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Cette année-là…


Mohamed Jaouad Kanabi
Samedi 7 Mars 2015

Cette année-là…
La discrimination sexiste à bien des domaines, ne datant pas d’hier au niveau universel, celle du sport ici-bled, nourrie par des stéréotypes tout de tabous, n’en devient que beaucoup plus cacophonique. Même les légendes de quelques héroïnes du gotha  mondial de l’athlétisme (courses) dont on ose à peine déranger le pluriel (Hassania Darrami, Fatima El Faquir, feue Fatima Aouam Nawal El-Moutawakil, Nezha Bidouane, Ouaziz …), ne sont jamais parvenues à en venir à bout. 
Pourtant, quand le 8 août 1984, toute une nation s’était privée de sommeil, accrochée en cela aux éventualités d’un podium et d’une médaille olympique aux 400 mètres haies que Nawal d’un talent pur avait convertie en or, tous les espoirs étaient permis. Les présages d’un avenir certain pour le sport marocain en général et de ces dames en particulier se dessinaient d’autant plus que les fastes de l’accueil et du témoignage Royal de Feu Hassan II au retour de nos athlètes des JO de Los Angeles avaient été grandioses.
Les prouesses dans la foulée de la défunte Aouam et de Bidouane ont laissé même entrevoir quelques incidences positives, signes des encouragements au plus haut niveau de la nation. De ces distinctions, on eut vite fait de mettre la main dans la poche et l’athlétisme, autre discipline avec le football qui cultivait quelques satisfactions, en bénéficia en premier lieu en devenant le sport numéro deux de la place. Du coup, il n’y eut plus de secret pour aucun Marocain. Notre concitoyenne s’essaya à jogger et même si ce n’était que le dimanche, on se disait que notre sport féminin allait enfin décoller.
Une trentaine d’années après l’exploit de notre Nawal nationale et au regard d’un état des lieux peu reluisant, force est de constater qu’on baigne dans le marasme. Le sport au féminin, mis à part l’athlétisme, le golf et à un degré moindre le tennis, reste dans l’ombre et se complairait même dans son misérabilisme si l’on peut apprêter l’expression.
Bien des disciplines, sports de combat, cyclisme, natation et autres sports collectifs, sont délaissés à leur propre sort, sacrifiés sur l’autel d’une jeunesse sans lendemain. Le football féminin d’exemple à y regarder de près n’arrive même pas à préserver sa raison d’être, celles qui font le spectacle, joueuses, formatrices, encadrantes, techniciennes. Ces dernières attirées par les pétrodollars s’expatrient au bonheur des pays du Golfe dans une fuite effrénée de crampons et de cerveaux.
Quant à celles qui choisissent de rester, c’est le martyre à chacune de leur sortie, même quand elles portent les couleurs de clubs qui, conjugués au masculin, sont les plus prestigieux du pays, voire du continent. A espérance d’avenir, futur sacrifié et incertain. Au meilleur des cas, nos joueuses vivoteront, leur triste destin de primes insignifiantes. Nos footballeuses souvent s’y perdent à toucher à leur jeu, au regard des dommages collatéraux subis, temps, vie de famille, études…
Sur le papier, la pratique du sport au Maroc pour la gente féminine relèverait presque de l’idéal à entendre quelques-uns de nos responsables. Mais en réalité, c’est un véritable parcours du combattant qu’elles se doivent de livrer. Rares sont celles qui arrivent à leur fin et quand c’est le cas, elles ne le doivent qu’à elles-mêmes. Ceux censés les accompagner ne sont là généralement que pour se pavaner. 
Feue Fatima Aouam avait de son vivant bataillé pour impliquer la femme pratiquante dans la gestion du sport. Nawal El-Moutawakil étant hors concours dans ce contexte, dur de prendre acte qu’aucune relève ne pointe à l’horizon par ces temps qui courent, et ce moins vite que nos gazelles à leur époque. Vague souvenir que cette commission féminine ‘’Femme et sport’’ créée tout au début de ce millénaire par le CNOM, histoire d’établir une égalité dans la pratique et la gestion du sport. Qu’en-est-elle devenue ?
L’épanouissement et le bien-être par le sport pour nos concitoyennes et même si, à quelques exceptions près,  on arrive à en percevoir quelques prémices, reste un lointain cap.  La Marocaine, consciente des difficultés rencontrées et avant d’atteindre l’émancipation certaine, devra, pour ce faire, se taper un sacré bout de chemin. Aux douze travaux d’Hercules durs et agressifs qui les attendent,  nos femmes devront, pour combattre l’esprit phallocratique, proposer leur propre dynamique, l’agilité qu’elles maîtrisent à l’excellence.
Bon courage ! 


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