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C’est fou ! Des personnes atteintes de maladies mentales raflées et larguées à Tiznit


Hassan Bentaleb
Samedi 8 Juin 2019

Tiznit s’est-elle transformée en hôpital psychiatrique à ciel ouvert ? C’est ce que laissent penser les dizaines de personnes souffrant de troubles psychiatriques qui ont récemment débarqué dans la cité en provenance d’autres villes du pays. Elles y sont arrivées par autocars avant d’être dispersées dans la ville et laissées pour compte.
« Cette situation perdure depuis près de deux mois et pas plus tard que la semaine dernière, deux autocars ont ramené d’autres personnes », nous a indiqué Lahasan Elaâzaoui, acteur associatif natif de la ville. Et de poursuivre : « Mais, personne ne sait d’où viennent ces autocars ni les parties qui sont derrière ces transferts. D’aucuns ont désigné Agadir comme ville de provenance de ces personnes mais on n’en est pas sûrs».
 Nouh Aarab, secrétaire général de la section de l’USFP à Tiznit et conseiller municipal, nous a précisé  que le nombre de ces personnes se monte à 26 individus souffrant de troubles psychiatriques qui ont été transportés par autocars depuis plusieurs villes du Maroc. « Ces arrivées suscitent beaucoup d’interrogations. D’abord, pourquoi le choix de notre ville ? Qui a fait pareil choix sans avoir  consulté préalablement les autorités locales?», s’est-il demandé. Et de poursuivre : « Cette situation suscite également des inquiétudes puisque ces personnes sont livrées à elles-mêmes et représentent un vrai danger pour la population locale».     
Une évaluation que partage Lahasan Elaâzaoui qui nous a indiqué que ces personnes dorment dans les artères et les boulevards de la ville et se nourrissent des restes de nourriture jetés dans les poubelles. « Elles sont sales et mal vêtues et passent leurs journées à mendier ou à agresser les passants», nous a-t-il déclaré.
Des propos confirmés par Nouh Aarab qui nous a précisé que le nombre d’agressions a beaucoup augmenté. « Ces personnes se comportent avec violence. Dernièrement, nous avons enregistré des cas de vol de vélo, de tentative d’attaque d’une boutique et de harcèlement sexuel commis par ces personnes».
Du côté des autorités centrales, c’est silence radio. Le ministre de l’Intérieur n’a pas jugé utile d’informer la population sur ce dossier alors qu’une question écrite lui a été adressée en avril dernier par le Groupe socialiste à la Chambre des représentants.  
Même le gouverneur de la ville prétend ne pas être informé alors que ces personnes sont amenées contre leur gré puisqu’elles arrivent en ville en autocars et menottées. « Lors d’une réunion avec ce dernier, il nous a déclaré qu’il n’était pas au courant avant d’affirmer qu’il a contacté les responsables des villes émettrices pour qu’ils mettent fin à leurs actions », nous a confié ledit conseiller municipal tout en précisant que l’opération de renvoi de ces personnes vers leurs villes d’origine a commencé. « 10 personnes ont déjà été renvoyées. Quatre d’entre elles ont été admises  à l’hôpital et le reste se trouve en attente de transfert ».  Une situation des plus absurdes puisque ces personnes atteintes de troubles mentaux ont droit à un traitement et à des soins de bonne qualité dispensés par des services de soins de santé compétents. Elles doivent être protégées de toute forme de discrimination et de tout traitement inhumain, conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, le Maroc en tant que pays signataire des conventions internationales sur les droits de l’Homme, a l’obligation de garantir le respect, la protection et le plein exercice des droits qui y sont intégrés. Tel est le cas de l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui stipule que tous les individus, y compris ceux atteints de troubles mentaux, doivent être protégés contre tout traitement ou peine cruels, inhumains ou dégradants, et ne doivent pas être soumis à une expérimentation médicale ou scientifique sans leur consentement éclairé. L’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels garantit également à chacun, notamment aux personnes atteintes de troubles mentaux, le droit de jouir d’un niveau de santé physique et mentale le plus élevé possible.
La situation de ces personnes rappelle également les énormes déficits et dysfonctionnements enregistrés au niveau de la santé mentale dans notre pays. Selon des données du ministère de la Santé, rapportées par le site LesEco.ma, le Maroc compte actuellement 34 structures de soins psychiatriques et addictologiques réparties dans les différents réseaux d’établissements de santé (réseau hospitalier, réseau de soins de santé primaires et réseau d’établissements médico-sociaux). Ces structures totalisent une capacité litière de 2.209 lits, soit une densité de 0,65 lit par 10.000 habitants. Ces lits psychiatriques sont inégalement répartis entre les régions et entre les hôpitaux psychiatriques, les services psychiatriques et les structures psychiatriques relevant du CHU. Tel est le cas des deux régions de Dakhla-Oued Eddahab et de Guelmim-Oued Noun qui ne disposent pas encore de structures hospitalières psychiatriques ou addictologiques.
Quant aux ressources humaines, elles restent insuffisantes et leur répartition est aussi inéquitable : 60% sont localisées au niveau de l’axe Casablanca- Kénitra.
« Nous avons beaucoup insisté sur une approche humaniste de cette question puisque nous estimons qu’il s’agit de personnes malades qui ont des droits qu’il faut respecter. Il est insensé de laisser ces personnes croupir dans des conditions d’hygiène déplorables et sans leur apporter les soins nécessaires », a conclu Nouh Aarab. 


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1.Posté par Ouatik amina le 09/06/2019 06:50 (depuis mobile)
صديقي وأخي نوح اناجد فخورة بك و بقدراتك وغيرتك على
مدينة تزنيت الحبيبة لن نقبل ولن نقبلا بدا مايحصل في مدينتنا الحبيبة انها دائما نقية و خالية من مثل هذه الوارث انها ليست مستشفى المجانين أو بويا عمر انها دائما شامخة وهادئة

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