“Braquage à l’ancienne” Les papys font de la résistance


Une histoire pleine d'humour, de tendresse, d'émotion et de nostalgie

Libé
Samedi 29 Juillet 2017

Avec un trio de stars vieillissantes, Zach Braff réalise un «feel-good movie» social et tendre, mais qui ne convainc que la moitié des spécialistes du cinéma


Ils sont presque octogénaires, amis depuis cinquante ans, balancent des blagues d'ados en regardant la version américaine de «L'amour est dans le pré» et mangent au même snack depuis des lustres. Le jour où leurs modestes pensions de retraite sont suspendues, ils ont une idée folle: puisque «les banques ont ruiné le pays», ils décident de braquer celle qui menace de les mettre à la rue.  Si le butin est plus important, ils donneront le reste à des œuvres de charité. Mais on ne s'improvise pas braqueurs à leur âge avancé. Ils font appel à un professionnel qui leur donne des conseils avisés...
Dans «Braquage à l’ancienne» de Zach Braff, remake d'un film de 1979 (The Full Monty de Martin Brest), l'Amérique ressemble à l'Angleterre de Ken Loach: comme si Daniel Blake reprenait du poil de la bête en commettant un hold-up avec deux copains dans la même mouise que lui. Zach Braff, venu du cinéma indépendant et des séries télé, filme gaillardement les tribulations de ces pépés vivifiés par la délinquance. Le grand âge apporte un décalage savoureux aux préparatifs des braqueurs néophytes et aux scènes d'action, dont une fuite en caddie de supermarché...
Le sel de cette comédie sociale vient aussi de ses dialogues qui stigmatisent une Amérique de plus en plus ingrate avec sa classe ouvrière. Et, évidemment, de son casting, millésimé mais frais. Entourés de seconds rôles (Ann-Margret et Christopher Lloyd) qui ont bien traversé le temps, Alan Arkin et Morgan Freeman s'amusent comme des gamins. Cerveau du trio, Michael Caine porte, lui, une casquette en tweed qui rappelle sa légende et ses origines cockney... 
Si le film, selon la critique, ne repose pas sur ce seul comique de situation mais se veut aussi social, le long-métrage de Zach Braff n'a convaincu que la moitié de la critique. Et ce malgré un trio de stars en état de grâce. Pour le quotidien français  La Croix, «l'abattage des acteurs ne compense pas la forme rhumatisante de cette comédie sociale». Bien que le film présente les retraités américains comme des «victimes oubliées de la crise financière et de la désindustrialisation», la satire est trop sage et semble tournée «avec un déambulateur». Le Monde nourrit les mêmes regrets, et dénonce «l'exemple même de ce que l'on appelle un feel-good movie», soit «un objet paresseux qui aurait eu besoin de davantage d'idées et d'insolence et, surtout, d'un rythme plus enlevé». Pour le quotidien, Zach Braff spécule trop sur le talent de ses «excellents comédiens» et leur impose des «gags poussifs et vieillots».
Au contraire, le magazine Télérama s'avoue séduit par le «décalage savoureux» offert par ces «pépés vivifiés par la délinquance». Surtout, le magazine apprécie la dimension sociale du film, qui présente l'Amérique comme «l'Angleterre de Ken Loach», de plus en plus «ingrate avec sa classe ouvrière». Même son de cloche pour Première, qui donne 3 étoiles sur 5 à un «feel-good movie intergénérationnel qui, sous couvert d'humour, fait passer un message ouvertement politique». Le mensuel ciné salue «la revanche des sans dents se rebellant contre une machine capitaliste qui les fait plier un peu plus chaque jour», ainsi que l'attachement, même un brin naïf, du réalisateur pour ses personnages. A l'image des deux premiers longs-métrages de Zach Braff, Braquage à l'ancienne est une «dramédie» efficace, mêlant dialogues bien sentis, situations absurdes et morale humaniste.
Le Journal Du Dimanche, qui a également apprécié la complicité de ces papys qui font de la résistance, va dans le même sens. «Impossible de résister à l'histoire pleine d'humour, de tendresse, d'émotion et de nostalgie». Le quotidien 20 minutes, emballé par ce mélange des genres («comédies de mœurs, polar à suspense et gentil brûlot anticapitaliste»), met l'accent sur le «trio de séniors au charme ravageur». C'est aussi l'angle de L'Obs et du Parisien («Jubilatoire», titre le quotidien), qui ont surtout été ravis de retrouver à l'écran le duo Morgan Freeman / Michael Caine, des «légendes du cinéma américain». Même avec 82 ans de moyenne d'âge.


 


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