamique des activités du commerce, du tourisme et des services rendus aux entreprises. A contrario, les services non marchands ont été impactés par un rythme de croissance timide ne dépassant pas les 1.4%.
Pour sa part, la demande intérieure a fortement contribué à la décélération de la croissance du PIB pour atteindre 3,6 points contre 5,9 points en 2016. Majoritairement liée aux composantes de la demande, elle a connu un repli de son rythme de croissance qui est passé de 5,5% en 2016 à 3,2% en 2017.
2,5 points, telle est la contribution à la croissance de la consommation finale nationale qui a été caractérisée par une hausse de 3,2% en volume au lieu de 3,1% en 2016. En atteignant 3,2% en 2017, l’investissement brut a, quant à lui, contribué de 1,1 point à la croissance contre 3.6 points en 2016.
L’impératif catégorique pour notre pays est de relever le contenu technologique de ses produits classiques et de valoriser le potentiel latent de nouveaux produits dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et des services à haute valeur ajoutée.
A noter, par ailleurs, que le Haut-commissaire au plan a rappelé que l’étude sur l’espace produit et la complexité économique menée par le HCP montre que le Maroc dispose d’un potentiel de diversification de 600 nouveaux produits répartis entre l’agriculture, l’industrie chimique, la fabrication de machines d’équipement, le textile, la métallurgie ou encore l’industrie du caoutchouc et plastique. Ce qui l’a amené à poser la question brûlante et mainte fois réitérée, de la qualification des ressources humaines et, partant, celle de la réforme des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle.
«C’est une question fondamentale qui dépasse en toute logique la compétence d’un ou deux départements ou d’une ou plusieurs institutions publiques ou privées», a-t-il affirmé. Elle doit néanmoins être solutionnée dans les meilleurs délais pour permettre à la croissance de prendre sa véritable vitesse de croisière.
 

Chady Chaabi

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